C'est officiel: le prince Andrew renonce à ses titres
C'était une option pour le moins «nucléaire» qui se trouvait désormais sur le bureau de Charles III, aux côtés de son courrier et des affaires d'Etat à régler quotidiennement, depuis quelques jours.
Parmi les mesures drastiques envisagées: exclure le prince Andrew de l’Ordre de la Jarretière – la plus haute distinction honorifique britannique – et lui retirer son titre de duc d’York.
Ce changement de cap intervient après que le Telegraph ait révélé jeudi que le duc, qui n'en est pas à son premier scandale, a rencontré à au moins trois reprises un haut responsable chinois impliqué dans une affaire d’espionnage à Pékin, entre 2018 et 2019.
Des mois de scandale
Les révélations sur les liens entre le prince Andrew et Cai Qi surviennent quelques mois seulement après la mise au jour d’une autre relation controversée: celle qu’il entretenait avec Yang Tengbo, un Chinois soupçonné d’espionnage, qui avait réussi à s’infiltrer dans les cercles les plus élevés de la haute société britannique.
Un juge de la Haute Cour avait d’ailleurs noté qu’Andrew entretenait avec Yang «un degré de confiance inhabituel», en l'invitant à son anniversaire et en l'incluant dans ses initiatives caritatives.
A cela s'ajoute la relation du prince Andrew avec Jeffrey Epstein, dont la proximité a été remise sur le devant de la scène avec la divulgation de nouveaux emails. Un courriel révélait notamment le prince Andrew avait maintenu des contacts avec Jeffrey Epstein – le pédocriminel américain – bien plus longtemps qu’il ne l’avait affirmé.
En 2019, par exemple, le duc assurait avoir coupé les ponts avec Epstein en décembre 2010. Mais quelques jours seulement après la publication, en 2011, d’une photo le montrant aux côtés de Virginia Giuffre – l’une des victimes du réseau du miliardaire –, il lui aurait écrit pour lui assurer qu'ils étaient «ensemble dans cette histoire».
La solution ultime
Bref, c'est peu dire que les nerfs de Charles III ont été mis à rude épreuve ces dernières années. Au point que le tout frais scandale de Cai Qi, membre du Parti communiste chinois (PCC) et proche allié du président Xi Jinping, a déclenché des «discussions de haut niveau» au palais de Buckingham, ce vendredi.
La conclusion est tombée dans la soirée: Andrew a finalement décidé de lui-même de renoncer à ses titres.
J'ai décidé, comme je l'ai toujours fait, de donner la priorité à mon devoir envers ma famille et mon pays. Je maintiens ma décision prise il y a cinq ans de me retirer de la vie publique.
Avec l'accord de Sa Majesté, nous estimons que je dois maintenant aller plus loin. Je ne ferai donc plus usage de mon titre ni des honneurs qui m'ont été conférés. Comme je l'ai déjà dit, je nie vigoureusement les accusations portées contre moi.
Pourtant, selon le Telegraph, cette semaine encore, des collaborateurs du palais affirmaient que «toutes les mesures possibles» avaient été prises contre le prince récalcitrant. Andrew était en effet déjà dépouillé de ses titres militaires, de ses affiliations caritatives ainsi que du droit droit d’utiliser le prédicat royal «Son Altesse Royale» (HRH).
Le retrait complet de ses titres paraissait jusqu’ici «excessif», malgré un large soutien de l’opinion publique en ce sens (selon un sondage YouGov publié cet été, 67% des Britanniques y seraient favorables). D'autant que, pour lui retirer son dernier titre – celui de duc d’York –, une intervention du Parlement serait nécessaire.
Mais le vent a définitivement tourné pour le prince.
Ce retrait est un coup personnel sévère pour Andrew, qui a toujours tiré fierté et prestige de ses titres. D'autant qu'au cours des 600 dernières années, seuls quarante membres en ont été déchus – et toujours pour des crimes graves comme l’hérésie ou la trahison.
