Le VBC La Suze s'est incliné sèchement en trois sets contre Cheseaux II le week-end dernier. Un tel revers aurait été embêtant pour un candidat à la montée, mais cela fait plusieurs semaines que les filles du Jura bernois n'ont plus cette ambition. 9es de leur championnat, elles espèrent désormais se maintenir en 1re ligue. «On visait bien mieux que ça. Nous sommes passées d'un immense objectif à pas grand-chose», reconnaît la joueuse et assistante Mandy Wigger.
Tout a basculé le 20 décembre, lorsque le Conseil fédéral a annoncé que la pratique du volley ne pouvait se faire que pour les personnes vaccinées ou guéries. Le problème, c'est que «la moitié de l'effectif imérien refuse de se faire vacciner», nous dit Mandy Wigger, elle-même réticente à la piqûre. Résultat: le VBC La Suze a dû reporter 2 matchs avant de retrouver le terrain sans certaines de ses meilleures joueuses, et de se faire étriller par Cheseaux.
Cette défaite, tout le monde la voyait venir. «Nous ne sommes que 6 ou 7 aux entraînements, rapporte Wigger, guérie du virus et donc apte au service. On est trop peu nombreuses pour travailler les différentes phases de jeu et organiser des séances spécifiques.»
L'équipe a pourtant eu la possibilité de se retirer du championnat de 1re Ligue fin décembre. Quatre formations ont d'ailleurs choisi cette option proposée par Swiss Volley, mais pas La Suze. «Nous y avons sérieusement songé», admet toutefois l'entraîneur Romeu Filho dans Le Journal du Jura. Mais la perspective de sanctions administratives ou sportives, et le désaveu qu'une telle décision aurait provoqué («cela aurait été un mauvais signal eu égard à notre discours de début de saison») a incité les dirigeants à poursuivre l'aventure.
Une aventure qui, plombée également par la défection des 3 Brésiliennes de l'équipe pour raisons familiales, s'écrira en pointillé jusqu'au terme de la saison. A moins que les dirigeants ne réussissent à convaincre les joueuses de se faire vacciner. Mais ce n'est pas leur rôle.
«C’est une période difficile à passer, d’autres la vivent aussi», philosophe Romeu Filho dans la presse locale, alors que Mandy Wigger se réjouit du retour au jeu de plusieurs de ses coéquipières dans les jours à venir. «Je ne vais pas dire qu'on a eu de la chance, mais certaines ont chopé le Covid et pourront désormais jouer.» «Je viens d'ailleurs de recevoir un message d'une volleyeuse antivax toute heureuse d'avoir enfin contracté le Covid», relate le directeur technique, sans manquer de souligner «l'absurdité de la situation».