Emma Aicher a frappé un grand coup le week-end dernier en Norvège. Non seulement l'Allemande s'est classée deuxième de la première descente de Kvitfjell, à 15 centièmes de «Conny» Hütter, mais en plus, elle a signé le lendemain son premier succès en Coupe du monde. On fait davantage connaissance avec elle en cinq points.
Cela faisait cinq ans, et une victoire de Viktoria Rebensburg à Garmisch-Partenkirchen en février 2020, que le ski féminin allemand attendait un triomphe en descente. Avant cela, il fallait remonter à janvier 2014 pour dénicher un autre succès de nos voisins dans la discipline reine: celui de Maria Höfl-Riesch.
Compte tenu de son jeune âge (21 ans), Aicher est perçue comme le grand espoir d'une nation en déclin ces dernières années sur le Cirque blanc. Celle sur qui compter à l'avenir, alors que Lena Dürr, 33 ans, est plus proche de la retraite que de ses jeunes années. La skieuse est décrite par la presse de son pays comme «un diamant brut», tandis que l'Autrichien Andreas Puelacher, patron du ski féminin allemand, estimait avant les courses de Kvitfjell que sa protégée allait devenir «une fusée».
Emma Aicher est née en Scandinavie d'une mère suédoise et d'un père allemand, et c'est là-bas dans le Nord qu'elle est montée pour la première fois sur les lattes. La skieuse a bien sûr pratiqué le fond, un sport qu'elle apprécie, mais qui est «trop lent» pour elle.
Malgré le fait qu'elle ait grandi en Suède, et skié à Sundsvall et Södra Berget durant de nombreuses années, Aicher a choisi de représenter la patrie de son père. Un choix qu'elle a expliqué dans les colonnes d'Aftonbladet par la forte concurrence dans l'équipe suédoise de ski. Mais aussi par les Alpes bavaroises, qui offrent de meilleures conditions d'entraînement.
Désormais licenciée au Ski Club Mahlstetten, commune à proximité immédiate de la Forêt-Noire, Emma Aicher n'a pas toujours vécu en Suède durant sa tendre enfance. Sa famille s'est en effet installée à Engelberg dans le canton d'Obwald, alors que la jeune fille était au primaire.
Aicher et ses parents sont restés au total trois années en Suisse, avant de retourner vivre en Suède. C'est toutefois dans les Alpes que la skieuse, alors membre du Ski Club d'Engelberg, a «commencé à courir correctement», selon ses propos dans le journal suédois.
Les skieuses ultra-polyvalentes se font de plus en plus rares en Coupe du monde. Dernièrement, c'est Michelle Gisin qui a arrêté le virage court. Emma Aicher, elle, n'a pour l'heure pas l'intention de faire un choix et se sent bien dans toutes les disciplines.
D'abord spécialiste des épreuves techniques, Suède oblige, l'Allemande est venue au super-G et à la descente pour une raison simple: elle aime la vitesse. Cependant, elle ne pensait pas que sa première victoire serait glanée dans la discipline reine, où l'expérience est de mise. Rappelons en ce sens que Franjo Von Allmen, 23 ans, est devenu en février dernier le plus jeune vainqueur d’une descente mondiale masculine, depuis l’Allemand Hansjörg Tauscher en 1989.
Débarquée en Coupe du monde en 2021, Emma Aicher est souvent restée en retrait, notamment dans les disciplines techniques, car trop souvent éliminée. Rien que cet hiver, elle n’a pas terminé les slaloms de Gurgl, Killington, Kranjska Gora et Courchevel. Ça ne s’est pas bien fini non plus en géant à Semmering.
C’est néanmoins face à la forêt de piquets que la skieuse allemande a signé son premier Top 10 en carrière la saison dernière, avant d’en enchaîner cinq autres en slalom, dont quatre en 2024/2025. Plus souvent placée dans cet exercice, Aicher a également franchi un cap en vitesse aux récents Mondiaux de Saalbach. Sur le podium lors des entraînements, elle a fait trembler, en course, les médaillées jusque dans les derniers instants. L'athlète s'est en effet classée sixième en super-G et en descente, alors qu’elle portait des dossards flirtant avec le numéro 30. Elle ne partira plus d'aussi loin dorénavant.