La Coupe du monde débute dans moins d'un mois et les appels au boycott se multiplient. Le contexte est brûlant et il place les dirigeants politiques des pays qualifiés dans une posture très délicate. Quand les journalistes leur demandent s'ils se rendront au Qatar, ils savent très bien qu'un «oui» les fera basculer dans le camp des soutiens au pays organisateur, et qu'un «non» les enverra dans celui des tenants du boycott. La plupart du temps, donc, ils temporisent.
C'est ce que font précisément Ignazio Cassis et Viola Amherd. Nous avons contacté le service de communication du président de la Confédération ainsi que celui de la ministre des Sports. À chacun, les trois mêmes questions:
L'équipe nationale a pourtant invité les membres du Conseil Fédéral à venir les encourager durant le tournoi.
Aucune rencontre entre le CF et la Nati n'est prévue avant le départ des footballeurs pour le Qatar, et c'est tout à fait compréhensible: les joueurs sont retenus dans leur club jusqu'au 13 novembre et s'envolent le lendemain. «Il n'y avait aucune possibilité pour organiser quoi que ce soit», souligne à juste titre Adrian Arnold.
Si nos dirigeants politiques veulent encourager l'équipe de Suisse, ils devront donc se rendre sur place, exactement comme ils l'ont fait lors des dernières Coupes du monde.
Dans l'histoire récente de la compétition, un membre du Conseil fédéral au moins s'est à chaque fois rendu au Mondial lorsque la Suisse y participait. Même en 2018, alors que des critiques s'abattaient sur la Russie (conditions d'attribution suspectes, soupçons de dopage, racisme dans les stades, coût de l'organisation...).
A l'époque, le président de la Confédération Alain Berset et le ministre des sports Guy Parmelin avaient chacun assisté à un match de l’équipe nationale lors de la phase de groupes. Ueli Maurer s'était ensuite rendu à Saint-Pétersbourg pour suivre le 8e de finale entre la Suisse et la Suède (ne comptez pas sur nous pour rappeler le score ici).
Quatre ans plus tôt au Brésil, le ministre des Sports Ueli Maurer avait traversé l'Atlantique pour soutenir l'équipe de Suisse face à l'Equateur. À l'époque, le Conseil fédéral avait décidé de n'envoyer aucun de ses membres au Brésil, mais il avait changé d'avis sous la pression populaire (la pression semble avoir changé de camp cette année).
M. Maurer avait donc fait l'aller-retour, un voyage de moins de 60 heures qui lui avait valu des critiques car il l'avait effectué en jet privé (Falcon 7X) et avait coûté pas moins de 200 000 francs.
En 2010 aussi, un membre du CF avait pris du temps pour aller encourager la Nati. La présidente Doris Leuthard avait représenté la Suisse lors de la cérémonie d'ouverture en Afrique du Sud.
Accompagnée de l’ambassadeur de Suisse dans le pays, Doris Leuthard avait aussi assisté à l’entraînement des Helvètes avant de descendre sur le terrain pour les encourager. «Je suis ici pour leur dire mon soutien, ainsi que celui du Conseil fédéral et de toute la Suisse. Je leur ai dit que j’étais fière d’eux, que tous les Suisses les regarderont pendant ce Mondial, en espérant qu’il dure le plus longtemps possible pour eux.»
La Nati avait été sortie sans gloire en phase de groupes, après un triste 0-0 contre le Honduras, mais les joueurs et le staff avaient été touchés par la visite. «C’est forcément un moment spécial de rencontrer la présidente de la Confédération. Elle nous a dit qu’elle comptait sur nous. Sympa», avait ainsi témoigné le défenseur Steve von Bergen.
Il n'est pas certain que Granit Xhaka et ses coéquipiers bénéficient de la même attention cette année.