L’équipe Uno-X a essuyé, dimanche, quelques moqueries sur la route en direction de Châteauroux. Il lui a été reproché d’avoir roulé à cœur perdu aux côtés de Lidl-Trek pour condamner l’échappée de Mathieu van der Poel, alors que la formation norvégienne n’a pas les moyens de viser mieux qu’une place très anecdotique au sprint.
Plusieurs observateurs estimaient qu’Uno-X Mobility, invitée depuis trois saisons sur le Tour de France, ne répondait pas aux attentes et devait animer la course autrement, en lançant des offensives dès le kilomètre zéro. Un message visiblement entendu, comme en témoigne la performance de Jonas Abrahamsen, vainqueur d'étape mercredi à Toulouse au terme d’une longue échappée.
Or ce n’est pas ce revirement stratégique qui pourrait faire grimper en flèche la cote de popularité de l’équipe dirigée par Thor Hushovd, mais bien l’arrivée d’un athlète particulier: Johannes Klaebo, qui a décroché cet hiver six titres aux Mondiaux de ski nordique.
Invité en début de Tour de France par Uno-X Mobility, le fondeur norvégien, vêtu du maillot de l’équipe cycliste, a laissé entendre depuis le bus de la formation qu’il pourrait envisager une carrière de cycliste professionnel après les Jeux olympiques de Milan-Cortina.
«Passer au cyclisme? Je dois d’abord faire les Jeux olympiques, puis on verra. Je vais bien réfléchir à ce que je ferai ensuite, et peut-être que rejoindre cette équipe pourrait devenir mon prochain objectif. Mais d’abord, il y a Milan-Cortina», a ainsi déclaré Johannes Klaebo sur les canaux du collectif norvégien.
Simple buzz ou réelle ambition sportive? Pour le savoir, la Rai a interrogé le grand patron de l'équipe scandinave, l'ancien professionnel Thor Hushovd, qui n’a pas écarté cette possibilité.
Plusieurs éléments laissent toutefois penser que les chances de voir Johannes Klaebo troquer les skis pour le vélo sont supérieures à une sur deux.
Le fondeur norvégien n’a que 28 ans et un palmarès déjà long comme le bras: cinq titres olympiques, quinze sacres aux Championnats du monde, cinq gros globes de cristal et 67 victoires sur le front de la Coupe du monde. Il a tout gagné dans sa discipline et peut envisager sereinement une reconversion.
Johannes Klæbo est également lié depuis plusieurs années à Uno‑X. Ce partenariat avec le réseau de stations-service est si important que le fondeur a pris ses distances avec la Fédération norvégienne de ski. Il l’a aussi considérablement rapproché de l’équipe cycliste, enthousiaste à l’idée de réunir les meilleurs athlètes et de créer des synergies entre disciplines. «Mettez-les ensemble et la magie peut opérer», écrivait ainsi la formation nordique à l’annonce de cette collaboration, estimant que chacun pouvait apporter à l’autre.
Les passerelles entre le ski de fond et le cyclisme sont par ailleurs bien réelles, ces deux disciplines reposant sur les mêmes qualités d’endurance. L’été, les fondeurs avalent les kilomètres à vélo dans le cadre de leur préparation, tandis que certains cyclistes installés près des massifs n’hésitent pas à chausser les lattes en hiver. C'était le cas du Valaisan Jonathan Fumeaux ainsi que des Français Romain Bardet et Thibaut Pinot au cours de leur carrière, ce dernier ayant même terminé 50e de la Transjurassienne, malgré une technique parfois approximative.
Nombreux sont enfin ceux qui ont réussi leur reconversion du nordique au cyclisme, comme en témoigne l’effectif de l’équipe Red Bull-Bora-Hansgrohe, qui aligne sur ce Tour de France 2025 Primoz Roglic, ancien sauteur à ski, et Florian Lipowitz, ex-biathlète.
Ancien pensionnaire de la formation Q36.5, Karl Fredrik Hagen a, de son côté, fait ses classes en ski de fond, tout comme le Valaisan Arnaud Tissières, qui a récemment entamé, à 28 ans, une carrière de coureur professionnel au sein du Team Solution Tech-Vini Fantini. Autre exemple: celui du jeune Per Strand Hagenes, désormais membre du collectif Visma-Lease a Bike.
Il se pourrait donc que Klæbo, qui expliquait réaliser lors de ses séances estivales les plus exigeantes 72 kilomètres de vélo à haute intensité, puis trois séries de 20 minutes en ski-roues, avant d’enchaîner une nouvelle sortie de 72 kilomètres, devienne le prochain fondeur à franchir le pas vers le cyclisme professionnel. Avec en ligne de mire, une participation au Tour de France?