Passé de 1535e mondial en 2014 à 148e en 2020, avant donc cette fameuse entrée dans le top 100 en 2022, synonyme de place convoitée et si symbolique de numéro un suisse. Depuis ce lundi, c'est désormais dans la peau du 99e mondial que Marc-Andrea Hüsler arpente les terrains. Il fera halte sur celui de Gstaad ce mardi après-midi, en affrontant la jeune pépite bernoise Dominic Stricker en 16e de finale (17h30).
Pro depuis 2016, il lui aura fallu cinq titres sur le circuit Challenger et des coups d'éclat par-ci, par-là, pour faire son entrée dans les 100 meilleurs joueurs de la planète. 2018 sera l'année de sa première victoire sur l'ATP Tour, à Gstaad, face à un ancien membre du top 10 mondial: Nicolas Almagro. Mais le véritable déclic se déroulera dans un autre tournoi «montagnard», à Kitzbühel, en 2020, où le joueur de 196 cm se débarrassera d'Emil Ruuosovori, Fabio Fognini et Feliciano Lopez pour se hisser au stade des demi-finales.
Un désir d'aller vers l'avant, d'abréger les échanges. Il mise sur un service efficace, un bon coup droit et des montées au filet qui font mouche, la recette gagnante pour ce grand fan de... Feliciano Lopez. Aussi, il n'est pas ce joueur aux emportements intempestifs, mais animé d'un calme à toutes épreuves.
Quelques tours passés, certes, mais la régularité manque au natif de Zurich. Un facteur qui ne lui fait pas défaut sur le front du circuit Challenger: ses frappes lourdes lui permettent de compiler pas mal de titres. «Dans la zone» à l'échelon inférieur, la montée au classement s'effectue sans brûler les étapes, tournoi après tournoi, pays par pays. La progression est linéaire et déborde timidement sur les tournois estampillés ATP 250.
Le joueur né en 1996 est encore loin des tournois prestigieux, persévérant dans l'anonymat pour récolter les points nécessaires pour une accession aux Masters 1000 et aux épreuves du Grand Chelem. Mais petit à petit, l'oiseau fait son nid. Il reçoit même un appel de Séverin Lüthi pour disputer la Coupe Davis avec la Suisse. Une première consécration.
L'année 2022 est celle d'une nouvelle rigueur, d'une saison lancée sur les chapeaux de roues. Désormais débarrassé de ses problèmes au pied et d'un confinement qui l'a freiné dans sa progression, il peut taper la balle sans trop tergiverser.
Comme par magie, le joueur suisse commence à battre des joueurs d'envergure, nettement mieux classées dans la hiérarchie mondiale qu'il ne l'est. Sa patte de gaucher lui ouvre donc les portes du fameux top 100, le précieux sésame pour accéder au tableau principal d'un tournoi du Grand Chelem. Terminé, donc, les qualifications, toujours périlleuses et incertaines! Cette fois-ci, son ticket est composté pour un premier tour – sa qualification est acquise pour le prochain US Open – et l'Alémanique est armé d'ambitions nouvelles.
En dépassant Henri Laaksonen au classement, alors que les Federer et Wawrinka ont dégringolé, que Dominic Stricker et Leandro Riedi façonnent leur jeu, le gaucher zurichois s'assied sur le trône de numéro un du tennis helvétique. Une récompense pour un joueur qui gravit les échelons sans faire de bruit. «Mac», comme il est surnommé, s'est ouvert de nouvelles perspectives tardivement. Mais à 26 ans, il est intéressant de voir où il va atterrir, et surtout où se nichent les limites de son potentiel. Mystère.
Un bond de huit places après son joli parcours en Suède, à Bastad: une victoire sur Fognini, une autre sur la pépite danoise Holger Rune, et le palier du club des 100 est franchi. Mais Hüsler n'a pas le temps de se reluquer le nombril, il devra cravacher pour affiner les linéaments de son jeu offensif pour garder le cap, sachant que le classement mondial demeure très fragile.
Son passage à Gstaad, dans le village de l'Oberland bernois qui l'a vu grandir tennistiquement et claquer son premier succès sur le circuit ATP, sera un bon baromètre pour voir s'il est à niveau.