Cette grande question a longtemps, très longtemps, fait jaser dans le monde de la petite reine: est-ce que Fabian Cancellara a utilisé un moteur pour remporter le Tour des Flandres 2010?
Jacky Durand avait mené l'enquête pour comprendre ses curieux changements de vélo lors de sa victoire éclatante. Le consultant de la chaîne Eurosport disait, images TV à l'appui, que ces alternances étaient préméditées et savamment orchestrées.
Pour beaucoup de suiveurs, la victoire du Suisse était impressionnante, trop même. Une aisance boostée par un moteur dissimulé dans la potence, activé par un bouton sur le guidon, voilà la théorie avancée. L'histoire a fait les gros titres et le dopage mécanique est, depuis, un sujet brûlant dans le milieu.
Cette affaire vieille de douze ans n'a toujours pas été digérée par Franz De Cock, le patron de la société Quick-Step, sponsor depuis vingt ans de la formation de Patrick Lefevere. Lors d'un entretien croisé entre les deux pontes de l'écurie belge, le sujet Tom Boonen, coureur emblématique de la Quick-Step pendant de longues années, est arrivé sur le tapis. Une occasion pour le PDG de déverser son fiel sur notre idole nationale.
Si nous nous référons au palmarès du coureur belge, nous ne comptons que trois sacres (2005, 2006 et 2012). C'est à l'édition 2010 que fait référence De Cock, et cette victoire de Fabian Cancellara. «Spartacus» avait écoeuré la concurrence dans le mur du Grammont, avec une accélération foudroyante. Et De Cock d'enchaîner, toujours sans le nommer: «Tout le monde sait qu’un coureur solide a remporté le Tour des Flandres avec un moteur dans son vélo. C’était scandaleux ce qu’il s’est passé ce jour-là.»
Sept ans après la classique flandrienne de 2010, une enquête avait même été ouverte sans qu'elle n’aboutisse. Mais le champion d'Ittigen n’est pas le seul à avoir subi des accusations de dopage mécanique ces dernières années. Comme un gros pavé dans la mare, les accusations de De Cock ravivent les vieux démons du cyclisme.
En avril 2021, Jean-Pierre Verdy, ancien président de l'Agence française de lutte contre le dopage (AFLD), sortait un livre sur ses années de combat. Dans un entretien accordé au Parisien, le Français accusait Lance Armstrong d'avoir été aidé par un moteur durant ses victoires sur le Tour de France: «Certaines attaques étaient humainement impossibles. Même avec de l’EPO, m’ont certifié des physiologistes.» Sa «traque ultime», comme il la qualifiait, rejoint la colère de Franz De Cock sur la supposée tricherie de Fabian Cancellara. Apparemment, des cicatrices ne se sont toujours pas refermées dans le milieu du vélo.