Alain Gaspoz est un homme très occupé ces jours. Et pour cause: l'ancien défenseur de Super League (55 ans) entame la période la plus chargée de l'année dans son job. Depuis douze ans, le Valaisan d'origine – qui a mis fin à sa carrière pro en 2007 – organise des stages de préparation et des matchs amicaux pour de nombreux clubs européens.
Et depuis 2018, il le fait dans la très (re)connue société MCI Sport. Celle-ci a ses bureaux à Genève et compte beaucoup de clients, y compris les plus prestigieux du continent comme le Paris Saint-Germain et Arsenal.
Le mois de juin coïncide avec le début de la préparation estivale pour la nouvelle saison, et donc avec les camps et matchs amicaux. «De fin juin à mi-août, c'est la période la plus intense pour nous», résume l'ex-latéral de Sion, Servette et Zurich, entre autres.
Car oui, avant d'accompagner toutes ces équipes et être aux petits soins pour elles lors de leurs voyages en Espagne, Portugal, Angleterre, Suisse ou encore Moyen-Orient, il faut planifier ces séjours et proposer les meilleures offres possibles. Et autant dire que le travail ne manque pas! Pour chaque dossier, Alain Gaspoz et sa petite dizaine de collègues multiplient les mails et les appels téléphoniques.
Car organiser des stages et des matchs nécessite de se coordonner avec de nombreux acteurs: du jardinier du stade à l'hôtelier, en passant par la compagnie de bus, la police locale ou le speaker. Et il faut faire attention à chaque détail. Alain Gaspoz donne un exemple:
La très grande partie du travail se fait évidemment en amont au bureau, mais des imprévus de dernière minute arrivent parfois sur le terrain. Et là, il s'agit d'être réactif. Très réactif, même. Et débrouille. Alain Gaspoz a rapidement pu s'en rendre compte, lors de son tout premier mandat dans ce métier en 2012.
A l'époque, il travaillait pour l'agence Matchworld, également basée en Romandie. «J'organisais un match amical à Soleure entre les équipes olympiques de Suisse et du Sénégal, juste avant les JO de Londres. Après la rencontre, vers 22h00, les Sénégalais devaient directement aller en bus à l'aéroport de Genève pour prendre un avion pour Londres», rembobine l'ex-latéral, qui ne s'attendait alors pas à avoir une puissante montée d'adrénaline...
Alain Gaspoz se marre au téléphone, depuis la Belgique où il habite (depuis 2011) et télétravaille. «Voilà, c'était ça mon baptême du feu!» Et il a été formateur pour le quadruple vainqueur de la Coupe de Suisse, qui a appris le métier en autodidacte, sur le terrain.
Et heureusement que le Valaisan avait déjà de la bouteille quand il a dû gérer une autre situation périlleuse. Il accompagnait alors un grand club français en stage de préparation au Portugal, sur le point de rentrer au pays. «J'attends toujours que l'équipe soit dans l'avion pour rentrer à l'hôtel», explique Alain Gaspoz. «Une fois dans ma chambre, je vois sur mon téléphone que j'ai un appel manqué du team manager. Je le rappelle et il me dit: "On n'a pas pu décoller, alors on va devoir passer la nuit ici. Il faut que tu nous trouves 60 chambres!"»
Le Romand saute dans sa voiture, file vers un hôtel proche de l'aéroport, avec lequel il a déjà travaillé, et implore la réceptionniste.
«- J'ai besoin de 60 chambres.
- Pour quand?
Maintenant!»
Alain Gaspoz rit et poursuit son récit:
Le secrétaire général de MCI Sport pourrait bien avoir de nouvelles anecdotes folles à raconter à la fin de l'été, puisque jusqu'à mi-août, il sillonnera l'Europe pour choyer les clubs qu'il accompagne. Il y a d'abord les stages de Servette à Crans-Montana puis du Lausanne-Sport à Divonne-les-Bains. Ensuite, trois voyages en Angleterre – au centre d'entraînement de l'équipe nationale – avec l'AS Monaco, le RC Lens et le FC Nantes, entrecoupés de déplacements aux Pays-Bas et dans le sud de la France.
Alain Gaspoz terminera sa folle tournée par un match amical à Mayence, en Allemagne, puis un autre à Rome le 16 août, «avec un gros club italien». Il pourra enfin souffler début septembre, après le bouclement de la paperasse.
Si l'ancien capitaine du FC Sion risque bien d'être sur les rotules à la fin de l'été, il serait certainement encore plus fatigué s'il ne mettait pas de limites aux demandes parfois farfelues de certains footballeurs. Car les organisateurs de stages doivent désormais composer avec un nouveau phénomène: les conciergeries privées des stars, payées pour assouvir le moindre désir (pour ne pas dire caprice) de ces dernières. «Un team manager m'a par exemple demandé si je pouvais faire réparer le téléphone d'un joueur», se souvient Alain Gaspoz.
Le Valaisan a quand même cédé une fois, parce qu'il a trouvé la demande d'une vedette particulièrement touchante et originale.
Comme autres évolutions notables dans le métier ces dernières années, Alain Gaspoz relève les exigences toujours plus accrues – depuis le Covid – des clubs «moyens», en termes d'infrastructures et d'hôtellerie («ils se calquent sur les grands clubs»), la diminution du nombre de stages en hiver (à cause des trêves toujours plus courtes) et le développement du marché au Moyen-Orient. «Les infrastructures et le service y sont de très bonne qualité et, désormais, les équipes européennes veulent se mesurer aux clubs locaux, qui ont progressé».
Alain Gaspoz n'accompagnera pas d'équipe cet été dans cette région du monde. Mais s'il s'y rend les prochaines années, il lui faudra sûrement nouer des contacts avec d'excellents pâtissiers, au cas où certains clients voudraient ramener des loukoums ou baklavas.