Le sport s'apprête à reprendre ses droits à Valence. La «Cité du running» organise ce week-end sa traditionnelle épreuve de 42 kilomètres 195, une course particulièrement plate, propice aux records et qui conteste à Berlin le titre de marathon le plus rapide du monde.
Il y a encore cette année un plateau de rêve sur les bords de la Méditerranée. Les Ethiopiens sont au rendez-vous. Sisay Lemma, quatrième meilleur performeur de l'histoire, compte bien abaisser son record personnel de 2h01'48 réalisé sur ce même parcours l'an passé. Il sera accompagné par l'inusable Kenenisa Bekele et par trois autres compatriotes, ayant tous déjà couru sous les 2h05. Or l'événement se tiendra dans un contexte particulier, et pas parce que le Suisse Tadesse Abraham, détenteur du record national en 2h05’01, vivra à Valence son dernier marathon en tant qu'athlète professionnel.
Les intempéries dévastatrices survenues fin octobre sont encore dans toutes les mémoires. Elles n'ont cependant pas conduit à l'annulation de la course. La direction a officialisé mi-novembre le maintien de l'épreuve, car le centre historique n'a pas été dévasté, et parce que la ville doit redorer son image à l'international et aller désormais de l'avant. «Heureusement, comme c'est toujours le cas après une tempête, vient le moment du lever du soleil. C'est pourquoi nous voulons vous dire que le 1ᵉʳ décembre, Valence vous attendra pour célébrer un marathon qui sera bien plus qu'une course», a fait savoir l'organisation dans un communiqué.
Le marathon de Valence joue depuis plusieurs années un rôle important dans l'économie locale. C'est aussi pour cela qu'il est maintenu. Il tombe même à point nommé pour les hôteliers, les restaurateurs et tous ceux qui profitent habituellement du tourisme et qui, ces dernières semaines, ont subi une baisse de fréquentation. 35'000 participants sont attendus sur la ligne de départ.
L'épreuve revêtit également, et c'est nouveau, un caractère solidaire. Les organisateurs se sont engagés à verser trois euros en faveur de la reconstruction pour chaque finisheur, et ont appelé les sponsors à en faire autant. Les coureurs sont eux aussi invités à effectuer des dons. Ils serviront à financer des infrastructures sportives dans les zones touchées par les innondations.
L'heure sera bien sûr à l'hommage aux victimes tôt dimanche matin dans le cadre époustouflant de la Cité des Arts et des Sciences, site de départ de l'épreuve. La course sera ensuite remplie d'émotion, pour les spectateurs présents sur la route, qui retrouveront un semblant de vie, et de nombreux coureurs amateurs, en particulier les locaux.
Certains ont été directement impactés par la catastrophe, comme l'explique le média espagnol Las Provincias. Autant dire qu'ils ont eu une préparation chaotique et que la passion pour la course à pied est devenue quelque peu secondaire. «J'avais décidé que ce serait le dernier, puisque j'ai 42 ans, et pourtant, j'ai cru que je n'allais pas pouvoir le courir, après des journées de 12h à 14h passées à retirer la boue», raconte un homme qui, malgré son cruel manque d'entraînement, tient à honorer sa participation en hommage aux victimes.
Du bitume à la boue. C'est d'habitude dans ce sens que cela fonctionne, les «routards» se mettant au trail. Or pour cet amateur valencien et d'autres, le chemin se fait aujourd'hui en sens inverse. Après la boue ayant envahie les rues et les maisons, retour au bitume et à des conditions météorologiques clémentes. Une dizaine de degrés dimanche en matinée et un ciel partiellement nuageux: le rêve de tout marathonien.