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Pourquoi les piscines ne vident pas leurs bassins en hiver

Une fine couche de glace s'est formée à la surface du grand bassin de la piscine de Bellerive, à Lausanne.
Une fine couche de glace s'est formée à la surface du grand bassin de la piscine de Bellerive, à Lausanne.

Les piscines ne vident pas leurs bassins en hiver, et ça s'explique

Responsable des bassins lausannois, Christian Barascud explique pourquoi la plupart des piscines romandes ne sont pas vidangées lors de leur fermeture à la fin de l'été. À Sainte-Croix, des bidons sont même pris dans la glace.
28.01.2022, 06:3328.01.2022, 09:55
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C'est un drôle de spectacle qui, chaque hiver, intrigue tous ceux qui observent de loin les piscines extérieures: alors que les transats sont rangés et les plongeoirs fermés, les bassins sont toujours gorgés d'eau, comme si les employés avaient oublié de les vider en partant.

En réalité, tout est calculé. C'est ce que nous explique Christian Barascud, responsable des équipements lausannois.

«Sans eau, les variations de température sur les bassins, entre les jours de soleil et les nuits de grand froid, seraient trop importantes. Cela entraînerait des dommages: métaux dilatés, béton ou carrelage cassé, joints abîmés, etc. Garder les bassins remplis est une préservation naturelle de l'équipement. Une fine couche de glace se crée en surface, sous laquelle l'eau est maintenue à une température de l'ordre de 6 ou 7 degrés.»

L'eau est ensuite vidangée peu avant l'ouverture de la piscine au public, et les bassins nettoyés en profondeur. «Il y a du travail car des algues se forment en hiver, mais elles s'enlèvent sans problème, ajoute M. Barascud. Cela n'a rien à voir avec le temps et l'argent qu'on devrait investir s'il fallait effectuer des travaux dus aux variations de température dans les bassins vides.»

Le mythe des pompiers

Une croyance populaire raconte que si les bassins ne sont pas vidés en hiver, c'est parce qu'ils pourraient ainsi servir de réservoir aux pompiers. Christian Barascud en sourit. «Ce n'est pas du tout le cas», assure-t-il, avant de remonter aux origines du mythe: «Il y a de nombreuses années, quand des piscines de quartier ont vu le jour à Lausanne, c'était effectivement un des arguments en faveur de la préservation de l'eau en hiver. Mais ce n'était qu'une petite raison, glissée parmi tant d'autres bien plus pertinentes.»

Les piscines d'altitude observent le même rituel que leurs cousines de plaine. Sainte-Croix (1086 m) avait vidangé ses bassins, il y a fort longtemps, et ça s'était très mal passé. «On avait chaque printemps des retours de salpêtre (réd: couche de nitrates qui se forme sur certains murs humides). Ça poussait, et ça transperçait béton et carrelage, se souvient François Béguin, en charge des installations dans la commune. Quand nous avons rebetonné nos deux bassins, on nous a conseillé de laisser l'eau durant l'hiver, afin d'offrir une contre-pression au salpêtre. Depuis, on est beaucoup moins embêtés.»

Les Sainte-Crix devaient encore trouver le moyen de gérer les basses températures de l'hiver en altitude puisque, phénomène physique, l'eau augmente de volume en gelant. Ils ont réussi en achetant des... bidons en plastique! «On les dispose à la surface de l'eau, raconte M. Béguin. Quand les températures sont agréables, ils flottent. Quand elles sont plus rudes et que l'eau gèle, ils se prennent dans la glace, qui compresse ainsi les bidons plutôt que les parois. Cela évite au béton de se fissurer.»

Et permet aux baigneurs de retrouver leur piscine préférée en parfait état l'été suivant, évidemment avec une eau fraîchement sortie des vannes!

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