«C'est excitant de voir qu'on va chanter» devant des milliers de personnes en marge de l'Eurovision, s'enthousiasme Tessa Cajani, une jeune collégienne suisse de 13 ans. Seize classes en Suisse ont répondu à l'appel du projet.
Ces classes d'écoliers et de collégiens ont participé cette année à des ateliers musicaux, en partenariat avec l'Eurovision, pour apprendre à composer une chanson, de l'écriture du texte jusqu'à l'accompagnement musical, pour se produire le 15 mai sur une scène secondaire du concours à Bâle, deux jours avant la grande finale.
Cet atelier «m'a donné envie d'aller à l'école», raconte Tessa, du Cycle (collège) du Renard à Vernier, une commune du canton de Genève, dit-elle à l'AFP lors d'une répétition.
Anaïs Carré, qui y enseigne la musique, est heureuse que deux classes du même établissement aient été sélectionnées: quand les élèves «ont su qu'ils pouvaient venir, ils étaient tellement contents, c'était une explosion de joie».
Elle explique encore:
Ces ateliers sont organisés dans les établissements scolaires en partenariat avec le groupe audiovisuel public suisse SSR et la coopérative nationale des auteurs et éditeurs de musique Suisa, avec des musiciens professionnels.
Gaspard Sommer, l'artiste et musicien professionnel qui guide les élèves de Anaïs Carré, se réjouit:
Il ne reste plus que quelques jours avant le lancement de l'édition 2025 de l'Eurovision de la chanson, la plus grande compétition musicale diffusée en direct à la télévision dans le monde. Pour rappel, la Suisse a gagné le droit d'accueillir le concours après la victoire de Nemo avec The Code à Malmö, en Suède l'année dernière.
Les élèves vont «chanter sur une scène qui peut accueillir 6000 personnes», explique Gaspard Sommer, lors de la répétition au Cycle du Renard.
Dans l'auditoire du collège de Tessa, les élèves, assis par terre ou sur des chaises, chantent en boucle le texte qu'ils ont imaginé en février, Souvenirs d'été.
Un piano donne le rythme, répétant inlassablement la même rengaine, jusqu'à ce que les jeunes trouvent la bonne mélodie, à partir d'une suite d'accords.
«On essaie d'accorder les paroles de la chanson au rythme», glisse Pilar Beatriz Calatras Camero, 13 ans. Soudain, rien ne va plus, les notes de piano s'interrompent: «Une des strophes n'a pas le même nombre de pieds... il faut revoir le texte», explique Anaïs Carré.
Dans un grand brouhaha, les enfants discutent en petits groupes, font des propositions, surtout les filles, et modifient le texte. «En débardeur face au ventilateur» devient «Et dans mon débardeur face au ventilateur».
«C'est comme de l'improvisation. Il y a un truc un peu mystérieux, il faut se lâcher et oser commencer à chanter», raconte Gaspard Sommer.
Il leur fait ensuite écouter des sons de synthétiseur. Il est presque midi et l'épuisement se fait sentir. Difficile de choisir la musique électronique qui remplacera le piano lors du concert.
Mais l'envie de chanter est là.
«Cela ne me stresse pas du tout de chanter, cela sort tout seul. C'est une manière de m'exprimer. Depuis petite je voulais chanter devant plein de gens. Du coup là... c'est un peu un rêve qui va se réaliser», raconte Angelina Morisod, 12 ans, qui adore chantonner des titres de Céline Dion, en particulier Ne partez pas sans moi avec lequel la Canadienne avait remporté la compétition en 1988, pour la Suisse, et conquis le monde.
Lyandro Soares Dias, 13 ans, se voit lui déjà sur scène. Il attend avec impatience ce moment de partage «inoubliable car c'est l'une des plus grandes compétitions européennes, c'est comme la Champions League mais du chant, de la musique, et je regarde cela depuis petit».
Et en plus, «ce serait vraiment incroyable si on rencontrait des stars», glisse-t-il.
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