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Cette écharde a mis KO les fans de MMA (et moi avec)

Dans l'incompréhension générale, Baki est donné vainqueur par l'arbitre par TKO.
Dans l'incompréhension générale, Baki est donné vainqueur par l'arbitre par TKO.image: watson / dr
Humeur

L'écharde qui a mis KO la grande gueule du MMA

Le combat tant attendu du MMA français entre Cédric Doumbé et Baysangur Chamsoudinov, alias Baki, n'a pas vraiment eu lieu. Une écharde, une pause-tabouret, et un arbitre qui déclare le Français d'origine tchétchène vainqueur dans l'incompréhension générale. Entre Paris et Lausanne, récit d'une soirée qui s'est terminée en eau de boudin.
08.03.2024, 17:4109.03.2024, 06:50
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Il avait annoncé une victoire rapide. Un KO dès le premier round. La «Doumbé ambulance» et la chambre d'hôpital étaient prêtes pour son adversaire. Cédric Doumbé, cinq combats en MMA, cinq victoires, cinq fois par KO, chambrait son rival depuis des semaines sur les réseaux sociaux.

«Baki, je te demande juste cinq minutes de ton temps»
Cédric Doumbé dans l'une de ses dernières vidéos YouTube.

Au final, le grand duel entre les deux Français, main event de cette deuxième soirée PFL à Paris, n'a pas réellement eu lieu. Peut-on dire le contraire, quand on sait que c'est une écharde qui a mis un terme au combat? Mesdames et messieurs, la réponse est dans la question. NON, NON et NON.

Une bière, trois rounds, une écharde et un TKO

Dans le bar du Bulldog, à Lausanne, où j'assiste au combat sur les douze mille grands écrans, tout le monde trépigne. Un bonhomme très impatient tapote sur le comptoir en attendant sa bière et que le duel entre Doumbé et Baki commence.

«La bagarre, la bagaaaaarre!»
Le bonhomme très impatient.

A la table où je me trouve avec mon frère et des amis à lui, on espère tous voir un combat un peu plus long qu'en septembre dernier, lorsque Cédric Doumbé avait mis Jordan Zébo KO en neuf secondes. On n'avait même pas eu le temps de boire une gorgée de bière que le pauvre Zébo était déjà parti dans le pays des songes.

Ça y est, il est 22 heures 50 environ, le premier round démarre. Baki met Doumbé à terre à plusieurs reprises. Tiens, tiens, ça ne s'annonce pas comme on l'imaginait, pour le moment. «J'aime pas ce sport en fait, on dirait qu'ils dansent ou qu'ils se font des câlins, c'est chiant», me souffle (enfin, me hurle) ce collègue de boulot que j'ai traîné avec moi.

Deuxième round, Doumbé se montre plus offensif. Mais toujours pas le KO promis. Ça s'envoie quelques gorgées de bière. Mon collègue a l'air de s'emmerder ouvertement, même mon frère et ses potes n'ont pas l'air aussi passionnés que d'habitude.

Bon, le troisième et dernier round sera, forcément, plein de promesses, il doit être celui qui va départager les deux combattants. Mais à peine une minute et des brouettes après le début de ce round, carrrramba. C'est le gros orteil gauche de Doumbé qui attire tous les regards. L'arbitre fait un signe de croix avec ses bras, il arrête le combat. On n'a jamais vu un zoom aussi gros sur un pied. Plus personne ne comprend rien. A Paris comme à Lausanne, on se cache le visage dans les mains.

Le présentateur s'emballe:

«What's going on, what's going on here? An injury to the toe?!»
«Que se passe-t-il, que se passe-t-il ici? Une blessure à l'orteil?!»

Serait-ce une fracture ouverte? Un membre déboîté? Ou pire encore...?! Le suspense est insoutenable, la tension est palpable. A l'écran, sur un tabouret aussi orange vif que la tête du type dépité à côté de moi, l'athlète montre son bobo. Une écharde.

Le combat ne reprendra pas. Dans l'incompréhension générale, Baki est donné vainqueur par l'arbitre par TKO, soit une manière assez nulle de gagner, surtout quand la raison est... une écharde. Le pauvre Baki, qui voulait en découdre, n'y peut rien. Sa victoire, à la saveur aigre-douce, est prononcée.

Différence entre KO et TKO
Pour qu'une victoire par KO soit annoncée, il faut que le combattant défait soit inconscient (KO = «knock out»). Dans le cas d'un TKO («technical knock out»), le perdant est encore conscient, mais déclaré par l'arbitre comme n'étant plus en capacité de se battre. Les combattants préfèrent toujours une victoire par KO, car plus spectaculaire, mais aussi parce qu'elle permet de gagner quelques billets supplémentaires.

On est OUTRÉÉÉÉS et on veut la revanche

J'ai beau expliquer à mon collègue que «normalement, je te jure, c'est cool», c'est mort. On s'en va. On n'est pas les seuls, le bar se vide des spectateurs outrés par ce qu'ils viennent de voir.

«Trois heures à boire des verres pour ça, c'est un scandale. L'arbitre a manqué de respect à tout le monde en arrêtant le combat. Les deux, ça se voyait, ils étaient chauds à continuer la bagarre.»
Un Lausannois aviné reconverti en commentateur sportif à la sortie du bar.

On a quand même envie de donner raison à ce bonhomme à la sortie du bar, en rentrant à travers le Flon. C'est d'ailleurs ce que Doumbé expliquera devant la presse, avec plus ou moins de fair-play:

Plus ou moins de fair-play aussi dans la manière de se chambrer post-combat. Baki, un peu plus discret sur les réseaux sociaux avant la bagarre que Doumbé-le-pro-du-trashtalk, saura vite se rattraper en singeant les punchlines de son adversaire et ses fameux «angles morts»:

Interrogés par Le Parisien à la sortie de l'Accor Arena de Paris, les spectateurs ont refait le match et réclamé d'ores et déjà une revanche. On les comprend. Au Flon, on est dans le même état de désarroi que certains d'entre eux.

«Combat retour, un combat retour, wallah, chuis trop énervé»
Un spectateur wallah trop énervé.
@leparisien Doumbè et Baki se provoquaient depuis de longues semaines. Après un face-à-face particulièrement intense ce mercredi, ils se sont défiés dans la cage du PFL jeudi soir, en plein centre de l’Accor Arena. Baki l'a emporté par arrêt de l'arbitre au troisième round, son adversaire se plaignant d’une écharde dans le pied. #baki #doumbè #MMA ♬ son original - Le Parisien

Au moins, les deux sportifs sont d'accord sur ce point: l'issue de «la bagarre» est décevante. Encore dans la cage, Doumbé appelle à refaire ce combat, et réitère en conférence de presse:

«Je pense que le public a envie de voir un combat entier et c’est frustrant pour lui comme pour moi. Pour moi, c’est une défaite, et pour lui, ce n’est pas une vraie victoire. Il faut un vrai combat»
Cédric Doumbé, en point presse après «la bagarre».

Interrogé également au sujet d'un match retour, Baysangur Chamsoudinov, alias Baki, joue à ni oui ni non «sauf s'il y a du pognon».

«J'ai que 22 ans, je viens de faire un main event devant 20 000 personnes en affrontant la plus grosse star du MMA en France [...]. Je l’ai battu alors que tout le monde pensait que j’allais perdre. Je vais passer à la suite. On pourra peut-être faire une revanche mais il faudra aligner les billets.»
Baki, après «la bagarre».

L'écharde de la discorde

Mais d'où a bien pu débarquer cette foutue écharde qui nous a pourri la fin de soirée? «SERAIT-CE UN COMPLOT?», me demande mon collègue qui se fout de moi. Mmhh. L'explication est peut-être à chercher du côté de Doumbé lui-même.

On rembobine. Mars 2023, sur le réseau social qui s'appelait encore Twitter, un internaute interpelle le sportif sur le pourquoi du comment de ses pieds crados.

Image

Car la cage, en MMA, peut vite devenir très glissante, encore plus en fin de soirée, quand la sueur, la bave et le sang (bon appétit) des combattants précédents se sont répandus. Doumbé n'est pas le seul à employer cette technique pour s'assurer de glisser un peu moins dans les fluides des autres.

Mais qui dit colle, dit aussi - forcément - poussières et autres joyeusetés sous les pattes. C'est donc peut-être le sportif lui-même qui a ramené la fameuse écharde dans l'octogone.

Pour le combat retour, dans la presse française ce vendredi, on évoque le 17 mai, puisque le Bellator (deuxième plus grande organisation de MMA derrière l'UFC) reviendra à Paris, à l’Accor Arena. Plus vraisemblablement, le duel pourrait se tenir plus tard dans l'année car le PFL reviendra encore une fois en France en 2024. Parce que bon, moi aussi «wallah, chuis trop énervée». Vivement le match retour.

Retour sur le Salon de l'Auto avec des images d'archives:

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Retour sur le Salon de l'Auto avec des images d'archives:
Un top model présente la Lamborghini Bertone 500 au 41e Salon international de l'automobile de Genève, le 10 mars 1971.
source: photopress-archiv / str
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