Yuriy Vernydub incarne le destin de millions d'Ukrainiens dont la vie a été bouleversée par l'invasion des troupes russes. Il y a un peu plus de cinq mois, il était sur le banc du Sheriff Tiraspol lors de l'incroyable victoire des Moldaves (2-1) face au Real Madrid en Ligue des champions. Après la rencontre, il s'était trouvé sous la lumière des projecteurs, expliquant dans un élégant costume comment il avait fait pour renverser l'une des plus grandes équipes d'Europe.
Aujourd'hui, tout a changé. Yuriy Vernydub n'est qu'un soldat parmi une immense armée de volontaires engagés dans le conflit face aux Russes.
«Il a fallu 11 heures de Tiraspol pour rejoindre mon domicile en Ukraine, en passant par Odessa, puis par Kirovgrad, Kryvyi Rih puis Zaporozhye, a-t-il récemment confié au site de la BBC. Je me suis dit que dès que je rentrerais chez moi, j’irais m’inscrire. Mes proches ont essayé de m’arrêter. Ma femme, mes enfants, mes petits-enfants. Je suis resté fort et je remercie ma femme de m’avoir soutenu. Elle connaît mon caractère. Si je prends une décision, je ne la changerai pas.»
Peu avant le week-end, celui qui est toujours l'entraîneur du Sheriff Tiraspol sentait la menace grandir. «Les batailles les plus dures sont probablement à 120 kilomètres d'où nous sommes, disait-il vendredi. Mais j'ai pris ma décision, donc tout va bien. Je n'ai pas peur. Penser au football me motive. Le football, c'est ma vie.»
Yuriy Vernydub explique ne pas avoir le droit de divulguer son rôle exact dans l'armée. «Nous sommes prêts à aller là où ils nous disent. Je n'ai pas encore utilisé mon arme, mais je suis prêt.»
Le conflit risque d'être long et pénible. Mais il a confiance en l'avenir.
(jcz)