Entre autres études passionnantes, l’Observatoire du football de Neuchâtel (CIES) publie les données athlétiques de 28 ligues dans le monde, à partir d'un algorithme de la société SkillCorner. Cette étude recense les courses de quelques
10 000 joueurs pendant toute la saison 2020/2021, pour en extraire deux données essentielles:
Le CIES établit une statistique par club, puis une moyenne nationale. Au premier coup d'oeil, il est amusant de constater que presque tous les a priori, jusqu'aux croyances les plus archaïques, obtiennent une validation scientifique...
🏴 La domination de l'Angleterre ne surprendra pas ceux qui en connaissent le rythme, les ruées frénétiques et les tacles avec trente mètres d'élan. Même la D2 anglaise est plus intense que de nombreux championnats majeurs; mais avec un kilométrage bien plus faible, signe que les joueurs n'ont pas toujours les moyens physiques de leur hardiesse.
🇵🇱 En deuxième position, la Pologne perpétue la légende du plombier polonais – dans le jargon du foot, un plombier est un joueur de condition modeste qui court pour les autres.
🇨🇭La Suisse fait également honneur à sa réputation de travailleuse: L'intensité est particulièrement élevée en Super League (cinquième place mondiale) et la distance parcourue (10,096 km) dépasse celle de la Premier League, de la Bundesliga (seulement 9,989 pour les Allemands) et de la Ligue 1.
🇫🇷La France n'arrive qu'en 22e position. L'examen sociologique y verra peut-être une analogie avec la semaine des 35 heures et des valeurs assez tenaces de bien-vivre à la française, mais l'étude confirme aussi, sans doute davantage, une culture footballistique portée vers l'attentisme et les blocs bas.
🇪🇸Dans un style plus conservateur, l'Espagne court beaucoup mais pas très vite, le fondement même du jeu au sol et des attaques placées.
Là encore, l'analyse conceptuelle rejoint l'impression visuelle. Le Leeds de Marcela Bielsa atteint un niveau d'intensité rare, sans aucune répercussion sur la distance. Premier suisse, Young-Boys obtient un meilleur ratio que la Juventus.
En Suisse, le FC Sion présente l'un des niveaux d'intensité les plus faibles au monde, derrière le très défensif Wolverhampthon (notamment). Christian Constantin arguera que cette étude ne lui apprend rien:
Le FC Sion avait également sanctionné un joueur qui, pendant le confinement, accrochait un gilet GPS à son chien, auquel il lançait des bâtons pour générer des courses à haute intensité. Comme dit un proverbe yiddish, la paresse est tout un art.