La Coupe de Suisse – seule coupe nationale en Europe à n'avoir jamais été interrompue, ni par les guerres ni par les pandémies – fête cette saison sa 100e édition. «Elle est la reine du foot suisse», s'enchante Dominique Blanc, élogieux au sujet de la compétition. Le président de l'Association suisse de football (ASF) s'enthousiasme: «L'esprit "fête de village" est propre à la Coupe».
L'événement a été lancé il y a 100 ans sur la base de la FA Cup anglaise, à l'initiative d'Eugen Landolt, alors président du FC Baden. Ce fut rapidement une réussite. Les amateurs rencontrent les professionnels. Les villages accueillent les meilleurs footballeurs du pays. Ce sera encore le cas cette saison. Le FC Champel 1, équipe de 2e Ligue, défiera dimanche le Lausanne-Sport. Le FC Printse-Nendaz, également pensionnaire de 2e Ligue, aura reçu la veille Young Boys sur son terrain à la largeur insuffisante. «Ce sont ces matchs "David contre Goliath" qui font la Coupe», explique Blanc.
Si la Coupe de Suisse a ce petit quelque chose en plus, elle a surtout – ces dernières années – été l'enfant terrible du football national. L'ASF cherche en vain un sponsor titre depuis que le contrat avec Helvetia a pris fin à l'été 2020. C'est Swisscom qui, en 2003, avait été la première entreprise à donner son nom à la compétition. Elle versait 1,3 million de francs par an.
Dominique Blanc et le secrétaire général de l'ASF, Robert Breiter, avaient néanmoins de bonnes nouvelles à annoncer en conférence de presse à la Maison du football, en marge du premier tour de la compétition. Se trouvaient derrière eux le logo de la société Zumtobel Licht AG. Elle soutient la Coupe de Suisse, avec sept autres PME encore à définir. L'intérêt des entreprises est présent, précisent les dirigeants de l'ASF. Puma a d'ailleurs dévoilé un ballon spécifique à la Coupe, Orbita, que les clubs amateurs pourront conserver.
Il semble donc que la Coupe de Suisse a fait un petit pas en avant sur le plan marketing. Il en va de même pour les finances. Entre 2019 et 2021, la Coupe produisait un déficit important.
Or la situation s'est améliorée. Des bénéfices ont été réalisés ces deux dernières saisons. Le dernier rapport annuel fait état d'un profit de 773'000 francs. Mais il ne faut pas surestimer ce chiffre, détaille Breiter. Il dépend énormément des équipes présentes en finale et qui ont ou non la capacité de remplir le Wankdorf. «C'est toutefois une évolution réjouissante», se félicite le secrétaire général de l'ASF. Robert Breiter souligne également que le nombre de spectateurs a augmenté. L'an passé, les 63 matchs de Coupe de Suisse ont attiré 235'000 personnes.
Avec un logo anniversaire, de nouveaux partenaires et son propre ballon, l'enfant terrible du football suisse semble redevenir attractif. Mais des problèmes subsistent. Les frais de sécurité liés à la réception des cadors de Super League sont un fardeau pour de nombreux clubs amateurs. Les primes permettent au mieux d'atteindre l'équilibre. Un club ne reçoit que 2000 francs s'il participe au 1er tour, et 168'000 s'il atteint la finale.
Ces montants sont misérables en comparaison avec les pays étrangers. En Allemagne, un 32e de finaliste perçoit plus de 200'000 francs, soit autant que le vainqueur de la Coupe de Suisse. «Nous ne pouvons pas nous comparer aux grandes nations du foot. Les primes sont étroitement liées aux droits TV», détaille Breiter. «Mais il reste intéressant pour les clubs suisses de bien figurer dans cette compétition», poursuit-il.
La 100e édition de la Coupe de Suisse démarre donc tout de même avec un léger vent contraire. Dans les villages, les footballeurs amateurs sont néanmoins prêts à défier les stars du ballon rond de notre pays et rêvent d'une épopée magique.