Les pochettes-surprises sont remplies de camelote bon marché. Du coup, la comparaison n'est pas parfaite. Parce que le Lausanne HC est, certes, une pochette-surprise du hockey, mais avec un contenu très cher.
Le charismatique et imprévisible Petr Svoboda, big boss du LHC, est le Christian Constantin du hockey. A la différence près que, contrairement à Constantin au FC Sion, le Tchèque dilapide l'argent des autres. Lausanne est le seul club de National League en mains étrangères, avec comme actionnaire majoritaire le Russo-Helvetico-Américain Gregory Finger.
Depuis que Petr Svoboda a pris les commandes au printemps 2020, un directeur sportif, deux entraîneurs et douze joueurs ont été libérés de leurs contrats encore valables. D'après une déclaration de Svoboda dans 24 Heures, 40 millions ont été investis pendant cette période. Mais l'équipe n'a jamais fait mieux qu'un quart de finale.
Aucun autre club n'a dépensé autant d'argent au cours des deux dernières années. Et pourtant, Lausanne n'est pas meilleur qu'en 2020. L'équipe tient la route grâce à son romantisme dans le vestiaire et au plaisir des joueurs sur la glace. Mais nulle part ailleurs en Suisse, on ne paie autant en exigeant si peu de performances. Et cette équipe n'est peut-être même pas assez forte pour être championne.
Mais elle est suffisamment bonne pour offrir un spectacle très alléchant. Le problème: comme dans une pochette-surprise, on ne sait jamais ce qui va sortir sur la glace. Et chaque jour, on doit s'attendre à une nouvelle décision importante, concernant le personnel du club, dans le bureau de Petr Svoboda. Autrement dit, un mélange explosif se cache dans cette pochette-surprise.
Ce constat concerne notamment le poste – si important – de gardien. Tobias Stephan et Ivars Punnenovs (débarqué cet été de Langnau) seraient, s'ils jouaient leur meilleur hockey, l'un des meilleurs duos de National League. Mais la saison passée, leurs prestations ont été plus mauvaises que jamais. Dès lors, plusieurs questions se posent: Ivars Punnenovs a-t-il les épaules assez solides pour assumer un poste de titulaire pendant toute une saison? Tobias Stephan est-il encore suffisamment compétitif, lui qui vit le crépuscule de sa carrière?
Des changements de personnel incessants à tous les niveaux, des coûts exorbitants et une perte de 14 millions de francs la saison dernière (perte démentie par le club, qui n'a pas souhaité fournir d'autres chiffres). Peut-être sommes-nous trop frileux sur les sujets économiques et qu'au final, c'est Petr Svoboda qui a raison? Néanmoins, avec un peu de lucidité, nous arrivons à la conclusion suivante: le Lausanne HC ressemble plus à un casino qu'à un club de hockey sur glace. Son train de vie est trop élevé par rapport à ses moyens et sa réputation s'est entre-temps ternie. Les hockeyeurs qui quittent la Suisse alémanique pour la capitale vaudoise le font souvent pour l'argent et non pour le projet sportif.
Rien d'étonnant à ce que Christoph Bertschy, la meilleure individualité suisse du contingent, n'ait pas pu être conservé. Le LHC ne peut pas financer par ses propres moyens ce qui ressemble à une chevauchée sauvage et dépend entièrement des fonds de l'actionnaire majoritaire, Gregory Finger. Or, un départ de ce dernier est possible à tout moment.
Il ne signifierait pas la fin du club: la ville de Lausanne et les communes environnantes le sauveraient, après s'être lamentées. Et sur les bords du Léman, les conditions de vie restent exceptionnelles: une patinoire ultramoderne, un public fidèle, connaisseur, qui sait mettre l'ambiance et une région économiquement forte. Du coup, il devrait être possible de (re)construire l'un des clubs les plus forts du pays, sportivement et financièrement. Ce qui n'a pas été fait ces dernières années.
L'équipe est difficile à évaluer en raison de son management imprévisible. Aucune amélioration significative n'a été réalisée sur le marché des transferts et des questions se posent au sujet des gardiens: le fragile Ivars Punnenovs et le vétéran Tobias Stephan forment probablement le deuxième ou troisième duo de gardiens le plus faible de la ligue.
Si le manager Petr Svoboda parvient à recruter un portier étranger en cas de besoin et que l'autorité de l'entraîneur John Fust continue à ne pas être remise en question, Lausanne peut se hisser dans la première moitié du classement. Mais une place dans les bas-fonds n'est pas non plus à exclure.
Adaptation en français: Yoann Graber