Peu après sa victoire historique à l'Open d'Australie, Jannik Sinner a pensé très fort à Hanspeter et Siglinde. «J'aimerais que tout le monde puisse avoir des parents comme les miens», a-t-il dit. Nous étions dimanche, et mercredi, c'est d'un autre parent de joueur dont il a été question: Aneke, mère et manager d'Holger Rune, a annoncé sur la chaîne de télévision publique danoise que la collaboration entre Séverin Lüthi et son fils était terminée. «Le timing avec Séverin n’était pas optimal», a asséné la maman.
En trois jours seulement, deux joueurs du top 10 mondial (Sinner est 4e et Rune 7e) ont donc projeté leurs parents dans la lumière, mais de manière bien différente: alors que l'Italien a choisi lui-même d'évoquer ses géniteurs, le Danois a laissé sa mère s'exprimer publiquement sur sa carrière.
À cette différence de forme s'en est ajoutée une autre de fond. Si Jannik Sinner s'est dit aussi reconnaissant envers Hanspeter et Siglinde, c'est pour la liberté qu'ils lui ont accordée, et qui a fait de lui un homme et un champion épanoui.
Holger Rune a eu lui aussi la chance de se consacrer à une autre discipline (le skateboard). Mais alors que Jannik Sinner a coupé le cordon à 14 ans, soit l'âge auquel il a quitté la maison pour rejoindre la célèbre académie de Riccardo Piatti sur la côte ligure («j'ai dû grandir rapidement, cuisiner moi-même et faire la lessive»), le Danois ne s'est jamais complètement détaché de sa mère, dont il a fait sa manager.
La NZZ pense d'ailleurs qu'elle pourrait être à l'origine de l'éviction de Séverin Lüthi. «Ce ne sont pas des problèmes de compétence entre Becker et Lüthi qui ont conduit à la fin rapide de la collaboration entre le Bernois et le joueur danois. La mère de Rune, Aneke, a manifestement eu du mal à se retirer», écrit le quotidien alémanique, ajoutant ensuite:
Quand les parents de Jannik Sinner suivent la finale de l'Open d'Australie depuis leur maison du Tyrol du Sud, Aneke est de tous les déplacements de son fils. «Elle me suit sur tous les tournois. Elle est la seule qui sache vraiment ce dont j'ai besoin, ce que je ressens sur un terrain, racontait le tennisman en 2022 à Roland-Garros. Elle est capable de me calmer, de me renvoyer la meilleure version de moi-même sur le court.»
Avec des parents aussi différents, Jannik Sinner et Holger Rune ont forcément dû répondre à des attentes distinctes lorsqu'ils étaient plus jeunes. L'Italien a d'ailleurs rappelé dimanche qu'Hanspeter et Siglinde ne lui avaient jamais mis la pression.
Aneke Rune est peut-être géniale elle aussi. Elle n'a jamais imposé le tennis à son fils, mais une fois que ce dernier a choisi cette voie, il a dû l'emprunter très sérieusement. C'est ce qu'elle expliquait dans les colonnes de L'Equipe il y a deux ans:
Le seul point commun entre les Rune et les Sinner, c'est finalement l'amour qu'ils portent à leur enfant, même s'ils l'expriment de façon bien différente. «Ce qui fait un bon parent? C'est aimer ses enfants, les écouter et être là quand ils ont besoin de nous», croit fermement Aneke Rune. Hanspeter et Siglinde ne l'auraient pas mieux dit.