Les yeux des fans de tennis romands sont actuellement tous rivés sur Novak Djokovic à Genève. Mais le numéro 1 mondial n'est pas la seule superstar qui viendra taper des balles dans la région ces prochaines semaines. Plusieurs d'entre elles s'affronteront du 9 au 11 juin au Masters de Bonmont, un tournoi exhibition insolite sur gazon dans les hauts de Nyon (VD).
Le casting a de quoi faire rêver: Stan Wawrinka, Dominic Thiem, Fabio Fognini, Karen Khachanov, Denis Shapovalov, Alexander Bublik, Alejandro Davidovich Fokina et Flavio Cobolli. Autrement dit: il comporte notamment deux vainqueurs en Grand Chelem (Wawrinka et Thiem) et deux top 20 mondial actuels (Khachanov et Bublik). Mais comment avoir réussi à rassembler toutes ces vedettes pendant trois jours dans ce lieu intimiste, à trois semaines de Wimbledon (1er au 14 juillet), alors que le circuit ATP bat son plein?
«Organiser un tournoi sur gazon en Suisse romande, c'était notre rêve!», s'enthousiasme Benjamin Dracos. Avec son compère Yannick Fattebert (ex-coach de Stan Wawrinka), cet ancien tennisman pro vaudois a fondé et gère l'entreprise Sport Spirit, active dans l'événementiel en tennis. Les deux hommes sont aussi à la tête du tournoi féminin de Montreux. Il enchaîne:
Et pour cause: les courts de tennis sur herbe, très délicats à entretenir, sont extrêmement rares en Suisse. Convaincus de leur volonté de se lancer dans ce projet, Benjamin Dracos et Yannick Fattebert contactent fin 2023 le club de Bonmont, qui accepte de les suivre. Depuis, les coups de fil et les séances s'enchaînent.
«Des spécialistes des terrains sur gazon sont venus d'Angleterre pour construire le court à Bonmont, dont certains travaillent à Wimbledon», confie Benjamin Dracos. Car oui, l'objectif est bien d'offrir aux tennismen les mêmes conditions que celles du Grand Chelem londonien, histoire qu'ils puissent se préparer. L'herbe nyonnaise est d'ailleurs du même type que celle de Church Road.
Reste à trouver les joueurs. «Ça n'a pas été trop difficile», avoue Benjamin Dracos. D'une part, grâce à leur réseau avec Yannick Fattebert et celui de leur partenaire, l'agence de tennis Edge. De l'autre, avec le cadre proposé aux as de la balle jaune.
Il faut dire que le timing de l'événement nyonnais est excellent: il arrive juste après Roland-Garros, soit au tout début de la transition de la terre battue à la saison sur gazon. De quoi inciter les joueurs à vouloir se tester sur herbe le plus rapidement possible. D'ailleurs, certains participants du Masters de Bonmont enchaîneront la même semaine avec les tournois de Bois-le-Duc et Stuttgart.
Le tournoi d'exhibition vaudois se disputera sur trois jours (dimanche, lundi et mardi), avec un tableau réparti en deux groupes. Chaque joueur jouera deux matchs: une demi-finale et une finale ou petite finale.
Les 120 spectateurs par jour seront uniquement des membres des sponsors, qui auront la chance de côtoyer les stars du tennis lors d'ateliers, conférences, repas ou même parcours de golf en marge du tournoi. «On a aussi choisi les joueurs en fonction de ce critère: on voulait des gars accessibles, qui ne se contentent pas de prendre leur chèque et s'isoler dans leur chambre», souligne Benjamin Dracos.
Tous les autres fans de tennis peuvent se consoler: ils auront l'opportunité de regarder les matchs du Masters de Bonmont à la TV. Ils seront diffusés en direct le lundi 10 et le mardi 11 juin sur Léman Bleu.
Les organisateurs souhaitent pérenniser l'événement ces prochaines années. Reste à savoir sous quelle forme. «C'est une première, alors on doit voir si notre concept plaît, s'il marche et quels changements on peut lui apporter», explique Benjamin Dracos. L'idée de grandir n'est pas exclue: «On pourrait par exemple envisager de construire d'autres terrains sur place». Il ne manquerait alors plus que les fraises à la crème et la loge royale pour que Bonmont se transforme en Wimbledon.