Michael Storer n’est pas le grandissime favori à la victoire finale sur le Tour d'Italie. Il faut dire que le plateau de cette édition 2025 est particulièrement relevé. L’absence de Tadej Pogacar, Jonas Vingegaard et Remco Evenepoel a attiré de nombreux autres talents. Primoz Roglic, Juan Ayuso, les frères Yates, Mikel Landa, Thymen Arensman ou encore Richard Carapaz ont une opportunité à saisir: ils comptent profiter des défections des ogres du peloton pour garnir leur palmarès.
Néanmoins, le leader de la formation Tudor pourrait bien frapper un grand coup en Italie. «Je ne le vois pas remporter le Giro. Mais il peut faire Top 5», a déclaré en ce sens l'ancien coureur professionnel Pierre Rolland, à l'antenne sur La chaîne L'équipe. Un tel résultat serait de loin le meilleur pour Tudor en Grand Tour, et également un petit exploit pour une formation qui, rappelons-le, n'évolue pas en première division.
Ce scénario dans lequel Michael Storer signerait un Top 5 à Rome ou porterait le maillot rose au moins une journée est entretenu depuis le Tour des Alpes. Là-bas, l'Australien n'a pas seulement gagné une étape difficile. Il a survolé l'épreuve et s'est imposé au général en créant des écarts abyssaux. Il a aussi et surtout impressionné par ses raids en solitaire, que ce soit pour lever les bras, défendre sa tunique de leader ou récupérer son dû.
Auparavant, le coureur de l'équipe suisse s'était distingué sur Paris-Nice, dont il a remporté en mars l'étape reine, sous la neige à Auron. Storer avait ensuite pris la cinquième place de la «course au soleil», devant un certain Almeida, récent vainqueur du Tour de Romandie.
Le fait que Tudor ait reçu son invitation pour le Tour d'Italie au 31 mars, soit six semaines avant le départ en Albanie, pourrait être, à première vue, perçu comme un handicap pour le natif de Perth, comparé aux autres leaders. Or cette wild card tardive n'a en rien perturbé sa préparation. L'horloger genevois étant partenaire et chronométreur officiel du Giro, il était plus ou moins acquis que l'équipe de Fabian Cancellara serait conviée à l'événement.
Le Tour d'Italie est donc, depuis le début de la saison, au programme de l'Australien qui, à cet égard, a effectué avant sa venue sur le Tour des Alpes un stage bénéfique de trois semaines dans les montagnes de la Sierra Nevada. «J'ai le moral au beau fixe. Le travail acharné que nous avons effectué lors des entraînements en altitude avec l'équipe, combiné à notre victoire au Tour des Alpes, me donne beaucoup de confiance», a fait savoir le champion dans un communiqué de son équipe, partagé à l'approche de la «Bataille pour le rose».
Le coureur de 28 ans a ajouté que le Giro est une course de cœur, qui lui convient et lui réussit. «J'ai toujours aimé cette épreuve et je l'aborde avec un mélange équilibré de calme et d'excitation», a-t-il précisé, tout en se remémorant sa dixième place obtenue en 2024, grâce à sa régularité. Celle-ci avait à l'époque beaucoup surpris, Michael Storer sortant de deux saisons décevantes au sein du collectif Groupama-FDJ.
Or le récent vainqueur du Tour des Alpes a retrouvé énormément de confiance depuis qu'il a rejoint les rangs de la formation Tudor. De nouveaux espoirs sont placés en lui, comme en 2021, lorsqu'il avait remporté deux étapes du Tour d'Espagne ainsi que le classement du meilleur grimpeur. Michael Storer courait alors pour le Team DSM. Il était entraîné par Sebastian Deckert, qu'il a retrouvé suite à sa signature dans l'équipe établie dans le canton de Lucerne.
C'est véritablement la première fois que Michael Storer, coureur humble et discret, autrefois chasseur d'étapes, aborde un Grand Tour en étant régulièrement cité parmi les outsiders, voire les favoris à la victoire finale. C'est aussi la première fois qu'il se présente dans une si bonne condition sur une course de trois semaines. «Je ne me suis jamais senti aussi bien avant un Grand Tour», avouait-il à Cyclism'Actu il y a encore quelques jours.
Le leader de l'équipe Tudor pourrait donc être la principale sensation de ce Tour d'Italie 2025. «Je rêve bien sûr du maillot rose», a-t-il déclaré mercredi en marge de la présentation des coureurs en Albanie, avant de nuancer ses propos: «Mais soyons réalistes, c'est extrêmement difficile de remporter cette course».
S'il veut jouer les premiers rôles au classement général, Michael Storer devra surmonter une malédiction: celle des vainqueurs du Tour des Alpes, qui brillent en préparation, mais abandonnent ou affichent une certaine méforme en fin de Tour d'Italie, alors que la troisième semaine de la course transalpine est toujours la plus exigeante. Ainsi, ils ont été nombreux à décevoir ces dernières saisons, au point que Vincenzo Nibali reste le dernier coureur à avoir remporté les deux courses la même année. C'était en 2013.