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Hockey: la Suisse sera bientôt champion du monde

Switzerland's Headcoach Patrick Fischer is disapointed during the Ice Hockey World Championship final match between Switzerland and Czech Republic in Prague at the O2 Arena, Czech Republic, on Su ...
La grande déception des Suisses, dimanche, en dit long sur les exigences de notre équipe nationale.Image: keystone
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La question n'est pas de savoir si nous serons champions, mais quand

La troisième défaite en finale d'un Mondial, dimanche contre la Tchéquie (0-2), est la plus amère de toutes. Les joueurs suisses l'ont très mal vécue et c'est bon signe.
27.05.2024, 11:4706.06.2024, 10:51
klaus zaugg, prague
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Il y a encore 15 ans, personne n'imaginait que la Suisse puisse remporter une médaille à un Championnat du monde. Il s'agissait d'un rêve inaccessible et lointain pour notre équipe nationale. Et voilà que ce rêve se réalise pour la troisième fois après 2013 et 2018! Pourtant, personne n'exulte.

Sur les visages des Helvètes, dimanche après la défaite contre la Tchéquie, on a lu beaucoup de tristesse et c'est normal: tout le monde était d'accord sur le fait que ce 0-2 contre le pays organisateur du tournoi est plus amer que le 2-3 après penalty de 2018 et que le 1-5 contre la Suède en 2013.

En 2013, les Suisses avaient passé les différents tours dans un état de transe, jusqu'à atteindre la finale. La qualification pour le dernier match de 2018 semblait également tenir du miracle et, tout au fond de l'âme des hockeyeurs, personne ou presque n'avait cru au titre mondial, que ce soit en 2013 ou en 2018.

Mais cette année, la situation était différente. Car la Suisse avait tout simplement la meilleure équipe de son histoire récente au Mondial. Celle-ci s'est améliorée au fil des matchs, jusqu'à atteindre son meilleur niveau en demi-finale contre le Canada et en finale contre la République tchèque. En 2024, à Prague, les Suisses ont cru pour la première fois en leurs chances. Et ont joué de façon à ce que le rêve puisse devenir réalité. Ils étaient mûrs pour le titre de champion du monde. D'où l'immense déception née de la défaite.

Bilder Eishockey WM, Josi, Fischer, Genoni
Patrick Fischer après la défaite en finale.Image: watson/klaus zaugg

Roman Josi, qui a joué un rôle clé dans les trois finales et qui n'avait jamais été aussi bon qu'à Prague, était au bord des larmes après la sirène finale. Il a d'ailleurs reconnu que cette défaite lui faisait particulièrement mal.

«Parce que nous étions si près du but»

Lorsqu'on a demandé à Leonardo Genoni s'il n'avait pas une raison d'être fier de sa performance, il a semblé irrité par la question. Comme si défaite et fierté n'allaient pas ensemble.

«Pour l'instant, il faut digérer cette défaite. Peut-être que plus tard, en regardant en arrière, il y aura une certaine satisfaction»
Leonardo Genoni
Bilder Eishockey WM, Josi, Fischer, Genoni
Image: watson/klaus zaugg

L'entraîneur national Patrick Fischer a désormais perdu trois finales. D'abord en tant qu'assistant de Sean Simpson (2013), puis comme entraîneur en chef (2018 et 2024). D'un côté, il est fier de son équipe, de sa cohésion et de ce qui a été accompli lors de ce tournoi. Mais chez lui aussi, la déception est profonde.

Il a pourtant des raisons de se réjouir. Car une seule participation à une finale de Mondial peut être un hasard. Un miracle, en tout cas. Un événement unique. Impossible à répéter. Deux finales peuvent être liées à beaucoup de chance. Des coups de pouce du destin, des circonstances heureuses. Mais trois finales ne sont dues ni au hasard, ni à des circonstances heureuses. Trois finales relèvent certes du miracle par rapport à notre potentiel limité, mais un miracle avec un système et une structure.

La question n'est désormais pas de savoir si, mais quand nous allons devenir champions du monde.

Notre culture du hockey est désormais si solide qu'avec un peu de chance (sans la faveur des dieux du hockey, personne ne devient champion du monde), nous pourrons à nouveau avoir un effectif aussi redoutable dans les années à venir.

Rappelons quand même qu'en l'espace de 30 ans, une équipe nationale de deuxième classe (nous étions encore en championnat du monde B en 1997) est devenue triple finaliste du Championnat du monde et que les meilleurs Suisses ont conquis la NHL. Sans compter que nous ne sommes pas devenus finalistes pour la troisième fois en nous inspirant des préceptes canadiens ou suédois; nous le sommes devenus avec une tactique et une philosophie fédérales, façonnées, développées et mises en œuvre depuis 2015 par le non-conformiste Patrick Fischer.

La suffisance et l'arrogance qui vont souvent de pair avec l'argent et la célébrité, et qui conduisent à de douloureux échecs, ne sont même pas un problème pour notre équipe de Suisse: personne ne gagne plus d'un million dans notre championnat et ceux qui ont réussi en NHL y sont soumis à une concurrence si rude qu'il n'est pas possible de faire preuve d'arrogance.

Même avec un revenu annuel de près de dix millions de dollars, Roman Josi est resté modeste et aimable comme en 2010, lorsqu'il est parti pour son aventure nord-américaine.

Notre culture du hockey est également marquée par de nombreuses querelles entre la fédération et la ligue, entre le sport et le business, entre l'intérêt général et l'égoïsme des clubs. Mais puisque nous connaissons aussi l'art du compromis dans le hockey (on tend d'ailleurs la main après chaque match pour se réconcilier), toutes ces querelles créent l'agitation nécessaire à l'évolution.

Après la troisième défaite en finale, notre hockey est d'autant plus en mission pour le titre mondial. Malgré tous les doutes, les perspectives sont bonnes. Qui aurait pensé, après la finale perdue en 2018 contre la Suède, que nous aurions dorénavant plus de succès que notre adversaire? Depuis 2018, la Suède n'a gagné qu'une seule demi-finale (2024), a manqué une fois les quarts et n'a remporté qu'une médaille de bronze (2024). Nous n'avons jamais manqué les quarts de finale et avons maintenant remporté l'argent. D'où ce constat qui ne souffre d'aucune discussion:

Nous sommes devenus meilleurs que les Suédois.

La National League a atteint un nouveau record de spectateurs cette saison, et nos clubs ont remporté les deux tournois internationaux (Davos s'est imposé à la Coupe Spengler et Servette en Ligue des champions). L'argent décroché par la Nati au Mondial ne fait que renforcer l'impression selon laquelle la Suisse est arrivée au sommet du monde du hockey pour y rester.

Traduit et adapté par jcz

La greffe de tête bientôt possible?
Video: watson
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