Peu de femmes s’aventurent sur l’épreuve reine du mythique Grand Raid: une course de 125 kilomètres entre Verbier et Grimentz, affichant un dénivelé supérieur à 5000 mètres, et dont le point culminant, à 2700 mètres d'altitude, n'est autre que le redoutable Pas de Lona.
En 2024, elles n’étaient que quatorze féminines au départ. Un chiffre en forte hausse cette année, le Grand Raid ayant servi de cadre aux Championnats du monde de VTT marathon. En plus de la dizaine de coureuses amateurs inscrites, 57 élites étaient donc présentes en Valais, animées par la volonté de porter haut les couleurs de leur pays et de décrocher le maillot arc-en-ciel.
Ces athlètes de calibre international ont trusté les premières places. Mais en course, une athlète amateur, Maëlle Minnig, leur a tenu tête.
33e à l'arrivée à Grimentz, la Fribourgeoise, vêtue d'une tunique orange dépourvue de drapeau, a devancé bon nombre d’élites, dont six Suissesses en équipe nationale. Un petit exploit, surtout quand on sait que Maëlle a dû composer avec des crampes au Basset. Auparavant, elle s’était heurtée à un départ compliqué.
La performance de la vététiste prend encore plus d’ampleur au regard détaillé de son parcours personnel. Tandis qu’une grande partie des élites consacrent leur vie au cyclisme, Maëlle Minnig exerce, elle, comme physiothérapeute la semaine. Elle multiplie aussi les activités sportives. D'ailleurs, le VTT, elle ne le pratique sérieusement que depuis deux ans.
Autre preuve que la sportive aborde les choses différemment: son inscription au Grand Raid n’a pas été motivée par l'envie de se mesurer aux meilleures mondiales. «Mon copain et sa famille ont décidé de refaire le Grand Raid. Je trouvais sympa de participer aussi, et de tenter d’améliorer mon temps de l’an dernier plutôt que de rester simple spectatrice», dit-elle, après avoir abaissé le chronomètre de près de 25 minutes. Mission accomplie.
Son temps de 8h35 aurait peut-être encore pu être amélioré si Maëlle Minnig avait couru en même temps que ses adversaires directes. En effet, les élites femmes se sont élancées plusieurs minutes avant elle, le départ grand public ayant été donné en dernier.
Au lieu de ça, la Fribourgeoise a vécu une mise en action plus agitée, au milieu de 400 hommes et d’une dizaine de femmes qu’elle n’a jamais véritablement aperçues. Autrement dit: il a fallu lutter pour défendre sa trace.
Cet excellent résultat au Grand Raid intervient quelques semaines après que Maëlle Minnig s’est illustrée dans une autre discipline, le trail, sur les sentiers de Sierre-Zinal. Classée 19e et troisième Suissesse, elle a, là aussi, rivalisé avec les meilleures mondiales, devançant notamment plusieurs athlètes sponsorisées par des équipementiers, dont une Kenyanne, Faith Kiplagat, victorieuse cette année du 23 kilomètres du Marathon du Mont-Blanc.
Face à de telles performances en montagne, ne serait-ce pas le moment, à 30 ans, de se concentrer sur une seule discipline, pour tenter de franchir un cap et viser le semi-professionnalisme, voire mieux? «Pas du tout», assure la championne amateur, avant de poursuivre: «J’adore être polysportive, c’est comme ça que je me sens bien. J’aime être dehors, prendre du plaisir, faire des projets inutiles, transpirer et admirer la nature».
La jeune physiothérapeute entend donc poursuivre ses aventures à sa façon, alliant plaisir et performance, tout en saisissant les opportunités que lui ouvrent ses résultats. En ce sens, elle participera aux Championnats du monde de trail court, à Canfranc en Espagne, à la fin du mois de septembre. «J’ai été sélectionnée grâce à Sierre-Zinal», souffle-t-elle, encore surprise par cette qualification inattendue.
Viendra ensuite le temps de la pratique sportive sans porter le moindre dossard: «Je me ferai plaisir sur les lattes, autant en ski de fond qu'avec les peaux. J’ai un projet en montagne pour 2026 et, comme toujours, j’espère jouer dehors autant que possible». Avant de revenir, plus forte encore, sur Sierre-Zinal puis le Grand Raid?