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Noè Ponti: «Après les JO, j'étais apathique et sans objectif»

Le nageur suisse Noe Ponti, medaille olympique de bronze lors du 100m papillon a Tokyo en 2020, prend la pose pour le photographe apres un entrainement de natation, ce jeudi 6 juin 2024 au centre spor ...
Noè Ponti est le nouveau roi de la natation suisse. Image: KEYSTONE

«Juste avant de devenir champion du monde, j'étais apathique et sans objectif»

Noè Ponti, nouveau roi de la natation suisse, a connu des dernières semaines fantastiques, avec trois titres mondiaux et deux records planétaires. Mais avant ces exploits, il a vécu un blues post-olympique particulièrement fort.
10.01.2025, 18:5910.01.2025, 22:10
Simon Häring / ch media
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Il est détenteur de deux records du monde, est devenu triple champion du monde en décembre à Budapest (le premier nageur suisse à gagner ce titre), s'est classé deuxième derrière Marco Odermatt comme sportif national de l'année 2024: Noè Ponti, le nouveau roi de la natation suisse, a vécu des derniers mois fous.

Entre les honneurs dans son Tessin natal et son école de recrues, le jeune homme de 23 ans a pris le temps de raconter à CH Media – le groupe auquel appartient watson – cette euphorie et ses ambitions, mais aussi les quelques moments de creux qu'il a connus après les JO de Paris.

C'est quoi qui vous vient en tête en repensant à ces derniers mois?
NOE PONTI: C'était deux ou trois bons mois (il sourit). Après Paris, j'ai fait une pause assez longue et j'ai pu bien récupérer. Je suis parti en safari, j'ai fait le vide dans ma tête et j'ai repris l'entraînement assez tard, fin septembre.

Et puis, cet automne, vous avez émerveillé le monde entier lors des trois étapes de la Coupe du monde en Chine, en Corée du Sud et à Singapour.
Après la reprise, la motivation n'était pas aussi forte, mais à l'approche des compétitions, la joie est revenue. Je sentais à quel point j'étais en forme, j'étais détendu, relaxé et j'avais envie de nager sans me mettre la pression. Et puis j'ai réussi du premier coup à battre un record d'Europe et je me suis retrouvé sur une sorte de nuage.

Noè Ponti pose, ici à son arrivée à l'aéroport de Zurich, avec ses trois médailles d'or des Championnats du monde en petit bassin de Budapest.
Noè Ponti pose, ici à son arrivée à l'aéroport de Zurich, avec ses trois médailles d'or des Championnats du monde en petit bassin de Budapest.image: keystone

Vous pensiez, à ce moment, pouvoir battre un record du monde?
C'était une surprise. Pas forcément le fait que j'y sois parvenu, mais que ça se soit passé aussi vite. Nager le record du monde était un objectif lointain, une vision pour moi depuis quelques années déjà.

«Mais je sentais que ça pourrait arriver cet automne, car j'étais mentalement frais et physiquement très bien reposé»

Comment avez-vous vécu ces trois compétitions intenses en Asie?
C'était une expérience formidable. Nous nous sommes déplacés de ville en ville comme un petit cirque, nous avons logé dans les mêmes hôtels, nous nous sommes entraînés dans les mêmes bassins. L'ambiance était très différente de celle des Championnats du monde ou d'Europe, beaucoup plus détendue. Ça m'a sans doute aidé à rester décontracté et à nager aussi vite.

Noè Ponti en bref
- Né le 1er juin 2001 (23 ans)
- Vit à Quartino, au Tessin

Palmarès principal
- 2021: Bronze aux JO de Tokyo (100 m papillon)
- 2023: Triple champion d'Europe (50 m, 100 m et 200 m papillon) en petit bassin
- 2024: Triple champion du monde (50 m et 100 m papillon et 100 m quatre nages) en petit bassin

Records du monde sur 50 m et 100 m papillon

Entre les courses, vous aviez le temps de visiter les villes?
On dit toujours qu'en Chine, il faut faire attention quand on sort manger, mais je l'ai quand même fait (rires). Mais j'ai commencé à avoir des problèmes d'estomac. A Shanghai, j'ai eu une diarrhée vraiment terrible pendant trois ou quatre jours, c'est-à-dire pendant toute la compétition. En Corée, je n'ai pas pu aller aux toilettes pendant quatre jours. Ça peut arriver quand on n'est pas habitué à une certaine alimentation. J'ai un estomac sensible. Malgré tout, j'ai ensuite bien nagé (rires).

Avec vos succès, vous avez récolté 150'000 dollars en à peine deux semaines. Ça représente quoi dans votre carrière?
Ça peut paraître beaucoup, même si ce n'est pas tant que ça comparé à d'autres sports et que je dois payer certains voyages, vols et une partie de mon staff médical et sportif avec. J'utilise une partie de cette somme pour construire un troisième étage sur la maison de mes parents, avec une entrée séparée. Et le reste, je l'économiserai.

De nombreux sportifs connaissent un creux émotionnel après les Jeux olympiques. Comment vous êtes-vous senti après Paris?
C'était pareil pour moi. Il me manquait la motivation, l'impulsion, un objectif. C'est pourquoi je suis parti en vacances au Kenya.

«C'était très bien, mais j'étais émotionnellement émoussé et apathique. Ce n'était pas facile, même si j'y étais préparé»

Avoir manqué la médaille que vous espériez, avec une 5e place sur 200 mètres papillon et une 4e place sur 100 mètres papillon, ça a rendu la situation plus dure?
Pas vraiment. Que tu gagnes une médaille ou non, ça ne fait pas une grande différence. Après des événements aussi importants, il y a de toute façon un vide. Bien sûr, la quatrième place n'a pas été facile à digérer. Août et septembre n'ont pas été les mois les plus faciles de ma vie. J'avais besoin de cette longue pause pour m'améliorer.

Après les JO de Paris, Noè Ponti est parti faire un safari au Kenya.
Après les JO de Paris, Noè Ponti est parti faire un safari au Kenya. image: instagram

Ces médailles ratées, ça a quand même changé quelque chose dans votre état d'esprit?
Je ne dirais pas que j'ai nagé avec la rage au ventre, mais j'avais certainement davantage faim de succès, ça en tout cas.

Vous êtes entré à l'école de recrues pour sportifs en novembre et vous êtes encore en service jusqu'en avril. C'est comment?
C'est ok (rires). C'est vraiment une bonne solution et un privilège d'avoir une telle possibilité en Suisse. Je ne peux certes pas m'entraîner autant que d'habitude, mais avant les Championnats du monde, j'ai par exemple pu rentrer chez moi pendant dix jours afin de me préparer au mieux. En tant que nageur, je peux passer les deux derniers mois et demi à Tenero, ce qui me permet de rester chez moi. C'est bien sûr aussi un grand avantage.

Noè Ponti termine actuellement l'école de recrues.
Noè Ponti termine actuellement l'école de recrues.image: keystone

Problèmes d'estomac, moins d'entraînement, école de recrues: pourtant, vous avez nagé plus vite que jamais. Pourquoi ça n'a pas été possible aux Jeux olympiques?
Bien sûr, ça aurait été bien si j'avais gagné à Paris. Le problème n'était pas l'entraînement, mais plutôt ma tête.

«Il y a eu des choses qui n'ont pas fonctionné. Et puis d'autres que je ne pouvais pas contrôler et qui concernaient ma vie privée. Physiquement, j'étais au mieux de ma forme, mais pas mentalement»

Maintenant, il faut aller de l'avant. J'ai appris des choses et je vais essayer d'en tirer des conclusions et d'améliorer certains points.

Quels points, justement?
Nous devons encore discuter de ce que nous voulons changer concrètement. Mais l'objectif, c'est d'être au top de ma forme en juillet et en août, lorsque les Championnats du monde en grand bassin auront lieu à Singapour.

Noè Ponti a désormais, comme objectif, les Mondiaux en grand bassin à Singapour en juillet.
Noè Ponti a désormais, comme objectif, les Mondiaux en grand bassin à Singapour en juillet. image: keystone

Votre passage du club de Locarno à celui d'Uster a été un changement, même si vous continuez à vous entraîner au Tessin. Qu'en attendez-vous?
Locarno est mon club depuis l'âge de six ans, mais je ne m'y entraîne déjà plus depuis 2019, je m'entraîne à Tenero et ne nage plus que de temps en temps pour Locarno lors des championnats. Je connais très, très bien l'entraîneur, Luca Marin. Mais notre lien n'est plus aussi fort. Et aucun de mes amis ne nage encore à Locarno. De plus, je pense que la nouvelle impulsion aide. Avec Uster, je peux aussi nager pour la victoire en relais.

Vous êtes désormais champion du monde, champion d'Europe et détenteur de records mondiaux. Il ne vous reste donc plus qu'un seul objectif: l'or olympique. C'est juste?
L'objectif est de remporter les dernières médailles qui me manquent encore. Jusqu'à présent, j'ai des médailles des Championnats d'Europe en petit bassin, des Championnats du monde en petit bassin et des Jeux olympiques.

«Ce qui manque encore, ce sont des médailles aux Championnats du monde et d'Europe en grand bassin. C'est l'objectif des années à venir»

Et l'or olympique?
C'est mon rêve. Mais des records du monde, ce serait bien aussi (rires).

Traduction et adaptation en français: Yoann Graber

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