Hormis son titre olympique à Paris, il n'a pas remporté de tournoi depuis novembre 2023 et fêtera son 38e anniversaire en mai. Oui, le temps de Novak Djokovic sur le circuit touche aussi à sa fin.
Mais contrairement à ses anciens rivaux Roger Federer et Rafael Nadal, qui se consacrent à d'autres choses après leur carrière, le Serbe souhaite rester dans le tennis par la suite. Plus encore: il veut changer fondamentalement ce sport.
Novak Djokovic et son association de joueurs, la Professional Tennis Players Association (PTPA), ont déposé une plainte contre l'ATP et la WTA aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne et dans l'UE. Les reproches adressés aux instances chapeautant les circuits masculin et féminin ainsi qu'à la Fédération internationale de tennis (ITF) sont sévères: ces organisations formeraient un «cartel» ainsi qu'un «système corrompu, illégal et abusif».
Plus d'une douzaine de joueurs se plaignent, dans cette accusation commune, des charges de travail élevées, d'une saison trop longue et d'accords visant à empêcher la compétition (pour attirer les joueurs, par exemple) entre tournois. Ces signataires déplorent aussi que les tennismen et tenniswomen ne peuvent pas participer, à côté du circuit, à des événements de gala. La faute, selon eux, au système de classement, qui empêche de telles initiatives.
«Le tennis est cassé», assène le directeur général de la PTPA, Ahmad Nassar.
Depuis sa création il y a près de quatre ans, son association a tenté, sans succès, d'initier et de mettre en œuvre des réformes via le dialogue avec les fédérations.
𝗜𝘁’𝘀 𝘁𝗶𝗺𝗲 𝘁𝗼 𝗳𝗶𝘅 𝘁𝗲𝗻𝗻𝗶𝘀.
— Professional Tennis Players Association (@ptpaplayers) March 18, 2025
Today, the PTPA and over a dozen players, on behalf of the entire professional population, filed a sweeping series of legal actions against the ATP, WTA, ITF and ITIA to reform professional tennis. https://t.co/1r4LWQpopP
L'ATP rejette fermement ces accusations:
Les versements au fonds de pension des joueurs auraient augmenté de manière vertigineuse, les prize money lors des événements de l'ATP Challenger Tour (tournois de deuxième catégorie) auraient plus que doublé. L'ATP critique l'association de Djokovic, qui miserait «systématiquement sur la division et la diversion par la désinformation plutôt que sur le progrès».
Des accusations que réfute la PTPA: elle se veut rassurante en affirmant ne pas vouloir nuire au tennis ni le démanteler, «mais le sauver pour les générations futures de joueurs et de fans», comme l'affirme son boss, Ahmad Nassar. Selon la PTPA, il s'agit d'équité, de sécurité et de dignité. La confiance de l'association envers les instances du tennis serait irrémédiablement détruite. Outre Djokovic, Vasek Pospisil et Nick Kyrgios font partie des plaignants.
Au sein du circuit, les avis sont partagés. Il est difficile d'évaluer la portée des deux camps. Ce que l'on sait, c'est que Roger Federer et Rafael Nadal avaient adressé une lettre commune à leurs collègues pour critiquer la création de l'association de Djokovic:
Carlos Alcaraz (actuel 3e mondial et star du circuit), dont le nom est mentionné dans la plainte de la PTPA pour avoir critiqué le calendrier beaucoup trop chargé du circuit, se sent trahi, comme il l'a fait comprendre en marge du Masters 1000 de Miami:
L'année dernière, l'ATP a certes distribué plus de 54 millions de dollars de prix lors de ses 60 tournois affiliés et la United Cup, mais seuls les 100 meilleurs joueurs mondiaux peuvent vivre du tennis. Et ce sont uniquement les stars qui gagnent vraiment beaucoup d'argent.
Dans sa carrière, Novak Djokovic a empoché jusqu'à présent 186 millions de dollars en prize money, sans compter les contributions des sponsors et les cachets d'entrée dans les différents tournois d'exhibition.
Pourtant, le recordman de titres du Grand Chelem milite depuis des années pour que les tournois donnent davantage de leurs bénéficies aux joueurs et que les prize money soient répartis plus équitablement. Pour que davantage de personnes puissent vivre du tennis.
Traduction et adaptation en français: Yoann Graber