Une magnifique course de huit jours entre Frauenfeld et Andermatt, une couverture chaque jour en direct sur les chaînes nationales, les meilleures équipes de la planète, un chrono, des étapes de plaine et de montagne: le spectacle sera beau sur les routes de notre pays. Mais assez parlé du Tour de Suisse masculin. La version féminine se disputera pour la première fois depuis longtemps ce week-end et elle ne ressemblera pas vraiment à l'image qu'on se fait d'une boucle nationale. Jugez plutôt.
La lecture du programme interroge: doit-on se réjouir qu'une épreuve dite nationale voie enfin le jour pour les coureuses, ou au contraire s'étrangler devant ce qui s'apparente clairement à un manque de respect fait aux femmes? On a posé la question au directeur de la course. Olivier Senn dit:
La course bénéficie d'un fort élan politique et du soutien financier de Swiss Cycling (le budget de la manifestation dépasse les 400 000 francs). 102 coureuses de 17 équipes seront au départ. Toutes les meilleures ne seront pas là, certaines équipes étant déjà alignées de longue date sur une autre épreuve, mais les stars suisses comme Jolanda Neff, Marlen Reusser et Elise Chabbey ont répondu présentes.
Mais quelle importance accorder à ce Tour de Suisse raboté? Quelle valeur aurait une victoire? Elise Chabbey est la mieux placée des trois pour décrocher une étape, voire le général. Elle ne sous-estime pas l'épreuve. «Un succès aurait une énorme valeur. Le plateau est relevé. Je serais hyper contente de remporter une étape.»
Les coureuses semblent être moins vertes de rage que d'espoir. «C'est pour moi une chance d'avoir une compétition féminine en Suisse, même sur deux jours, car c'est un premier pas vers un format plus important, témoigne solennellement Marlen Reusser. À l'avenir, on pourrait imaginer plusieurs étapes supplémentaires avec un contre-la-montre.» «Il serait judicieux également que la course soit recensée comme une épreuve World Tour (ndlr: la première division du circuit cycliste) et non plus comme une 2.1 (ndlr: la catégorie inférieure)», souligne Elise Chabbey.
Grandir, dans le temps et l'espace, c'est aussi le souhait du directeur Olivier Senn. «La course doit ressembler à celle des garçons», dit-il.
Des discussions sont déjà menées avec l'Union cycliste internationale (UCI) pour que l'édition 2022 élargisse à la fois son calendrier et son horizon.