Fabio Celestini essuie de vives critiques en Suisse depuis sa signature, vendredi, au CSKA Moscou, pour deux ans plus une année en option.
Il lui est reproché, par la presse et les amateurs de football, d’avoir déménagé en Russie, pays qui mène une guerre d’agression contre l’Ukraine. Mais aussi le fait d’avoir signé dans un club aussi particulier que le CSKA, connu pour ses liens étroits avec le pouvoir russe.
La formation moscovite, dont les lettres CSKA désignent le «Club sportif central de l’armée», est historiquement liée à l’Armée rouge. Elle est, en outre, surnommée «Armeytsy», c’est-à-dire les «Hommes de l’armée».
Et si le CSKA Moscou n'est plus rattaché, aujourd'hui, au ministère de la Défense russe, il reste la propriété de la Vnesheconombank (VEB), la Banque de développement de la Fédération de Russie, un organisme étatique qui, en période de guerre et à l’heure des sanctions internationales contre la Russie, joue un rôle crucial dans le financement des activités militaires. Le fait que Celestini s’apprête à toucher des millions de la part de cet établissement pourrait, selon le Blick alémanique, lui poser des problèmes à son retour en Suisse ou dans l’Union européenne.
Fabio Celestini n’a donc clairement pas choisi la voie de la facilité. D’autant que les critiques ne viennent pas seulement de Suisse: l’ancien coach du Lausanne-Sport et du FC Sion est également pointé du doigt en Russie, où sa nomination à la tête du CSKA est loin de faire l'unanimité. Si l’arrivée d’un nom prestigieux, passé notamment par Marseille, suscite un brin d’enthousiasme et sert, à n’en pas douter, les intérêts de ceux qui veulent démontrer que le championnat local reste attractif, malgré le contexte international, elle surprend aussi, interroge et irrite même parfois.
Dmitri Kouznetsov est un ancien joueur du CSKA Moscou, ayant porté le maillot de l'équipe nationale russe. Dans les colonnes de Sovietski Sport, il n'a pas mâché ses mots au sujet du Vaudois, lui reprochant son manque d'expérience en dehors de la Suisse.
Beaucoup regrettent également que le poste ait été confié à Fabio Celestini plutôt qu’à un entraîneur issu du pays. Ils estiment que le Suisse connaît mal le football local et les spécificités de la culture russe. Le niveau de la Super League n'est pas non plus épargné. «Premièrement, il ne connaît pas le championnat russe. Deuxièmement, je ne crois pas que la ligue suisse puisse rivaliser avec la ligue russe. Et troisièmement, je pense qu’il rencontrera des problèmes de vestiaire», a ainsi déclaré Dmitri Bulykine, passé par l'Ajax Amsterdam, sur la chaîne Match TV.
Un discours partagé par l’ancien entraîneur du CSKA Moscou, Alexander Tarkhanov, qui estime que le niveau du championnat russe n’est «pas comparable» à celui de la Super League, ainsi que par Vladimir Ponomarjov, légende du club.
Célèbre agent de joueurs, Roman Oreshchuk a lui aussi exprimé son scepticisme à l’égard des entraîneurs étrangers, à la suite de la signature de Celestini. Tout comme Aleksei Popov, ancien champion de Russie avec le Rubin Kazan. «Notre football est très spécifique. Il est nécessaire de connaître la mentalité russe», a-t-il commenté, toujours pour Match TV, en concédant que le Vaudois pourrait faire face à des difficultés. Selon lui, sa réussite dépendra de la confiance et de la liberté que le CSKA saura lui accorder.
Autre ancien joueur ayant défendu les couleurs du club moscovite, Valery Masalitin a lui aussi exprimé des réserves concernant Fabio Celestini. Or celles-ci portent surtout sur sa vision du jeu et ses idées.
Malgré ces commentaires, presque tous en Russie souhaitent donner une chance au nouvel entraîneur du CSKA Moscou, dont la carrière sportive est respectée bien au-delà de l’Oural. Le bilan ne sera tiré qu’à l’issue du premier exercice. Et qui sait, il pourrait être bon, comme celui d'un autre étranger, le Serbe Marko Nikolić qui, bien qu’il n’ait passé qu’une saison au club, a marqué les esprits en remportant la Coupe de Russie en juin et en décrochant une troisième place inespérée en championnat. Il revient maintenant à Fabio Celestini de faire mieux que son prédécesseur.