Sarah Höfflin a terminé 4e à Laax et 3e à Coire. Ce sont d'excellents résultats. Mais quelle que soit la course de Coupe du monde à laquelle elle participe, la Genevoise de 33 ans est toujours dans l'ombre de Mathilde Gremaud. Cette dernière, victorieuse à Coire et à Laax, est en tête du classement par discipline dans les disciplines slopestyle et big air.
Aux X-Games d'Aspen ce week-end, ce n'est pas non plus Höfflin qui sera la favorite pour la victoire, mais sa compatriote Gremaud, de dix ans sa cadette, qui est aussi sa plus grande concurrente. Sarah Höfflin a néanmoins de bonnes chances de monter sur le podium en Amérique. En 2018, elle avait remporté l'or en big air et a gagné trois autres médailles les années suivantes.
Mais même si la Genevoise fait partie de l'élite mondiale depuis des années, elle a du mal à occuper le devant de la scène sur les réseaux sociaux. Avec 33'000 followers, elle est suivie par deux fois moins de personnes que Mathilde Gremaud, et aucune comparaison n'est possible avec Andri Ragettli et sa communauté de 600'000 membres.
La présence sur Instagram, Tiktok et les autres réseaux sociaux est devenu presque obligatoire, car elle constitue une source de revenus importante quand on évolue dans l'univers très concurrentiel du freestyle. Certains athlètes renoncent d'ailleurs complètement aux compétitions pour se focaliser sur les réseaux et les films. Pour Höfflin, c'est différent. Même si elle compte parmi les meilleures du monde, qu'elle effectue plusieurs sauts périlleux et vrilles avec ses skis aux pieds, ses vidéos ne reçoivent presque aucune attention.
«Quand je mets une vidéo en ligne et qu'elle génère peu de likes, je suis un peu déçue», admet la freestyleuse. Un jour, la Genevoise a mis en ligne la même vidéo que deux de ses camarades. La sienne est celle qui a reçu le moins de likes. Elle s'est alors demandé si elle ne faisait pas quelque chose de faux. La jeune femme de 33 ans a fini par en plaisanter:
Höfflin a du mal à comprendre pourquoi elle ne reçoit pas la même attention que les autres. Mais elle n'est pas prête à tout pour gonfler son nombre d'abonnés non plus.
Elle sait aussi qu'elle n'a pas le talent musical de Burgener et qu'elle n'est pas en mesure de faire les mêmes pirouettes qu'Andri Ragettli. Le Grison enthousiasme régulièrement les médias sociaux avec des cascades qui n'ont pas grand-chose à voir avec sa discipline sportive proprement dite.
La réussite de Sarah Höfflin est à chercher sur la piste plutôt que sur un écran de smartphone ou d'ordinateur. En 2018, elle a remporté l'or en slopestyle aux Jeux olympiques d'hiver de Pyeongchang, devançant à l'époque Mathilde Gremaud, qui allait remporter la victoire quatre ans plus tard. Pour Höfflin, ce titre olympique a changé sa vie, non seulement sur le plan financier, mais aussi sur le plan personnel:
La médaille olympique est désormais accrochée dans un cadre, au-dessus de ses toilettes, ce qui résume bien son humour.
Cette différence avec les autres, la Genevoise la cultive jusque dans sa trajectoire de championne. Elle a appris à skier enfant, mais s'est installée en Angleterre à l'âge de 12 ans. Dès lors, elle s'est entraînée dans des salles de ski et a perfectionné ses figures. Son talent a été découvert bien plus tard que celui de Gremaud, qui a été encouragé très tôt. Pour Höfflin, tout a pris un peu plus de temps avant qu'elle n'atteigne l'élite mondiale. C'est peut-être pour cela d'ailleurs qu'à 33 ans, elle ne se sent toujours pas vieille.
La preuve: elle s'entraîne désormais aussi sur le halfpipe. Apprendre une nouvelle discipline à son âge n'est pas à la portée de toutes les athlètes, mais pour Höfflin, c'est une nécessité, car il y a de plus en plus d'éléments de halfpipe dans les courses de slopestyle.
Il lui arrive quand même d'en avoir assez de devoir apprendre sans cesse de nouveaux tricks pour pouvoir rivaliser avec les meilleures. C'est pour cette raison qu'elle est moins motivée à faire du big air en ce moment. «Il y a des jours où j'ai envie de me taper la tête contre les murs», dit-elle en référence à la frustration qu'elle peut ressentir lorsqu'une figure ne fonctionne pas.
Sarah Höfflin garde malgré tout le sourire et... des ongles bleu clair fraîchement vernis, quand bien même sur l'un d'eux, la couleur s'effrite lentement. «Ce n'est pas un problème. Demain, ils seront à nouveau beaux», dit Höfflin, qui n'oublie jamais de faire sa manucure avant chaque compétition.