Crans-Montana a honoré une icône du sport suisse
«Je ne joue pas la victoire: elle est un peu trop loin pour moi», déclarait Nino Schurter avant sa toute dernière course aux Championnats du monde, dimanche à Crans-Montana.
Force est de constater que le vététiste le plus titré de l’histoire ne s'est pas trompé. Mal parti, il n'a jamais véritablement pu se mêler à la lutte pour le Top 10.
Mais qu’importe. «Je veux juste essayer de profiter de la course», confiait-il encore avant l’épreuve, lucide sur ses chances à 39 ans, et bien conscient qu’il ne fallait pas espérer de miracle.
Finalement, rester derrière n'a pas été une si mauvaise idée pour Nino Schurter: «Si j’étais parti pour jouer la victoire, j’aurais eu cette petite voix me demandant ce qui aurait été encore possible de faire». Autrement dit, il valait mieux tourner la page sereinement, sans regrets ni faux espoirs, tout en profitant au maximum du public acquis à sa cause.
Réconforté par Mathieu van der Poel
S’il n’a pas signé de résultats majeurs cette saison, Nino Schurter se trouvait tout de même en excellente compagnie sur la ligne de départ. Et pour cause: le Grison était aligné aux côtés de la superstar Mathieu van der Poel.
Le Néerlandais est venu à Crans-Montana avec l’ambition de décrocher un quatrième titre mondial dans une quatrième discipline, après ceux glanés sur la route, en cyclo-cross et en gravel.
Mathieu van der Poel a mieux démarré que Schurter, restant longtemps dans le top 10, avant de perdre progressivement du terrain. Comme Schurter.
29e au classement final, «MVDP» devra retenter sa chance s’il veut, un jour, enfiler le maillot arc-en-ciel en VTT. Mais cet échec en Valais ne l'a visiblement pas affecté. Il faut dire qu’à chaque passage, le public l’a chaleureusement acclamé, et à l’arrivée, il a été accueilli presque comme un véritable champion du monde. A se demander s'il n'est pas Suisse.
Mais avant tout cela, une image a marqué les esprits au départ: celle de Mathieu Van der Poel réconfortant Nino Schurter. En hommage au champion suisse, les organisateurs venaient alors de diffuser une vidéo retraçant les moments forts de sa carrière. «Courir une course en étant aussi émotif, ça ne marche pas. J’avais les voies respiratoires complètement bloquées», a confié après coup le Grison.
Honoré par Frischknecht et les autres
Nino Schurter a continué d’être mis à l’honneur dans la station valaisanne en remettant plus tard les médailles au champion du monde sud-africain Alan Hatherly, ainsi qu’à Simone Avondetto et Victor Koretzky, respectivement deuxième et troisième de la course.
Puis, la scène a été entièrement dédiée à ce maître incontesté du VTT, champion olympique, vainqueur de 36 manches de Coupe du monde et détenteur de 10 titres mondiaux. C’est alors que Thomas Peter, directeur de Swiss Cycling, a mis en lumière un chiffre symbolique: 8 045 jours se sont écoulés entre la première et la dernière course mondiale du Suisse.
Thomas Frischknecht et d’autres compagnons de route lui ont enfin offert un puzzle portant l’inscription: «Together we raced – and won a lot», soit en français: «Nous avons couru ensemble et gagné beaucoup». Emu, Schurter s’est adressé à la foule rassemblée à Crans-Montana: «La boucle est désormais magnifiquement bouclée».