L’Euro 2025 constitue le plus grand événement sportif féminin jamais organisé en Suisse. Des centaines de milliers de personnes vibrent dans les stades, lors des retransmissions publiques ou devant leur écran pour soutenir Lia Wälti, Géraldine Reuteler et leurs coéquipières. Mais loin de la grande scène, une réalité plus contrastée apparaît: le développement du football féminin et junior en Suisse varie fortement selon les régions.
Au cours des cinq dernières années, le nombre de footballeuses licenciées en Suisse a connu une progression spectaculaire: +50%. Aujourd’hui, quelque 41 000 femmes et filles évoluent dans les clubs suisses. Elles représentent ainsi 12% de l’ensemble des licenciés. La proportion la plus élevée se trouve dans la plus grande association régionale du pays, l’Association de football de la région de Zurich, avec 15,4%. D’autres associations affichent également des chiffres supérieurs à la moyenne nationale: celles d’Argovie, du Valais, de Suisse orientale, de Berne-Jura et de Fribourg.
La part des joueuses licenciées dans les associations romandes:
C’est au Tessin que les femmes et les filles sont les moins représentées: dans les clubs de la «Federazione ticinese di calcio», seules 5,9% des personnes licenciées sont de sexe féminin.
Une des raisons pouvant expliquer la faible proportion enregistrée au Tessin est la proximité culturelle avec l’Italie. Dans le pays voisin du sud, le football féminin est nettement moins populaire qu’en Suisse. Avec une population de 59 millions d’habitants, seules quelques milliers de femmes de plus y pratiquent le football par rapport à la Suisse.
Mais le Tessin n’est pas la seule région où la majorité des clubs comptent peu de femmes et de filles dans leurs rangs, comme le révèle l’analyse des données de 1309 clubs suisses. Dans la moitié des clubs, la proportion de licenciées féminines est inférieure à 4%. Un club sur quatre est même exclusivement masculin. À l’inverse, les joueuses sont majoritaires dans 21 clubs. Parmi eux figurent une douzaine de clubs exclusivement féminins, tels que Servette FC Chênois Féminin, le FC Sion Féminin ou encore l’AS Gambarogno, un important club tessinois.
Par ailleurs, à Lucerne, Aarau ou au Grasshopper Club Zurich (GC), les équipes féminines sont organisées au sein de structures indépendantes. En revanche, au FC Bâle, au FC Zurich ou au FC Saint-Gall, elles font partie des mêmes clubs que les équipes masculines.
Voici le top 5 des clubs romands qui comptent la plus grande représentation féminine parmi leurs équipes:
L’Association suisse de football (ASF) voit dans l’Euro à domicile une occasion de donner un nouvel élan au football féminin dans le pays. Avec son initiative baptisée «Here to stay», elle s’est fixée des objectifs ambitieux: d’ici 2027, le nombre de joueuses licenciées doit doubler pour atteindre 80 000. Elle entend également doubler le nombre d’entraîneuses et d’arbitres féminines. Plusieurs associations régionales, cantons et villes se sont ralliés à l’initiative et ont lancé leurs propres projets.
Les données sur le nombre de joueuses et la proportion de femmes par club proviennent de l’Association suisse de football (ASF). Elles sont basées sur les informations fournies par les clubs lors de leur processus d’inscription. Outre les clubs de football, les clubs de futsal sont également inclus dans l’ensemble de données.