Le scandale s'abat sur cette membre de la famille royale
Il faut croire que, même depuis l'au-delà, Jeffrey Epstein continue de tourmenter la famille royale britannique. Cette semaine, c'est au tour de la duchesse d'York, «Fergie» de son petit nom, de payer ses liens d'amitié de longue date avec le milliardaire défunt.
Au coeur de cette disgrâce, qui pourrait bien lui être fatale: un mail envoyé à Jeffrey Epstein, exhumé dans les colonnes du Mail On Sunday et du Sun on Sunday, et envoyé peu après l'arrestation du financier pour abus sexuels sur mineur.
Pour comprendre, il faut revenir au printemps 2011. Epinglée pour son amitié et ses liens financiers avec le pédophile condamné (qui lui avait accessoirement prêté au moins 15 000 livres sterling pour régler ses dettes), Fergie accorde une interview au journal britannique The Evening Standard, au cours de laquelle elle affirme que son amitié de longue date avec le milliardaire était une «terrible erreur de jugement».
«J'abhorre la pédophilie et tout abus sexuel sur enfant, et je sais que c'était une grave erreur de jugement de ma part», affirme alors Sarah Ferguson lors de l'interview. «Je suis tellement contrite que je ne peux rien dire.»
Sauf que, pas moins de deux semaines après avoir publiquement désavoué le financier et juré de couper les ponts, Sarah Ferguson lui envoie un message privé élogieux dans lequel elle s'excuse de ne pas l'avoir contacté plus tôt. «Cela ne me ressemble pas.»
«Je sais que tu te sens terriblement déçu par moi», écrit encore Sarah Ferguson à Jeffrey Epstein dans l'email publié par le Mail et le Sun.
Dans un passage stupéfiant, la duchesse suggère qu’on lui a conseillé d'accorder cette interview dans le cadre d’une stratégie visant à protéger sa carrière. «On m'a conseillé, sans équivoque, de n'avoir rien à faire avec toi et de ne pas te parler ni t'envoyer de courrier électronique, car si je le faisais, je causerais davantage de problèmes à toi, au duc et à moi-même.»
«On m’a demandé d’agir le plus rapidement possible si je voulais avoir une chance de conserver ma carrière d’auteur de livres pour enfants et de philanthrope pour enfants.»
Réputée pour ses nombreuses initiatives en faveur de l'enfance, la duchesse, en effet, a publié pas moins de 50 livres pour enfants et jeunes adultes. En novembre, elle devrait publier un nouvel ouvrage, Kindness Along The Way.
Liens coupés
De fait, après ces nouvelles révélations ce lundi, les organisations à but non lucratif dont la duchesse était mécène, ambassadrice ou membre du conseil d'administration ont réagi très rapidement. Dans les heures suivant la publication de cet email, au moins sept d'entre elles ont mis fin à leur affiliation avec Sarah Ferguson.
Parmi elles figurent des associations avec lesquelles elle était liée depuis des décennies, dont Julia House, un hospice pour enfants, mais encore le Teenage Cancer Trust, la Natasha Allergy Research Foundation et la Prevent Breast Cancer.
Une avalanche d'abandons forcément embarrassante pour la duchesse d'York, alors qu'une grande partie de son profil public a été consacrée à ce type de philanthropie, en particulier à des causes impliquant des enfants.
Un mail forcé?
Le porte-parole et conseiller de la duchesse d'York a pourtant bien tenté de voler à son secours, dans une déclaration enflammée mardi dans le Daily Telegraph.
Selon James Henderson, Sarah Ferguson aurait été «contrainte» d'écrire ce courriel à Jeffrey Epstein, après que ce dernier l'ait menacée par téléphone. «Les gens ne comprennent pas à quel point Epstein était horrible. Je me souviens parfaitement de cet appel. C'était un appel effrayant», a-t-il affirmé.
«La pression qu'elle a subie pour protéger sa famille a dû être énorme. Je suis sûr qu'il y a eu des menaces de poursuites judiciaires», poursuit le porte-parole.
La fin du retour en grâce
En dépit de cette défense, qu'il est difficile de déterminer si Fergie, une habituée des excès financiers et des scandales en tous genres, se remettra de celui-ci. Mariée au prince Andrew entre 1986 et 1996, la duchesse vit actuellement encore dans la même maison, le Royal Lodge, un manoir géorgien situé près du château de Windsor. D'une fidélité à toute épreuve, elle partage l'exil de son ancien mari loin de la cour.
Pas faute pour l'ex-épouse loyale d'avoir récemment fait des progrès dans la réhabilitation de son image, en partie grâce à son travail philanthropique. Pour la remercier notamment de son engagement dans des organismes contre le cancer, une maladie dont elle a elle-même été atteinte, Fergie a recommencé à assister aux festivités de Noël avec la famille royale en 2023 - une première depuis des décennies.
Il y a quelques jours, le couple en diagrâce avait même opéré à un retour maladroit sous les feux de la rampe avec une apparition remarquée (et largement critiquée) aux funérailles de la duchesse de Kent, aux côtés du roi Charles III et du prince William. Selon plusieurs médias, le prince, gêné, aurait même tenté de s'écarter pendant que son oncle lui lançait une plaisanterie malvenue.
La révélation de cet email a incontestablement coupé court à ce début de rédemption - et ne manquera pas de soulever des questions difficiles quant à un éventuel retour dans le giron royal. D'autant que Charles, comme William, ont à coeur de jeter aux oubliettes le prince Andrew, une source incessante d'embarras pour la famille royale ces dernières années.
A ce stade, une chose est sûre: «Les tentacules cadavériques d'Epstein sont longs et toujours très venimeux, et ils détruisent tout ce qu'ils touchent», comme l'a glissé Ingrid Seward, rédactrice en chef du magazine Majesty et auteure d'une biographie sur Sarah Ferguson, au Washington Post.
«Epstein aimait communiquer de cette façon. WhatsApp n'existait pas, et les gens ne réalisaient pas vraiment que les courriels ne disparaissent pas.»
Tout comme les scandales qui éclaboussent la maison d'York, depuis désormais plus de trente ans.