A vingt minutes du lancement de la cérémonie, Lausanne brûle, Paris sèche ses larmes, il flotte tout ce qu'il peut sur la capitale française. Il en faudrait plus pour refroidir les ardeurs de Laurent Delahousse et de sa clique de France 2, chauds comme la braise et ravis, je cite, de «faire monter l'ambiance». On nous promet que le spectacle ne sera pas qu'un pétard mouillé, mais un véritable feu d'artifices, tout en magnificence et joie pétaradante.
Pendant qu'on sirote notre verre de blanc sur le balcon en nous disant que, décidément, on paie trop cher les journalistes chargés d'assurer les lives à la télé (comme ceux de watson, d'ailleurs), Laurent, Olivier, Alex et compagnie «vivent leur meilleure vie» et comblent l'attente en prodiguant leurs bons conseils (je cite: «On respire, on est bien»).
19h30 tapantes. Le festival commence. Musique dramatique, clip vibrant, et... Jamel Debbouze et Zizou (qui d'autres?) en guise d'entrée en matière dans un stade vide comme la mort.
Jamel Debbouze et Zinedine Zidane lancent la #ceremoniedouverture des Jeux Olympiques de #Paris2024 !
— Eurosport France (@Eurosport_FR) July 26, 2024
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Ah, l'humour français. N'empêche que ça a du punch - même si on sent quand même la pointe d'inspiration chez les collègues britanniques. Manquerait plus que Louis XIV saute de son jet privé.
Un premier tableau qui s'achève sur un élégant jet de fumée bleu-blanc rouge. Ladies and gentlemen, nous sommes bien en France.
Et s'il y avait encore un doute, les clichés parisiens s'enchaînent. Pluie de croissants au beurre (non, on vous charrie), accordéon, Edith Piaf, Serge Gainsbourg et Claude-François pour vous servir. Le défilé des délégations de sportifs se jette goulûment sur la Seine, ouvert par celle des réfugiés, sous les acclamations de la foule détrempée.
Amassés sur un bateau mouche qui menace de prendre la flotte, les athlètes de chaque pays font coucou en agitant fièrement leurs couleurs. C'est l'occasion d'étendre nos connaissances géographiques et de découvrir de nouveaux pays dont on ne soupçonnait pas l'existence.
Assez de révisions, que le spectacle commence. Encadrée d'une troupe de french cancan et/ou flamants roses et/ou pompons de lapin fluo, c'est Lady Gaga en bustier Dior qui ouvre le bal et la partie musicale, avec un français sooooo délicieusement américain - ou un américain sooooo délicieusement frenchy, comme vous préférez. La superstar nous interprète avec brio Un truc en plumes de Zizi Jeanmaire (quoi d'autre?).
Un tableau sublime avec, en prime, un premier danseur pour se casser la figure. Bah, comme disait un certain Pierre de Coubertin, l'important, c'est de participer.
Le défilé de bateaux poursuit sa route, pendant que les quais de Seine se parent de danseuses du moulin rouge. Enfin, rose. On est presque en train de nous demander si on n'a pas confondu les JO avec l'Eurovision, quand un nouveau tableau démarre. Synchronicité, un clip et un hymne entraînant à la gloire de Notre-Dame et LVMH, animés par quelque 420 danseurs qui font trembler l'Ile de la Cité. Un show calibré, parfait, émouvant. Du grand spectacle.
Puis vient Liberté, tableau super rock'n'roll, avec nul autre que Gojira pour mettre le feu à la façade de la Conciergerie et décapiter Marie-Antoinette. Une mise en scène gigantesque, ponctuée par quelques galipettes au coeur de la Bibliothèque nationale de France. Une fois de plus, un sans-faute.
🚨BREAKING NEWS🚨
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This year Gojira became the first metal band to perform at the Opening Ceremony of the Olympics.
This is incredibly cool and badass. France will now forever be labeled as cool and badass. pic.twitter.com/vJtH6wEOYv
Enfin, à la hauteur de l'Assemblée nationale, celle qu'on attendait tous. La seule et unique Aya Nakamura, vestale toute de dorée vêtue - et qui a tout de même trouvé le temps de modifier un poil les paroles de ses chansons Pookie et Djadja pour tendre un charmant doigt d'honneur à l'extrême-droite. Emmanuel Macron, de son côté, est transi.
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— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) July 26, 2024
Pendant ce temps, le mystérieux porteur de flammes, encore anonyme et toujours en vadrouille, poursuit tranquillement sa visite du Louvre (on a cru un bref instant à Stéphane Berne en plein tournage de Secret d'Histoire, et puis finalement, non).
Le porteur de la flamme si vous vous demandez :
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Après une nouvelle salve de délégations (on a tendance à oublier qu'ils sont là, ces athlètes), ce sont les Minions qui déboulent. «Ils sont Français, il faut le rappeler», tient bon de préciser Laurent Delahouse. «C'est eux qui avaient piqué la Joconde.»
La Joconde qui prend la flotte, d'ailleurs.
Pendant ce temps, sur le chat de la boîte, un collègue de la rédaction s'interroge:
Marianne, elle, n'a guère le temps de se poser la question ou de s'émouvoir de la pluie. Perchée sur le toit du Grand Palais, elle est trop occupée à ouvrir le tableau Sororité et de chanter la Marseillaise avec panache.
«Quelle émotion!», s'émeut Laurent Delahousse, tandis que dix statues d'or de grandes personnalités féminines oubliées - femmes de lettres, philosophes, politiciennes, cinéastes, pionnières, révolutionnaires ou encore aventurières - jaillissent de chaque côté de la Seine.
La cérémonie a commencé il y a déjà plus de deux heures, la nuit tombe, mais l'averse ne s'essouffle pas plus qu'un marathonien au bout de deuxième kilomètre. L'ambiance est effrénée. Festivité marque le huitième tableau, avec un défilé de mode géant sur la Passerelle Debilly. N'est pas mère-patrie de LVMH qui veut. Enfin, on s'en fout nous, l'une des créations est signée du doudou valaisan Kevin Germanier. Hop Schweiz!
Justement, en parlant d'elle, voilà enfin notre délégation suisse. Notre drapeau est un poil trop allongé, mais la fierté est là. Vous avez intérêt à nous apporter plus de neuf médailles, les gars.
Un bateau fourni par la PC et un drapeau rectangulaire, la Suisse réussit son entrée à ces JO!#JO2024 pic.twitter.com/IQr66Y0wV1
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21h50. Après le passage en fanfare de la délégation américaine, au tour de la française - la plus importante jamais envoyée aux JO - et la dernière à faire son show, sur fond de Johnny Hallyday et Daft Punk (mais... qui d'autres?!!!). La météo n'a pas encore entamé le moral des troupes et n'a pas empêché la file de bateaux mouches d'atteindre son objectif. La tour Eiffel.
A ce stade, l'ambiance est en feu, des drag queens et danseurs multicolores se jettent sur la scène, euh, Seine, on est en trans, euh, transe. Bref! Vous avez pigé, on ne sait plus trop où on en est, c'est fou, c'est le bordel, ça brille et ça bouge de partout. L'Eurovision, à côté, c'est un mouroir. Sur le chat de watson, les messages fusent comme un feu d'artifice.
N'en déplaise au quadra râleur qui ne supporte pas Juliette Armanet, voici la Véronique Sanson 2.0 qui débarque pour apaiser quelque peu l'atmosphère. Suivie d'une cavalière de métal et d'argent filant à toute allure sur la Seine. Beyoncé? Ah non. Pour ça. il faudra sans doute attendre les JO 2028, à Los Angeles.
Un ultime clip émotionnel mêlant muscles, cuisses, sueur et testostérone, voilà l'ensemble des portes-drapeaux désormais réuni sous la tour Eiffel. La cavalière d'argent, drapeau olympique sur le dos, se profile pour apporter son trésor, sous les yeux d'un milliard de téléspectateurs - faudrait pas trébucher.
On vous passe les discours trop longs du président du Comité d'organisation, puis celui du Comité international olympique, ainsi que les bâillements des collègues, alors que s'ouvre la quatrième et dernière heure de cérémonie. Emmanuel Macron, lui, aura l'élégance de faire court.
Les ultimes porteurs de la flamme se transmettent le flambeau, parmi lesquels Zinédine Zidane, Raphaël Nadal, Serena Williams, Carl Lewis et Nadia Comăneci. Puis c'est à l'ancienne tessiswoman Amélie Mauresmo de récupérer la flamme, avant le basketteur Tony Parker et toute la fine fleur du sport français. «Ah ça, ça n'arrête plus!» soupire-t-on sur France 2.
Les yeux piquent de sommeil et la pression monte. Qui sera l'ultime sportif à porter la flamme olympique?
Enfin, le suspens s'achève. Ce sont Teddy Riner et Marie-José Perec qui auront l'insigne honneur de s'avancer vers la vasque olympique. Une gigantesque montgolfière - clin d'oeil au premier ballon à hydrogène qui s'était envolé des Tuileries, le 1er décembre 1783.
En guise d'apothéose, une Céline Dion magistrale de grâce et de beauté conclut cette cérémonie, quatre ans après sa dernière performance publique. Les yeux piquent encore plus fort. Mais de grosses larmes, cette fois.
LA PERFORMANCE STRATOSPHÉRIQUE DE CÉLINE DION SUR LA TOUR EIFFEL POUR LES JO DE #Paris2024
— FRENCHRAPUS 🇺🇸 (@FrenchRapUS) July 26, 2024
LES FRISSONS.
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Médailles, records, exploits, polémiques ou scandales. Quoi que nous réservent ces Jeux Olympiques 2024, cette ouverture restera gravée à tout jamais dans l'histoire.