Le vendredi 15 août, suite à la défaite contre Rennes (1-0), une altercation aussi surprenante que virulente, selon les informations qui ont filtré, éclate entre Jonathan Rowe et Adrien Rabiot dans les vestiaires. Et voilà que le stratège phocéen voit son nom sur la liste des transferts – pour 15 millions d'euros.
Une annonce choc en guise d'ascenseur émotionnel. Et l'encre coule à flot dans la presse. Le journal L'Equipe titrait sa une du jour: «L'affaire Rabiot». Plus qu'une affaire, c'est un dossier Rabiot qui graisse la mécanique branlante de l'institution marseillaise.
Rabiot, lui qui avait les clés du club, lui qui pesait dans l'entrejeu pour enfin donner sa pleine mesure. On n'y croyait pas: le profil du joueur de 30 ans colle avec l'ambiance électrique du stade Vélodrome. Les supporters l'ont même couronné meilleur joueur de l'exercice 2024/2025 et le voilà bombardé leader d'un OM tout neuf pour briller.
Mais de héros à zéro, il n'y a qu'un pas, ou un coup porté.
L'exigeant coach Roberto De Zerbi et le directeur sportif Mehdi Benatia ont tranché: Rabiot ne compte plus dans l'effectif, alors que le 9 août, le meneur de jeu évoquait son désir de durer au sein du club. Surtout, il appuyait sa bonne entente avec l'encadrement. «Les discussions se sont très bien passées, que ce soit Pablo Longoria, Medhi Benatia ou les gens autour, nous avons été unanimes: la meilleure chose était de rester», insistait-il dans La Provence, concernant des rumeurs qui l'envoyaient dans une autre formation.
Tout va très vite dans le football. Et l'OM va (tout) droit au but.
Selon les bruits de couloir, après son excellente saison 2024/2025, Roberto De Zerbi pointait un état d'esprit qui aurait changé ces derniers temps avant ce pétage de plombs dans les vestiaires.
Une thèse que l'avocat du joueur, Romuald Palao, balaie d'un revers:
Sauf que Rabiot n'est pas à son coup d'essai: sa lettre à Didier Deschamps pour refuser son statut de réserviste en équipe de France avant la Coupe du Monde 2018, ces innombrables épisodes au PSG. «Le Duc» préférait s'en remettre à sa mère et agent, Véronique Rabiot. Elle lui dégotera un plan en Serie A, sous le tricot de la Juventus. Il y jouera de 2019 à 2024.
Là aussi, le trentenaire n'en fera qu'à sa tête, toujours habitué aux fracas. A Turin, son comportement avait irrité les instances, comme ce refus catégorique de baisser son salaire lors de la crise sanitaire du Covid-19. S'enchaîne une grève personnelle du joueur, alors que la Juve le sermonnait et pointait un manque de professionnalisme de son protégé. L'affaire s'est tassée et le Français a réussi à s'imposer comme un titulaire dans le onze de la «Veille Dame».
Toutefois le kop turinois a grogné concernant son manque d'implication et ses caprices à répétition. Au début de l'année 2025, Rabiot n'a pas échappé au récent tacle de Mark Iuliano, ancienne gloire de la Juventus, sur TV Play:
Alors qu'on croyait le joueur rasséréné dans un club où la tempête souffle souvent fort, on pensait alors que la Canebière était le nouvel eldorado du bonhomme. Mais comme chacun le sait, à Marseille, la gloire est éphémère; les crises de nerfs sont incessantes et pléthoriques à vous en faire péter un boulon.
Mais de là à mettre la pierre angulaire du club à la porte? Selon le président Pablo Longoria, cet événement «a dépassé les limites acceptables dans un club de football». Bien qu'il reste difficile de décrypter le malaise, le divorce abrupte entre le numéro 25 et l'état major phocéen questionne. Surtout que Longoria clamait face caméra, dans le documentaire Sans jamais rien lâcher:
Le président olympien paraît comme hébété, comme choqué par un tel flot de violence au sein de son équipe. De l'autre, L'Equipe indiquait dans son édition de mercredi que les discussions sur la prolongation de contrat étaient au point mort. En utilisant cette bagarre, est-ce une manigance pour se faire un peu d'argent pour éviter de le voir partir libre à la fin de saison? A chacun son hypothèse. Mais il reste difficile de tout cerner dans un club qui incarne le désordre naturel.
D'autres voix s'élèvent encore dans la presse française pour évoquer qu'aucun joueur n'est au-dessus du club, même son virtuose.
Ou, est-ce que Véronique Rabiot, connue pour être dure en affaires, est à nouveau apparue en coulisses pour semer son grain de sel concernant le contrat de son fils prodigue? Elle ne serait pas à son coup d'essai. Rappelons que Manchester United l'aurait qualifiée de «folle» après des négociations difficiles.
Toujours est-il que ce nouveau psychodrame s'ajoute à la longue liste des frasques d'Adrien Rabiot, souverain et élégant sur la pelouse, mais champion du dérapage hors des terrains. Il lui reste 12 jours pour éviter le naufrage à la suite de son départ forcé du Vieux-Port. L'AC Milan et l'Inter Milan sont sur les rangs. Plus drôle encore, Jonathan Rowe devrait s'engager avec Bologne. Les retrouvailles risquent d'être sympathiques.