Sport
psychologie

Sport: les coachs sont abandonnés face à leurs problèmes psys

Comme le sélectionneur de la Nati Murat Yakin, les entraîneurs en sport d'élite ont un job difficile émotionnellement.
Comme le sélectionneur de la Nati Murat Yakin, les entraîneurs en sport d'élite ont un job difficile émotionnellement. image: keystone/shutterstock

De nombreux coachs souffrent d'un mal caché

Une chercheuse suisse lance un cri d'alarme sur les graves et fréquents troubles psychiques des entraîneurs en sport de haut niveau. Pire: les techniciens sont livrés à eux-mêmes.
25.10.2024, 18:51
Rainer Sommerhalder / ch media
Plus de «Sport»

La revue spécialisée américaine Sports Health a récemment publié un travail de la chercheuse suisse Laura Baumann (Université de Zurich) sur la santé psychique des entraîneurs dans le sport de compétition. Et cette étude arrive à des conclusions claires.

Si le travail mental effectué avec leurs athlètes est central, on oublie souvent que les coachs eux-mêmes sont également exposés à des risques psychologiques.

On ne parle que très peu de leurs craintes et de leurs soucis. Et ce même dans la recherche en psychologie du sport, où c'est le bien-être des athlètes qui est au centre des préoccupations.

Pour les coachs (ici Adi Rothenbühler, avec Angelica Moser), il est difficile de trouver du soutien mental.
Pour les coachs (ici Adi Rothenbühler, avec Angelica Moser), il est difficile de trouver du soutien mental. image: keystone

Les rares études sur la situation des coachs se concentrent surtout sur les symptômes liés au stress. Elles mesurent le burn-out, l'anxiété et la dépression, mais pas les troubles psychiques. Ceux-ci, comme par exemple les troubles de la personnalité, ne peuvent être diagnostiqués que par des médecins. Or ils sont bien réels chez les entraîneurs.

Alcoolisme et burn-outs fréquents

Ces derniers sont exposés au stress et à une pression croissante. Cela les rend vulnérables aux troubles psychiques. Les différentes enquêtes compilées dans l'étude de Laura Baumann attirent l'attention sur divers problèmes chez les coachs.

Parmi eux: l'abus de substances, en premier lieu l'alcool.

Une recherche néo-zélandaise révèle que 14% des entraîneurs d'élite du pays souffrent de symptômes dépressifs modérés, principalement en raison du stress et d'une inquiétude persistante pour leur emploi. Une autre étude a identifié le lien entre la crainte, pour le coach, que l'athlète n'atteigne pas son niveau de performance et le développement d'un trouble anxieux.

Le burn-out est le thème le plus documenté. Et, chez les entraîneurs, il a plusieurs causes: leurs préoccupations pour les athlètes, la pression du succès, le sacrifice du temps personnel et l'isolement social, entre autres.

Sans surprise, une passion obsessionnelle pour le coaching et la recherche du succès entraînent un risque plus élevé d'épuisement mental.

Un droit fondamental

Un autre aspect de la publication concerne l'influence de l'état mental du coach sur la santé psychologique des athlètes.

L'un des constats:

un comportement trop contrôlant de l'entraîneur amène une augmentation de l'anxiété chez les sportifs.

Au contraire, donner davantage d'autonomie aux athlètes se traduit par de meilleures performances.

Laura Baumann et ses collègues co-contributeurs arrivent à la conclusion suivante dans leur étude: il faut mettre en place des structures pour améliorer le bien-être mental des coachs.

Les chercheurs constatent qu'il n'existe pas de cadre ni même de stratégie reconnus dans ce domaine.

Concrètement, ils demandent davantage de soutien, d'informations sur la santé mentale et le suivi des entraîneurs par un psychologue du sport. Ils proposent aussi que ce thème soit désormais intégré dans les programmes de formation des coachs.

«Tout cela pourrait améliorer la santé mentale tant des entraîneurs que des athlètes et avoir un impact positif sur la performance de ceux-ci.»

Les chercheurs invitent les clubs et fédérations à prendre conscience de leur devoir d'assistance envers les entraîneurs.

epa11646331 Atletico Madrid's head coach Diego Simeone gestures during the Spanish LaLiga soccer match between Real Sociedad and Atletico Madrid, in San Sebastian, Spain, 06 October 2024. EPA/Jav ...
Les coachs (ici celui de l'Atlético Madrid, Diego Simeone) sont soumis à un fort stress, sur et hors du terrain. Image: keystone

Toutefois, sur ce dernier point, la préoccupation ne devrait pas être l'amélioration des performances sportives, mais simplement le droit à une bonne santé mentale dans l'exercice de la profession. «Il est de la responsabilité des fédérations et des clubs de créer un environnement de travail dans lequel les entraîneurs ne se sentent pas stigmatisés ou discrédités lorsqu'ils demandent de l'aide», concluent Laura Baumann et ses collègues.

Traduction et adaptation en français: Yoann Graber

Plus d'articles sur le sport

La nouvelle gare CFF à Genève
1 / 9
La nouvelle gare CFF à Genève
Genève Cornavin CFF
source: cff
partager sur Facebookpartager sur X
Cette star brésilienne du footvolley est un chien
Video: watson
Ceci pourrait également vous intéresser:
0 Commentaires
Comme nous voulons continuer à modérer personnellement les débats de commentaires, nous sommes obligés de fermer la fonction de commentaire 72 heures après la publication d’un article. Merci de votre compréhension!
Les TV pensent à une autre manière de montrer le hockey suisse
Diffuser la National League n'est pas rentable pour les chaînes privées. Alors elles réfléchissent à de nouvelles offres pour les téléspectateurs.

La Société suisse de radiodiffusion et télévision (SSR), à laquelle appartient la RTS, détient les droits de retransmission en direct de tous les principaux championnats nationaux de sports d'équipe: football, handball, unihockey, volley-ball et basket-ball. Pour les hommes et les femmes. Sauf pour le hockey sur glace.

L’article