Quand un match oppose deux caractériels comme Fabio Fognini et Corentin Moutet, il y a des risques pour que ça tourne mal. Et ça a mal tourné. Mardi, au 1er tour du tournoi de Stuttgart, Fognini – battu en trois manches – a craqué au moment de la traditionnelle poignée de main.
Visiblement très fâché du comportement de son adversaire français pendant la partie, le vétéran italien l'a insulté, dans la langue de Molière:
Logiquement, la scène fait le buzz sur les réseaux sociaux, car une telle altercation reste rare en tennis. Mais ce n'est de loin pas la première fois que des joueurs et joueuses s'embrouillent au filet au moment de se serrer la pogne. La preuve avec notre top 10.👇
On commence cette liste très fort, avec un moment surréaliste dans un tournoi juniors au Ghana, en 2022. Frustré d'avoir perdu, le jeune Français Michael Kouame... gifle son adversaire, le Ghanéen Raphael Nii Ankrah, sous les cris effarés de quelques spectateurs.
Le Tricolore cache bien son jeu: il paraît d'abord calme, serre la main de son vis-à-vis avec sa pogne droite avant d'enchaîner très rapidement avec une claque de la main gauche. Une action à ne pas montrer dans les écoles de tennis...
On revient à quelque chose de plus classique: mettre un vent. C'est ce qu'a fait Mattia Bellucci à Damir Dzumhur lors du dernier Masters 1000 de Madrid.
Attendant son adversaire au filet, l'Italien – battu en trois sets – a fait mine de lui serrer la main, avant de la retirer au dernier moment. Une simple farce ou un geste de mépris? On ne sait pas. Toujours est-il que Dzumhur n'a pas du tout apprécié cette attitude. Le Bosnien a par la suite ignoré Bellucci – qui tentait visiblement de s'excuser en retendant sa main – et n'a serré la pogne qu'à l'arbitre.
Un vent, c'est aussi ce qu'a décidé de mettre Patty Schnyder à Conchita Martinez après leur demi-finale à Charleston, en 2004. La Suissesse, battue, a feinté la poignée de main et a insulté l'Espagnole de «disgusting bitch» (salope dégoûtante), selon cette dernière et plusieurs médias.
Schnyder a ensuite expliqué ce qui, dans le comportement de Martinez, l'avait irritée au plus haut point: le temps – trop long, selon elle – pris par l'Ibère entre les points. «Elle fait attendre tout le monde», a pesté la Bâloise, avant d'en remettre une couche:
C'est le moment de retrouver Corentin Moutet. Avant de faire sortir Fognini de ses gonds mardi, le Français – connu pour ses provocations et ses coups de sang – en est déjà venu aux mains avec un adversaire. C'était au Challenger d'Orléans, en 2022, avec le Bulgare Adrian Andreev.
Après la victoire du tennisman balkanique dans ce 16e de finale, les deux joueurs (qui se sont serré la main) ont commencé par se donner des coups d'épaule, avant de se repousser violemment. L'arbitre a dû descendre de sa chaise pour s'interposer et les calmer.
Moutet a ensuite expliqué les raisons de sa colère, en ne manquant pas d'envoyer une pique à Andreev:
Holger Rune créait la surprise au 1er tour du Masters 1000 de Paris-Bercy en 2022: après un âpre combat (7-6 au troisième set), le jeune Danois (19 ans à ce moment) éliminait Stan Wawrinka, vainqueur de trois titres du Grand Chelem et ex-numéro 3 mondial.
Visiblement agacé par le comportement du Scandinave pendant le match, le Suisse a réprimandé ce dernier, au moment de lui serrer la main:
Rune a paru déconcerté par ces paroles, mais a tenté de faire comme si de rien n'était au moment de saluer le public. Une chose est sûre: à long terme, cette remarque n'a pas traumatisé le Danois, qui a remporté ce tournoi de Paris-Bercy (en battant Djokovic en finale). C'est encore à ce jour son titre le plus prestigieux.
Même s'il n'a pas été traumatisé par le conseil de Stan Wawrinka, Holger Rune ne l'a pas pour autant oublié. Quatre mois après leur confrontation à Paris-Bercy, les deux joueurs se sont retrouvés en 16e de finale d'Indian Wells. Cette fois, il n'y a pas eu d'accroc pendant le match et c'est le Suisse qui a pris sa revanche (en trois manches).
Sur ce coup, la poignée de main prenait une tournure normale jusqu'à ce que Rune lance à Wawrinka:
Une question ironique et acide qui faisait écho aux mots de Wawrinka lors de leur dernière confrontation. Le Vaudois n'a d'abord pas compris où le Danois voulait en venir, avant de répondre: «Qu'est-ce que tu veux que je dise?»
Après la rencontre, le vainqueur de Roland-Garros 2015 s'est exprimé sur le comportement de Rune:
Les conseils des vieux sages du circuit sont précieux!
Distance sanitaire oblige, la période Covid a engendré des scènes inhabituelles dans le tennis au moment de la poignée de main. Au lieu de se serrer la pogne, les athlètes se saluaient en touchant le cadre de leur raquette. Ce qui n'a pas empêché Polona Hercog de mettre un vent à Paula Badosa à l'issue de leur quart de finale au tournoi d'Istanbul, en 2020.
La Slovène – battue après 2h40 de jeu – a feinté le «check» et est allée directement saluer l'arbitre, sous le regard ébahi de Badosa. Comme le précise le site We love tennis, Hercog «aurait même fait un doigt d’honneur quelques minutes avant».
Daniil Medvedev et Stefanos Tsitsipas se sont déjà affrontés 14 fois (Medvedev mène 10-4). Leur première rencontre, au 1er tour du Masters 1000 de Miami en 2018, a été particulièrement houleuse.
Medvedev a accusé Tsitsipas de l'avoir traité de «bullshit Russian» («Russe de merde») lors de la poignée de main. Il s'en est plaint directement à l'arbitre et a ordonné au Grec (qui est aussi Russe par sa mère, au passage...) «de fermer [sa] gueule».
Véritable gentleman et incarnation du fair-play, Rafael Nadal est très rarement sorti de ses gonds pendant un match. Mais c'est arrivé au tournoi de Madrid en 2006, quand il a affronté Tomas Berdych.
Le Tchèque était fâché par l'attitude du public espagnol qui, selon lui, applaudissait ses erreurs directes pour lui mettre la pression et, du même coup, pousser Nadal. Alors, dès que Berdych a remporté la balle de match, il a mis son index sur la bouche en fixant agressivement les spectateurs.
Voir un adversaire provoquer son public, ça n'a pas du tout été du goût de Nadal, et il l'a fait savoir. Au moment de serrer la pogne de Berdych, le «taureau de Manacor» a chargé ce dernier:
On conclut cette liste avec une poignée de main sympa et non moins mythique: celle entre Dudi Sela et Ivo Karlovic au 2e tour du tournoi de Bogota, en 2014.
Battu en deux manches très serrées, après deux tie-breaks, Sela n'en a pas perdu pour autant sa bonne humeur et son sens de l'humour. Alors que le géant croate (211 cm) l'attendait au filet pour lui serrer la pogne, l'Israélien (175 cm) est allé chercher au fond du terrain... la chaise d'un juge de ligne.
Sela a posé cette chaise vers le filet, est monté dessus et a offert une chaleureuse accolade à son adversaire, qui faisait tout à coup la même taille. Le tout sous les rires du public et de Karlovic lui-même, qui a apparemment beaucoup apprécié la facétie de l'Israélien.
