Le Portugal a réussi un fantastique parcours lors du Mondial de handball qui s'est achevé ce dimanche. Première de son groupe lors du tour principal, la seleção lusitanienne a réussi l'exploit d'éliminer l'Allemagne en quart de finale, avant d'échouer en demi contre le Danemark puis lors de la petite finale face aux Français (35-34).
Beaucoup ont été surpris par le parcours des «Herois do Mar» («Héros de la mer», le surnom des Portugais), mais pas Thierry Anti. «J'avais même dit à mes amis de parier sur le Portugal en quart de finale», nous raconte celui qui a entraîné la section handball du Sporting Lisbonne en 2019/2020.
Quel est donc le secret des Lusitaniens pour s'affirmer soudain au plus haut niveau?
Surtout, le Portugal a su faire grandir ses pépites grâce à un système bien rôdé. «Beaucoup de clubs satellites ont été créés autour des trois grandes équipes du pays (Sporting, Benfica et Porto), souligne l'expert. Celles-ci recrutent des jeunes pépites, qu'elles prêtent ensuite dans d'autres clubs pour qu'elles aient du temps de jeu. Il n'est ainsi pas rare que des garçons de 18-20 ans jouent une heure par match de championnat face à des adultes, ce qui est très formateur.»
Ces éléments très prometteurs ont grandi au contact de plusieurs Cubains naturalisés, des joueurs qui ont intégré des équipes du championnat portugais (notamment Porto) avant d'obtenir un passeport pour jouer en sélection.
C'est justement parce qu'il a senti que «quelque chose se passait au niveau du hand portugais» que le Français avait choisi d'entraîner le Sporting en 2019 déjà. Sur place, il a découvert un championnat amateur «à hauteur de 60, 70%, se remémore-t-il. C'est encore le cas aujourd'hui. Les deux tiers des clubs s'entrainent le soir et ne peuvent pas beaucoup payer leurs joueurs. On parle de 1000 euros, 1500 dans certaines équipes. Mais les meilleurs du championnat peuvent gagner entre 8000 et 10'000 euros mensuels.»
Notre interlocuteur rappelle que le hand portugais revient de loin.
Plusieurs clubs lusitaniens ont brillé en Coupe d'Europe et même si le championnat ne grandit pas au rythme de la sélection, Thierry Anti, finaliste de la Ligue des champions avec Nantes, s'attend à ce que la 4e place au Mondial suscite des vocations. «A l'époque, il n'y avait pas de locomotives pour encourager les jeunes à progresser. Désormais, c'est différent. Les espoirs ont vu les internationaux briller au Championnat du monde, ça va les pousser à faire plus et mieux.»
Un très bel horizon s'ouvre devant les «Héros de la mer».