Dimanche, Mads Pedersen a remporté une superbe édition de Gand-Wevelgem en utilisant à la fois ses jambes et sa tête. Les premières lui ont permis de partir en échappée avec le champion du monde néerlandais Mathieu Van der Poel, la seconde de battre son adversaire dans le sprint final.
La partie était pourtant loin d'être gagnée, car si Mads Pedersen est rapide, Mathieu Van der Poel est plutôt du genre explosif, si bien qu'il est capable de déposer n'importe lequel de ses adversaires d'une furieuse accélération. La seule chance pour le Danois d'avoir un avantage sur le Néerlandais était donc de lancer son sprint de loin. Et c'est exactement ce qu'il a fait. Pedersen a démarré tellement tôt qu'il a surpris les commentateurs de La chaîne L'Equipe en direct: «Incroyable de lancer ce sprint d'aussi loin! Mads Pedersen est-il en confiance ou a-t-il peur, redoute-t-il la remontée de Mathieu Van der Poel?»
Il y avait sans doute un peu des deux. «Je devais croire en mon sprint long pour ne pas être surpris d’un démarrage de sa part et subir un écart», a analysé le vainqueur, avant de revenir sur toute la complexité du problème posé par Van der Poel: «On est un peu sous pression quand on doit sprinter contre lui dans une arrivée à deux. C’est le champion du monde, il est l'une des plus grandes stars du peloton, et il est super fort.»
Si Mads Pedersen est parvenu à être encore plus fort, c'est parce qu'il avait très bien appris sa leçon. Car comme le rappelait un internaute dimanche soir déjà, deux autres coureurs s'étaient retrouvés en un contre un face à Van der Poel et c'est aussi en partant de très loin qu'ils avaient pris le meilleur sur le Néerlandais aux cuisses d'airain.
L’Érythréen avait remporté sa première étape en Grand Tour à Jesi. Il s'y était imposé à la suite d'un sprint de 400 mètres (!) face à «MVDP», lequel avait fini par craquer.
La suite avait été moins glorieuse pour Biniam Girmay, puisqu'il avait dû abandonner après s'être blessé à l'oeil en ouvrant la bouteille de champagne sur le podium.
À Audenarde il y a trois ans, Mathieu Van der Poel était clairement le meilleur finisseur des deux sur le papier, mais il a été surpris par Kasper Asgreen après un emballage final long de 250 mètres. «Je me sentais tellement bien à la fin, que j'ai décidé d'attendre le sprint, a jubilé le Danois. Je me suis calé dans la roue de Mathieu et j'ai démarré quand je l'ai décidé.»
Cela paraît simple, mais faire craquer Van der Poel ne l'a pas toujours été. Un évènement a tout changé dans la façon qu'ont les coureurs d'aborder un sprint à deux contre le petit-fils de Raymond Poulidor. Il a eu lieu en octobre 2020 sur le Tour des Flandres. Lors de cette édition, Wout Van Aert est arrivé au sprint avec le Néerlandais, mais a perdu, car il a trop tardé avant de tenter de surprendre son rival à 200 mètres de la ligne. Une distance bien trop courte face à la puissance redoutable de «MVDP».
Wout Van Aert a regretté son choix par la suite, et il semble que, depuis, les coureurs ont retenu la leçon.