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Alain Gaspoz gère des camps et matchs avec MCI Sport

Alain Gaspoz félicité par Christian Constantin, lors de son dernier match pro en mai 2007.
Alain Gaspoz félicité par Christian Constantin, lors de son dernier match pro en mai 2007.

Cette ancienne gloire du FC Sion a un job hors du commun

Alain Gaspoz (55 ans) s'est reconverti dans l'organisation de stages de préparation et matchs amicaux pour les équipes pros. Un boulot palpitant, où les anecdotes croustillantes sont légion.
23.06.2025, 18:4723.06.2025, 18:47
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Alain Gaspoz est un homme très occupé ces jours. Et pour cause: l'ancien défenseur de Super League (55 ans) entame la période la plus chargée de l'année dans son job. Depuis douze ans, le Valaisan d'origine – qui a mis fin à sa carrière pro en 2007 – organise des stages de préparation et des matchs amicaux pour de nombreux clubs européens.

Et depuis 2018, il le fait dans la très (re)connue société MCI Sport. Celle-ci a ses bureaux à Genève et compte beaucoup de clients, y compris les plus prestigieux du continent comme le Paris Saint-Germain et Arsenal.

Le captain du FC Sion, Alain Gaspoz se rejouit dans le stade du Wankdorf a Berne apres la victoire de la coupe Suisse contre le BSC Young Boys , le lundi 17 avril 2006. (KEYSTONE/Olivier Maire)
Alain Gaspoz a remporté quatre Coupes de Suisse, dont trois avec Sion (1996, 1997 et 2006).Image: KEYSTONE

Le mois de juin coïncide avec le début de la préparation estivale pour la nouvelle saison, et donc avec les camps et matchs amicaux. «De fin juin à mi-août, c'est la période la plus intense pour nous», résume l'ex-latéral de Sion, Servette et Zurich, entre autres.

«Mais le travail s'intensifie déjà depuis mars»

Car oui, avant d'accompagner toutes ces équipes et être aux petits soins pour elles lors de leurs voyages en Espagne, Portugal, Angleterre, Suisse ou encore Moyen-Orient, il faut planifier ces séjours et proposer les meilleures offres possibles. Et autant dire que le travail ne manque pas! Pour chaque dossier, Alain Gaspoz et sa petite dizaine de collègues multiplient les mails et les appels téléphoniques.

Car organiser des stages et des matchs nécessite de se coordonner avec de nombreux acteurs: du jardinier du stade à l'hôtelier, en passant par la compagnie de bus, la police locale ou le speaker. Et il faut faire attention à chaque détail. Alain Gaspoz donne un exemple:

«L'un des premiers matchs amicaux qu'on organise cet été, c'est le déplacement d'Etoile Carouge le 5 juillet, qui va affronter Saint-Etienne à Andrézieux, en France. Les Genevois ont besoin d'un traiteur tout de suite après le match, car ils désirent un repas dans le vestiaire ou dans le bus. Du coup, je dois trouver un restaurant proche du stade, ce qui permet de respecter la chaîne alimentaire du froid ou du chaud.»

Coups de stress dans le bus et à l'hôtel

La très grande partie du travail se fait évidemment en amont au bureau, mais des imprévus de dernière minute arrivent parfois sur le terrain. Et là, il s'agit d'être réactif. Très réactif, même. Et débrouille. Alain Gaspoz a rapidement pu s'en rendre compte, lors de son tout premier mandat dans ce métier en 2012.

Alain Gaspoz avec le défenseur de Liverpool, Virgil van Dijk.
Alain Gaspoz avec le défenseur de Liverpool, Virgil van Dijk.image: instagram

A l'époque, il travaillait pour l'agence Matchworld, également basée en Romandie. «J'organisais un match amical à Soleure entre les équipes olympiques de Suisse et du Sénégal, juste avant les JO de Londres. Après la rencontre, vers 22h00, les Sénégalais devaient directement aller en bus à l'aéroport de Genève pour prendre un avion pour Londres», rembobine l'ex-latéral, qui ne s'attendait alors pas à avoir une puissante montée d'adrénaline...

«Tout à coup, le chauffeur du bus me dit qu'il ne peut pas amener l'équipe à l'aéroport, parce qu'il s'est trompé dans son calcul d'heures de travail et n'a plus le droit de rouler. J'ai alors sauté sur mon téléphone, appelé le directeur d'une agence de voyages que je connaissais en Valais. C'était déjà très tard le soir, mais il a réussi à me trouver un chauffeur qui habitait Neuchâtel et qui a pu venir nous dépanner, en amenant l'équipe du Sénégal de Soleure à Genève durant la nuit.»

Alain Gaspoz se marre au téléphone, depuis la Belgique où il habite (depuis 2011) et télétravaille. «Voilà, c'était ça mon baptême du feu!» Et il a été formateur pour le quadruple vainqueur de la Coupe de Suisse, qui a appris le métier en autodidacte, sur le terrain.

«Dans ce job, quand on est rodés et qu'on a les contacts, on trouve très vite des solutions. Mais pour quelqu'un qui débarque, il y a beaucoup de matière à emmagasiner»

Et heureusement que le Valaisan avait déjà de la bouteille quand il a dû gérer une autre situation périlleuse. Il accompagnait alors un grand club français en stage de préparation au Portugal, sur le point de rentrer au pays. «J'attends toujours que l'équipe soit dans l'avion pour rentrer à l'hôtel», explique Alain Gaspoz. «Une fois dans ma chambre, je vois sur mon téléphone que j'ai un appel manqué du team manager. Je le rappelle et il me dit: "On n'a pas pu décoller, alors on va devoir passer la nuit ici. Il faut que tu nous trouves 60 chambres!"»

Le Romand saute dans sa voiture, file vers un hôtel proche de l'aéroport, avec lequel il a déjà travaillé, et implore la réceptionniste.
«- J'ai besoin de 60 chambres.
- Pour quand?
Maintenant!»

Alain Gaspoz rit et poursuit son récit:

«C'était formidable de voir cette jeune stagiaire, timide, devenir d'un seul coup une vraie leader et convoquer en urgence toutes les femmes de ménage et le personnel disponible pour préparer le plus de chambres possibles. On a réussi à en trouver 45, ce qui satisfaisait l'équipe. Entre-temps, j'ai aussi dû dégoter un bus de remplacement pour ramener tout le club à l'hôtel. C'était vraiment chaud cette fois-là, mais c'était une belle satisfaction de résoudre ce problème aussi vite!»

Tour d'Europe et caprices sucrés

Le secrétaire général de MCI Sport pourrait bien avoir de nouvelles anecdotes folles à raconter à la fin de l'été, puisque jusqu'à mi-août, il sillonnera l'Europe pour choyer les clubs qu'il accompagne. Il y a d'abord les stages de Servette à Crans-Montana puis du Lausanne-Sport à Divonne-les-Bains. Ensuite, trois voyages en Angleterre – au centre d'entraînement de l'équipe nationale – avec l'AS Monaco, le RC Lens et le FC Nantes, entrecoupés de déplacements aux Pays-Bas et dans le sud de la France.

Alain Gaspoz terminera sa folle tournée par un match amical à Mayence, en Allemagne, puis un autre à Rome le 16 août, «avec un gros club italien». Il pourra enfin souffler début septembre, après le bouclement de la paperasse.

La présence sur le terrain (ici au Portugal), l'un des aspects du job d'Alain Gaspoz.
La présence sur le terrain (ici au Portugal), l'un des aspects du job d'Alain Gaspoz. image: instagram

Si l'ancien capitaine du FC Sion risque bien d'être sur les rotules à la fin de l'été, il serait certainement encore plus fatigué s'il ne mettait pas de limites aux demandes parfois farfelues de certains footballeurs. Car les organisateurs de stages doivent désormais composer avec un nouveau phénomène: les conciergeries privées des stars, payées pour assouvir le moindre désir (pour ne pas dire caprice) de ces dernières. «Un team manager m'a par exemple demandé si je pouvais faire réparer le téléphone d'un joueur», se souvient Alain Gaspoz.

«Mais on ne rentre pas en compte pour ce genre de requêtes, parce que si la réparation est mal faite, ça retombe sur notre entreprise. Et on doit aussi se préserver, pour éviter la surcharge de travail»

Le Valaisan a quand même cédé une fois, parce qu'il a trouvé la demande d'une vedette particulièrement touchante et originale.

«J'étais au Portugal, et le concierge d'une star d'un club français m'a appelé pour me demander si je pouvais trouver 20 pastel de nata, le fameux dessert, de haute qualité. Le joueur voulait en ramener à sa maman. J'ai accepté.»

Comme autres évolutions notables dans le métier ces dernières années, Alain Gaspoz relève les exigences toujours plus accrues – depuis le Covid – des clubs «moyens», en termes d'infrastructures et d'hôtellerie («ils se calquent sur les grands clubs»), la diminution du nombre de stages en hiver (à cause des trêves toujours plus courtes) et le développement du marché au Moyen-Orient. «Les infrastructures et le service y sont de très bonne qualité et, désormais, les équipes européennes veulent se mesurer aux clubs locaux, qui ont progressé».

L'OGC Nice de Dante a déjà fait appel aux services d'Alain Gaspoz et de MCI Sport.
L'OGC Nice de Dante a déjà fait appel aux services d'Alain Gaspoz et de MCI Sport.image: instagram

Alain Gaspoz n'accompagnera pas d'équipe cet été dans cette région du monde. Mais s'il s'y rend les prochaines années, il lui faudra sûrement nouer des contacts avec d'excellents pâtissiers, au cas où certains clients voudraient ramener des loukoums ou baklavas.

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