Les organisateurs de Wimbledon ont tranché mercredi: les joueurs et joueuses russes et biélorusses ne pourront pas participer au tournoi cette année. En cause, évidemment, la guerre en Ukraine.
Cette décision, valable aussi pour tous les tournois estivaux en Grande-Bretagne car prise par The All England Lawn Tennis & Croquet Club (Wimbledon) et la Lawn Tennis Association (fédération britannique), ne plaît pas du tout aux instances qui gèrent le Circuit. Tant l'ATP (hommes) que la WTA (femmes) ont publié un communiqué mercredi après-midi qui dénonce l'exclusion des Russes et Biélorusses. Pour ces deux organisations – qui ne gèrent pas les quatre événements du Grand Chelem, placés sous l'égide de la fédération internationale – il s'agit purement et simplement d'une discrimination injuste. L'ATP écrit:
De son côté, la WTA estime que les organisateurs de Wimbledon ont pris une décision incohérente, l'interdiction de discriminer étant «clairement exprimée dans leurs propres règles et celles des Grand Chelem.» L'instance enchaîne:
Pour rappel, l'ATP et la WTA avaient pris des mesures – modérées – contre les tennismen et tenniswomen russes et biélorusses après l'invasion de l'Ukraine. Contrairement à beaucoup d'autres fédérations sportives, elles ne les ont pas exclus mais les obligent à s'aligner sous pavillon neutre, en ne représentant pas officiellement leur pays.
Les deux autres tournois du Grand Chelem de l'année qui restent à disputer (Roland-Garros du 22 mai au 5 juin et l'US Open en août-septembre) se tiennent pour l'instant à la décision de l'ATP et de la WTA, contrairement à Wimbledon.
Et si la nouvelle mercredi a fait réagir les deux grandes organisations du tennis, elle a aussi créé des remous chez les joueurs et joueuses. Elina Svitolina, la plus cotée des joueuses ukrainiennes, est d'avis que tout le Circuit devrait prendre la même décision que le tournoi britannique, envers les tennismen et tenniswomen russes et biélorusses qui ne se prononcent pas clairement contre la guerre. L'ex-numéro 3 mondiale l'a fait savoir sur ses réseaux sociaux, en postant un communiqué partagé aussi par certaines de ses compatriotes.
‼️💙💛🇺🇦✊🏼 pic.twitter.com/UK04g8OOh9
— Elina Monfils (@ElinaSvitolina) April 20, 2022
Elles exigent que leurs confrères de Russie et de Biélorussie répondent à trois questions avant d'avoir le droit de jouer:
Les Ukrainiennes estiment que les déclarations anti-guerre faites jusqu'à présent par les tennismen et tenniswomen des deux pays agresseurs ne sont pas suffisantes.
De son côté, le numéro 1 mondial serbe Novak Djokovic s'est prononcé contre la décision du Grand Chelem londonien, juste après sa victoire en 1/8e de finale du tournoi de Belgrade:
Son collègue John Millman a aussi fait part de son désaccord sur les réseaux sociaux. L'Australien, ATP 80, a écrit:
Hey @marta_kostyuk
— John Millman (@johnhmillman) April 20, 2022
Maybe I could have gotten my message across more clearly. I’m in total support of Ukraine and its people. I just feel like Wimbledon is doing this more for their own gain, for good optics rather than to actually help. I pray for your family 🙏🙏
Sa prise de position n'a pas manqué de faire réagir la joueuse ukrainienne Marta Kostyuk, qui lui a directement répondu sur Twitter. «L'Ukraine a besoin de paix et de liberté (...). Pas d'argent. N'importe qui pense qu'une décision comme celle-ci (celle de Wimbledon) attaque personnellement les joueurs est assez égoïste. Les joueurs sont une grande part de la propagande et un grand exemple pour leurs fans. Le silence est une trahison», a-t-elle argué.
La victime la plus notoire de la décision des organisateurs de Wimbledon est Daniil Medvedev. Le Russe faisait partie des grands favoris pour le titre sur le gazon londonien, où il rêvait de soulever son deuxième trophée du Grand Chelem. En cas d'exploit à Church Road, il aurait aussi pu ravir là-bas la place de numéro 1 mondial à Novak Djokovic, qui compte seulement 110 points d'avance au classement ATP. Le vainqueur de l'US Open 2021 devra donc attendre pour remonter sur le trône.
Plusieurs autres joueurs et joueuses de premier plan sont touchés par cette sanction, comme: