Le FC Sion aurait pu vivre un scénario catastrophe vendredi dernier. Il était menacé d'être relégué directement en deuxième division en cas de défaite contre le FC Bâle. Mais les Valaisans s'en sont sortis au courage, en fessant les Rhénans (4-0). Une victoire qui leur a permis d'arracher in extremis le barrage au détriment du FC Vaduz.
Du courage, il en faudra encore aux hommes de Marco Walker pour sauver leur place dans l'élite en cette fin de semaine. Ils affronteront le FC Thoune dans une double confrontation aller-retour (jeudi et dimanche).
Le club de l'Oberland bernois a toujours reflété l'image d'une équipe sympa, sainement gérée, qui arrive à faire beaucoup avec peu de moyens en promouvant notamment la formation de jeunes footballeurs suisses. Son entraîneur Carlos Bernegger apprécie cet environnement de travail:
L'arrivée d'investisseurs chinois fin 2019 – qui ont injecté trois millions de francs – n'a pas abîmé le tableau, ni changé l'organisation du club. Mais elle n'a pas pu empêcher la relégation de Thoune en Challenge League à la fin de la saison dernière.
Et les Bernois ont eu du mal à digérer cette descente, actée en... barrage face à Vaduz. Ils ont connu un début d'exercice compliqué: après les cinq premiers matchs, ils croupissaient en bas de classement avec trois défaites, un nul et une seule victoire (face au modeste Chiasso).
Le joueur du Stade Lausanne Ouchy, Christopher Routis, a affronté quatre fois le FC Thoune cette saison. Et notamment lors de la première journée de championnat, lors de laquelle l'équipe vaudoise était allée chercher un nul (2-2) dans l'Oberland. La formation bernoise n'avait pas fait forte impression au défenseur lausannois.
Mais voilà, Thoune a progressé. Tant dans le jeu qu'au classement. Ce redressement coïncide avec l'arrivée mi-octobre de Carlos Bernegger sur le banc. Sous la houlette du coach helvetico-argentin, les Oberlandais ont enchaîné neuf matchs sans défaite, dont six victoires. Cette reprise en main ne découle pas du hasard, comme l'explique Christopher Routis: «Le FC Thoune est devenu plus hargneux, surtout au deuxième tour. Il a retrouvé son ADN d'équipe combative. Il a aussi progressé sur des détails, en mettant par exemple plus de vice dans son jeu. Comme gagner du temps en fin de match ou se laisser tomber au bon moment».
A part un petit passage à vide en février - quatre défaites de suite - le FC Thoune version Bernegger a été solide jusqu'au bout en faisant preuve d'une belle régularité. Il a même espéré jusqu'à la dernière journée monter directement en Super League, au nez et à la barbe de Grasshopper.
«C'est une équipe compliquée à jouer et difficile à bouger, avec de bonnes individualités», confirme Christopher Routis. «Mais elle est déséquilibrée: son côté gauche est plus faible défensivement. Néanmoins, c'est aussi sur ce flanc qu'elle est la plus forte offensivement. Elle s'y découvre un peu».
Carlos Bernegger en est conscient: ses joueurs devront se montrer encore plus robustes contre Sion, une équipe davantage talentueuse que celles rencontrées en Challenge League.
Le technicien oberlandais peut, lui aussi, compter sur des individualités intéressantes, notamment le milieu de terrain Grégory Karlen et l'attaquant Saleh Chihadeh, tous deux... valaisans d'origine, ou encore l'expérimenté latéral Chris Kablan.
Carlos Bernegger l'assure: il ne changera pas de tactique contre Sion par rapport à ce qu'il a proposé toute la saison en Challenge League, «parce que les automatismes sont là et qu'il ne faut pas les chambouler». Ni même de préparation hors terrain avant ces deux matchs si spéciaux, qui consistera simplement en une balade en équipe.
Le coach bernois, respectueux de son adversaire, se «réjouit beaucoup de ce duel contre une équipe de tradition». Dans lequel lui et ses joueurs n'auront strictement rien à perdre, et tout à gagner.