On dit souvent que les Jeux olympiques sont le rêve de nombreux athlètes, et peut-être même une obsession. On raconte aussi qu'ils sont le point culminant de quatre années de sueur et de souffrance, passées pour certains dans l'anonymat. Il paraît enfin que lorsque les sportifs ont la chance de disputer les JO, ils sont tellement pris par l'évènement qu'ils en oublient de profiter.
Mais tout ceci est-il vrai? Un athlète romand vient de répondre à cette question en publiant un message très touchant sur les réseaux sociaux (il est visible au pied de cet article).
Ce sportif, c'est Adrien Briffod. Un triathlète vaudois de 31 ans qui a participé à ses premiers JO, l'an dernier à Paris. Sur son compte Facebook, l'athlète a avoué qu'il avait eu du mal à être fier de ce qu'il avait accompli. «J'ai mis du temps à poser les mots et à me dire que oui, j'ai été aux Jeux», écrit-il, avant de rendre un bel hommage à toutes celles et ceux qui ont fait 16 heures de car pour venir l'encourager sur les bords de la Seine l'été dernier.
Contacté par watson, Adrien Briffod a accepté d'en dire plus sur son état d'esprit, et sur les raisons qui l'ont poussé à écrire. «J'ai dû apprendre à apprécier d'avoir été aux Jeux olympiques», dit-il calmement. Un aveu à peine croyable quand on sait à quel point une participation aux JO est généralement vécue comme un aboutissement.
S'il a mis «8-9 mois» à se dire qu'il avait «réalisé ce rêve de gosse et à en être fier», c'est parce que «sur le moment, tu es dans l'euphorie de la compétition», mais aussi parce que son résultat n'était pas à la hauteur de ses attentes (ce qui est le cas pour la grande majorité des athlètes engagés, les médailles étant réservées à une élite).
Le Vaudois a terminé 49e sur 50 classés aux JO de Paris malgré un bon départ. Lors de l'épreuve de natation, il s'est fait pousser vers la bouée, il a été coulé et s'est retrouvé sous l'eau, ce qui lui a fait perdre plusieurs places.
Il a dû puiser dans beaucoup d'énergie pour rester dans la course en cyclisme, et a payé le prix de ses efforts en course à pied.
La suite des JO a été encore plus décevante puisqu'il a été victime d'une gastro-entérite, puis de la décision de sa fédération de ne pas le retenir pour le triathlon mixte, même s'il se sentait mieux le jour de l'épreuve.
«Beaucoup d'athlètes doivent digérer leur participation aux JO», estime Adrien Briffod, prenant la mésaventure d'une triathlète luxembourgeoise en exemple:
C'est aussi une question de caractère. Le Veveysan de 31 ans, ingénieur génie civil, avoue que ce n'est pas dans sa personnalité de se mettre en avant. «Même quand je fais de bons résultats, je me remets en question en permanence, me demande toujours ce que j'aurais pu faire mieux.» Il l'avoue:
Il admet aujourd'hui qu'«olympien», c'est un titre, et précise d'ailleurs qu'il a rajouté les initiales «OLY» sur son profil Linkedin (OLY comme Olympien). Il semble avoir fait la paix avec son passé récent, et peut-être son passé tout court. «En choisissant de publier la photo de moi enfant, j'ai en quelque sorte écrit au petit garçon que j'étais, et je sais qu'il serait super fier de moi aujourd'hui, de tout ce que j'ai accompli dans le sport jusqu'à maintenant.»