L'été prochain, la Suisse accueillera le grand événement du football féminin: le Championnat d'Europe. Depuis un mois, les billets sont en vente. Objectif? Tous les matchs à guichets fermés. La fédération (ASF) veut créer une euphorie autour du football féminin.
Alisha Lehmann sera elle aussi au cœur de l'action. La joueuse de la Nati connaît un énorme succès sur les réseaux sociaux. Elle compte 17 millions de followers rien que sur Instagram. Elle est donc, indirectement, une égérie pour le tournoi.
Elle y fait la promotion de l'entreprise de jeux de hasard Boomerang-Bet. Dans sa vidéo, elle montre comment elle aurait gagné 78'000 livres sterling en très peu de temps. En dessous, elle écrit: «Tu peux faire ce que j'ai fait!» Dans les commentaires sous la vidéo, de nombreux internautes expriment leur mécontentement. «Avec ça, tu ne fais que pousser tes fans à l'addiction», moralise l'un d'eux.
Cette publicité est, effectivement, une affaire délicate. En Suisse, les publicités ne sont possibles que pour les casinos en ligne autorisés. Or, ce n'est pas le cas de Boomerang-Bet. Pire: le portail se trouve sur la liste noire dans notre pays. Il y est tout simplement interdit.
Une footballeuse qui fait la promotion de jeux de hasard, c'est aussi un cas extrêmement controversé en Italie. Surtout dans la Botte, d'ailleurs, où Alisha Lehmann joue depuis cet été.
Il y a un an, un nouveau scandale de paris avait ébranlé le football italien. Des stars du ballon rond se sont retrouvées au centre de l'affaire, après avoir elles-mêmes parié.
Le cas le plus connu est celui de Sandro Tonali. L'international italien de Newcastle a été suspendu pour dix mois, il y a un an, parce qu'il avait parié sur des matchs de sa propre équipe. Son avocat avait alors déclaré qu'il était addict au jeu. Entre-temps, le milieu de terrain a été autorisé à revenir sur les pelouses.
Nicolò Fagioli – collègue d'Alisha Lehmann à la Juventus – a également été suspendu pour sept mois. Lui aussi international transalpin, il aurait perdu plus d'un million d'euros dans des paris sportifs illégaux sur des plateformes en ligne. D'autres joueurs de la Squadra azzurra comme Alessandro Florenzi ou Nicolò Zaniolo ont aussi fait l'objet d'une enquête. Mais, comme ils n'ont pas parié sur le football, ils n'ont été condamnés qu'à des amendes.
L'Association suisse de football (ASF) s'est aussi penchée sur la publicité d'Alisha Lehmann, l'égérie de la Nati et de l'Euro à venir. En coulisses, les dirigeants de l'ASF ne sont sans doute pas très contents de la publication de la joueuse. Mais, en public, la fédération répond:
En réalité, l'ASF ne peut pas dicter aux joueurs et joueuses de la Nati pour qui ils peuvent (ou non) faire de la pub, tant qu'ils ne sont pas en rassemblement avec la sélection. Les rassemblements avec la Nati, justement, sont les seuls moments où les membres de celle-ci ne peuvent faire de la publicité que pour les propres sponsors de l'ASF. Toutes les autres publicités sont interdites, y compris sur les réseaux sociaux.
Malgré la polémique, Alisha Lehmann rejoindra comme prévu le camp de l'équipe nationale lundi prochain. Elle et ses coéquipières joueront deux rencontres amicales, vendredi 25 octobre contre l'Australie à Zurich et mardi 29 octobre face à la France à Genève.
Traduction et adaptation en français: Yoann Graber