Jolanda Neff (31 ans) a souffert de problèmes respiratoires pendant quatre ans et a reculé dans la hiérarchie mondiale. Elle a dévoilé publiquement ses problèmes fin mai et évoqué une situation frustrante. La Saint-Galloise a ensuite appris que ses cordes vocales se rétrécissaient sous l'effet de l'effort et a reçu des séances d'orthophonie afin de les renforcer. Après avoir renoncé aux Jeux olympiques, Neff était de retour à la compétition ce week-end.
Jolanda, quel bilan tirez-vous de votre participation aux Mondiaux de VTT?
Cet événement marque un nouveau départ. Cela fait du bien d'être de retour. J'ai beaucoup travaillé sur ma respiration au cours des dernières semaines. Cela a bien fonctionné en course. Je suis satisfaite et heureuse d'avoir pris le départ. Je suis fière de cette performance.
C'est la première fois – en 15 courses aux Mondiaux – que vous ne figurez pas dans le Top 10. N'êtes-vous pas un peu déçue?
Il faut être réaliste. Oui, les Mondiaux ont toujours compté pour moi. Je les ai d'ailleurs gagnés. Or cette année, je me trouvais dans une situation de départ totalement différente. C'est pourquoi mon objectif était tout autre. Vous savez, je n'ai pas pu m'entraîner autant que d'habitude ces derniers temps. Et je ne me sentais pas incroyable durant la course. Mais l'essentiel est d'être de retour. Je dois désormais m'entraîner beaucoup et bien pour retrouver mon niveau.
Vous êtes donc rétablie?
Oui, je me porte très bien. Mais le chemin est encore long. C'est comme jouer de la trompette. Ça ne vient pas en quelques semaines. J'ai récemment appris une nouvelle technique de respiration. Physiquement, j'étais et je suis toujours en bonne santé.
Comment pourrions-nous imaginer votre rééducation? Chantiez-vous tous les jours sous la douche?
Non, je n'ai jamais chanté (Rires). Il s'agissait de s'exercer à respirer autrement durant l'effort. Cela a été un processus long.
Comment était-ce – en tant que championne en titre – de suivre les JO à la télévision? Avez-vous regardé la course?
Oui, j'ai regardé. C'est d'ailleurs dommage que Sina n'ait pas fait mieux que 21e. C'est sûr que cela aurait été bien de porter le dossard 1 sur la ligne de départ. On aurait souhaité que ces Jeux se déroulent autrement. Que je me sente mieux, que Sina se porte mieux. Nous avons vécu des moments incroyables il y a trois ans à Tokyo. Ce n'était pas le cas cette année. Cela fait aussi partie du sport de haut niveau.
Nous pouvons parler d'une véritable débâcle pour le VTT suisse aux Championnats du monde à Pal Arinsal (Andorre). Les belles années sont-elles définitivement derrière nous?
Tout est allé de travers cette semaine. Nos moins de 23 ans ont remporté une médaille. A part cela, personne n'a joué pour le podium. C'est une situation cruelle pour nous. La Suisse a longtemps été la nation n°1 du VTT.
Lorsque vous avez annoncé vos problèmes fin mai, vous avez déclaré ne plus prendre de plaisir. Vous avez désormais 31 ans. Est-ce bientôt la fin de votre carrière?
Non. J'ai dit à l'époque que je ne pourrais plus courir si je ne dénichais pas la source du problème. Or j'ai trouvé des réponses: je n'ai donc aucune inquiétude quant à mon avenir sportif. Je suis à un âge où je peux encore être au top encore un long moment. C'est la période idéale. Et la santé est bien plus importante que l'année de naissance.
Vous vous sentez donc encore capable de jouer les premiers rôles?
Je peux certainement mieux faire que ces deux ou trois dernières saisons. Il s'agit maintenant de retrouver les jambes. Et pour cela, je dois pouvoir m'entraîner sans restrictions. Je dois réapprendre à aller vite. Les entraînements à haute intensité n'étaient plus possibles. Je me réjouis de l'avenir.
Quand gagnerez-vous des courses?
Cela ne vient pas du jour au lendemain, mais mon ambition est de gagner à nouveau. L'année prochaine, mon grand objectif sera les Mondiaux à domicile, du côté de Crans-Montana. Je me réjouis de cet événement et j'ai de grands espoirs. Je sais le chemin qu'il me reste à parcourir. Les fondations sont posées. J'attends l'hiver avec impatience. Je vais me reconstruire en m'entraînant sans restrictions.
Adaptation en français: Romuald Cachod.