Le football féminin a profondément évolué au cours des dernières décennies: il est devenu plus rapide, plus technique, plus intense. Le jeu au plus haut niveau impose désormais des exigences physiques et tactiques accrues aux athlètes.
Avec cette professionnalisation, les attentes en matière d’équipement et de matériel augmentent elles aussi. Pourtant, un élément essentiel est longtemps resté inchangé: les chaussures de football. Aujourd’hui encore, la plupart des joueuses évoluent avec des modèles initialement conçus pour des pieds masculins – avec des conséquences sur le confort, les performances, et même la santé.
Adidas entend mettre fin à cette situation. Après plusieurs années de recherche, le géant des articles de sport annonce un tout nouveau modèle innovant – spécifiquement adapté aux besoins des footballeuses.
Le modèle F50 Sparkfusion a été conçu à partir d’une base de données colossale, compilant pendant plus de dix ans des données anatomiques, des scanners et des retours d’expérience de joueuses de tous niveaux.
Adidas a travaillé en étroite collaboration avec des athlètes de haut niveau, dont Jule Brand, Trinity Rodman, Linda Caicedo, ainsi que des clubs comme Arsenal Women et le Real Madrid Femenino.
Dans son communiqué, la marque aux trois bandes explique que le pied féminin présente en général «un talon plus étroit, une voûte plantaire plus marquée et un volume plus important au niveau du métatarse» que le pied masculin.
Sur cette base, Adidas a développé une forme de chaussure sur mesure. Ce design vise à offrir «un meilleur maintien», «plus de confort» et à faciliter «des changements de direction plus rapides». Or, selon Adidas, ces changements rapides sont justement l’une des principales exigences du football féminin moderne.
Le groupe insiste: le modèle F50 Sparkfusion ne se contente pas d’être ergonomiquement mieux adapté – il apporte aussi des gains de performance mesurables. Lors de tests, les joueuses professionnelles ont obtenu de meilleurs résultats dans les exercices d’agilité qu’avec des modèles unisexes.
Trinity Rodman, membre de l’équipe nationale des Etats-Unis, déclare dans le communiqué d'Adidas:
Jule Brand, elle, confirme avoir «ressenti une vraie différence à l’entraînement».
D’un point de vue médical également, il est pertinent d’adapter les chaussures aux spécificités physiologiques des joueuses. Celles-ci sont en effet bien plus sujettes aux ruptures du ligament croisé antérieur du genou que leurs homologues masculins.
Selon Zoran Bahtijarevic, médecin de l’UEFA, cela s’explique notamment par l’angle entre le fémur et le bassin, qui diffère entre les femmes et les hommes. Ce paramètre engendre «des sollicitations différentes sur le genou», explique-t-il sur le site de la «DFB-Akademie».
Un déséquilibre musculaire contribue également au risque: les femmes présentent souvent une musculature plus développée à l’avant de la cuisse qu’à l’arrière, ce qui favorise la translation du tibia – un mouvement qui sollicite fortement le ligament croisé antérieur.
Idéalement, la chaussure devrait aussi contribuer à prévenir ce type de blessure. Le prix d’une paire de ces crampons innovants variera entre 60 et 250 euros. Il faudra désormais être attentif et voir si des footballeuses de l'Euro 2025 en Suisse (2 au 27 juillet) portent ce nouveau modèle.
Adaptation en français: Yoann Graber