Le documentaire «Je ne suis pas une salope, je suis une journaliste» a été diffusé dimanche sur Canal Plus, alors que de forts soupçons pesaient sur la chaîne. Le site LesJours.fr a révélé que des scènes importantes avaient été coupées au montage à la demande de la direction du service des sports de la chaîne.
Lundi soir, dans Touche pas à mon poste, la fameuse séquence «censurée» par Canal+ a été diffusée dans son intégralité (3min), avec l’accord des dirigeants de la chaîne C8 (qui appartient au groupe Canal). Le but: laisser le public se faire une idée des images et se montrer le plus transparent possible.
On y voit Pierre Ménès se défendre de son image misogyne face à Marie Portolano, lors d'un échange amical. Elle lui rappelle la fois où il avait soulevé sa jupe, mais il ne s'en souvient pas. Interrogé, il confirme qu'il le referait aujourd’hui. Il s’étonne que cela l’ait humiliée: «Mais faut aussi prendre les gens comme ils sont. J’ai été embauché parce que je suis un personnage, lui assène-t-il. Alors oui, je t’ai soulevé la jupe, mais est-ce que j’ai été incorrect avec toi une fois? C’est mon côté un peu rebelle. Si je pouvais plus chambrer une meuf parce que c’est une meuf, ce serait insupportable.»
«C’est horrible, surtout pour ma femme, a réagi Pierre Ménès, présent sur le plateau pour s’expliquer. Il y a une déferlante de haine et de menaces de mort... ». Il affirme être estomaqué lorsque Marie Portolano lui assène cette histoire de jupe et il regrette d’avoir dit qu’il le referait.
Le journaliste affirme également comprendre l’indignation de ceux qui l’attaquent désormais sur les réseaux sociaux, mais il affirme que le monde a changé: «C’est metoo, on ne peut plus rien faire, on ne peut plus rien dire, déclare tout de même l'intéressé. Aujourd’hui, je regrette ce que j’ai fait, mais j’ai quand même accepté d’aller témoigner dans son documentaire à Marie. Ce n’est pas de mon fait si la séquence a été coupée au montage. Je comprends qu’aujourd’hui ces scènes choquent, mais à l’époque c’était très bien passé. Tout le monde était hilare sur le plateau.»
S'il affirme également regretter ses actes déplacés, le journaliste conclut sur le fait qu'il est journaliste sportif numéro un et certainement devenu «l'homme à abattre».
Francesca Antoniotti, journaliste sportive qui avait été embrassée de force sur le plateau de TPMP par Pierre Ménès il y a plusieurs années, est revenue pour y livrer son témoignage. Elle affirme ne pas avoir vécu le geste du susnommé comme une agression sexuelle, mais comme une humiliation à l’époque. Cependant, elle a été très gênée en revoyant les images, même si celles-ci «ne l’empêchent pas de dormir».
“J’ai beaucoup changé depuis ma greffe”. Date de greffe : 12 decembre 2016 #TPMP #PierreMenesOut pic.twitter.com/ZsZJobfXzo
— Benjamin L. (@Massilia_LH) March 22, 2021
#TPMP Géraldine, seule femme courageuse qui regarde droit de les yeux de Pierre Ménès et lui dire tu n'est pas la victime ds l'histoire mais les femmes agressées. Bravo et quel courage. #PierreMenesOut 💪🏾🙏 pic.twitter.com/7k4So9ndsY
— Brahann (@Brahma88036110) March 22, 2021
Pierre Ménès, il coche toutes les phrases de la culture du viol : "c’est pour ma femme que c’est le plus dur", "on ne peut plus rien faire, ne peut plus rien dire", "je défends le foot féminin, "je suis pas comme ça", "ça date". La gerbe... #TPMP #PierreMenes #balancetonporc
— Nils Wilcke (@paul_denton) March 22, 2021
Ce qui me bute c’est qu’ils victimisent #PierreMenesOut en disant qu’il est comme ça et que du coup faut pas trop lui en vouloir, au lieu de dire que la solution c’est que lui change son comportement, pas qu’on tolère son comportement.#TPMP
— Imo🇲🇦 (@thefassiboi) March 22, 2021
L'affaire a pris de l'ampleur toute la journée de lundi, lors de laquelle le hashtag (mot-dièse) #PierreMenesOut a été en tête du classement sur Twitter.
Avec Pierre Ménès, le hashtag #balancetonporc n'a jamais aussi bien porté son nom ! #PierreMenesOut pic.twitter.com/yZ2ceE94Tw
— Parisiano (@Parisii75) March 22, 2021
Olivier Duhamel
— RT Pierre (@RouatP) March 22, 2021
PPDA
Gérarld Darmanin
Jean Vincent Placé
...
Et maintenant Pierre Ménès
Bref 2021 sale temps pour les porcs#BalanceTonPorc#BalanceTonMenes #Out pic.twitter.com/ELXkCj0lpF
Les passages dans lesquels intervient Pierre Ménès, journaliste emblématique de la chaîne, ont notamment disparu. Officiellement pour ne donner la parole qu'aux femmes; officieusement, selon des sources internes à Canal plus, pour protéger Ménès.
Le Parisien rapporte deux comportements déplacés du journaliste: «Lors d'une émission en 2016, hors antenne mais en présence du public, il aurait soulevé la robe de Portolano et lui aurait empoigné les fesses. Il aurait aussi, plusieurs années plus tôt, forcé Isabelle Moreau, alors coprésentatrice, à un long baiser sur la bouche. Une blague, selon lui, à l'époque. Pas selon elle.»
Isabelle Moreau n'est pas la seule femme que Pierre Ménès a embrassé de force sur un plateau télé. Il a aussi agressé Francesca Antoniotti de la même manière sur le plateau de TPMS.pic.twitter.com/ehpdUk7ssl
— Mr. Propagande (@MrPropagande) March 21, 2021
La journaliste s'est exprimée sur Twitter à la suite de la polémique.
L’essentiel c’est la parole des femmes qui a été intégralement respectée par @canalplus S’il vous plaît ne l’oubliez pas. Bises à tous et à TOUT LE MONDE 😂❤️
— marie portolano (@marieportolano) March 21, 2021
Celle-ci intervient alors que de nombreuses journalistes et étudiantes françaises réclament plus de parité au sein des rubriques sportives. 150 d'entre elles ont tapé du poing sur la table dans une tribune diffusée dimanche dans «Le Monde». Elles estiment que «le traitement du sport par les hommes pour des hommes au sujet d’hommes n’est plus supportable». Ces femmes s’appuient notamment sur les chiffres fournis par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), qui révèle que le temps de parole des femmes dans le domaine du sport s’élève à 13%.
«Si la profession est à quasi-parité, dans le sport, nous sommes autour de 10% des 3000 journalistes, expliquent-t-elles. Et plus on monte dans la hiérarchie, plus on a de chances de trouver le dahu plutôt qu’une femme.» (jcz/ade)