Un seul adversaire a réussi à battre Mathieu Van der Poel cet hiver en cyclo-cross, et il ne sera pas au départ de la course masculine des Mondiaux, ce dimanche à Tabor. L'absence de Wout Van Aert nuira-t-elle pour autant au spectacle? Ce n'est même pas sûr. Car observer la façon dont «MVDP» domine ses adversaires en mêlant puissance et aisance technique est un régal pour les yeux, surtout quand le parfum de l'histoire vient s'en mêler: s'il s'impose dimanche, le Néerlandais de 29 ans remporterait sa sixième couronne, ce qui le situerait à une longueur du record de titres mondiaux détenu depuis près d'un demi-siècle par le Belge Eric De Vlaeminck.
Mathieu Van der Poel est donc très attendu en République tchèque et pour s'y présenter en grande forme, le média d'expression flamande Sporza raconte qu'il a suivi un plan méticuleux basé sur la «surcompensation». Une méthode d'entraînement bien connue des cyclistes, mais que tous ne maîtrisent pas aussi bien que le Néerlandais. Car comme le rappelle le double champion du monde Sven Nys: «Si c'était si simple, tout le monde pourrait l'appliquer».
Il s'agit d'une stratégie en trois temps que nous explique Raphaël Faiss, chercheur et docteur en sciences du sport et grand spécialiste de cyclisme:
Plusieurs infographies disponibles sur internet explicitent le phénomène. En voici une:
Tous les sportifs de haut niveau connaissent ce type d'entraînement, mais ils ne sont pas tous capables de s'y soumettre aussi sérieusement que Mathieu Van der Poel. «Les meilleurs du monde sont ceux qui ont réussi à intégrer le fait que la récupération fait partie de l'entraînement, pointe Raphaël Faiss. Car sans repos, l'athlète ne potentialise pas les effets de ses séances et régresse.»
La surcompensation n'est finalement rien de plus qu'une interaction optimale entre charge et récupération. Tout l'enjeu consiste à adapter ses efforts et la durée du repos individuellement, selon ses capacités et sa faculté de récupération. Si un coureur cycliste s'impose des charges trop élevées pour lui, il se présentera au départ avec des jambes lourdes, et n'aura donc aucune chance de briller. Le même cas de figure se présentera s'il n'est pas suffisamment attentif à sa régénération (repos, massages, bains froids, etc.).
Mais «MVDP» a tellement d'expérience qu'il est à l'abri de ce type de mésaventure. «Au moment de vérité, il sera là», prévient Sven Nys.
Un de ses homonymes a d'ailleurs le même succès grâce à la même méthode, mais dans une autre discipline. Nils Van der Poel est double champion olympique et triple champion du monde de patinage de vitesse. Ses succès, le Suédois de 27 ans les a obtenus grâce à une gestion optimale de son emploi du temps.
«Il a des charges d'entraînement colossales, mais il a décidé de s'entraîner uniquement du lundi au vendredi, s'accordant deux jours de pause chaque week-end, explique Raphaël Faiss. Cela lui permet à la fois de se sentir bien mentalement, et de se préparer physiquement pour être au top à chaque compétition.» Donc de bénéficier de tous les effets de la surcompensation, cette méthode d'entraînement que tout le monde connaît, mais que personne n'applique aussi bien que les cadors de leur discipline.