Lindsey Vonn était la principale attraction à St. Moritz ce week-end. Médias, personnalités, passionnés de ski: tous souhaitaient assister au «come-back» de l'Américaine en Coupe du monde. La situation était similaire il y a un peu plus d'une semaine, lorsque Vonn a joué les ouvreuses de luxe à l'occasion de la descente de Beaver Creek, chez elle aux Etats-Unis.
Breezy Johnson y était. Cette course a marqué son retour sur le circuit, après plus d'un an sans compétition. Sa dernière apparition remontait au mois de novembre 2023. Un entraînement en marge des épreuves de Zermatt-Cervinia, finalement annulées. La descendeuse, quatrième du classement de la spécialité en 2021, s'était ensuite fait remarquer par son absence, à St. Moritz quelques jours plus tard, où elle avait pourtant brillé la saison précédente, cinquième de la première des deux descentes.
Une athlète en forme, des entraîneurs américains peu à l'aise face aux journalistes dans les Grisons: il n'en fallait pas plus pour que les rumeurs concernant Breezy Johnson aillent bon train. Nous apprenions en réalité qu'une enquête impliquant la skieuse avait été ouverte par l'Agence américaine antidopage (USADA), d'où sa non-présence dans la cabane de départ. Une décision de ne pas s'élancer prise par elle-même, selon un communiqué personnel.
Breezy Johnson précisait dans sa communication les raisons de cette enquête: des manquement aux obligations de localisation dans le cadre de la lutte antidopage. «Je tiens à souligner qu’une affaire de localisation n’implique aucune substance interdite. Il s’agit plutôt de savoir si j’ai correctement mis à jour mes informations de localisation. Je suis, et j’ai toujours été, une athlète propre», écrivait-elle.
La sentence de l'USADA est finalement tombée en mai de cette année: une suspension de 14 mois – suite à trois écarts en moins d'un an, le 29 octobre 2022, le 13 juin 2023 et le 10 octobre 2023 –, active à partir de la dernière entorse au règlement, Johnson n'ayant participé à aucune course officielle après cette date. La spécialiste de vitesse a accepté cette décision et a depuis détaillé à plusieurs reprises ses négligences, notamment au micro de la SRF. D'abord un simple oubli, ensuite une mise à jour dans le système de localisation à un mauvais numéro et enfin un problème rencontré avec l'application. Tout cela semble plausible, d'autant qu'aux dates où elle ne se trouvait pas aux lieux indiqués, Johnson a ensuite fait l'effort de se faire contrôler. Certes en retard, mais quand même. On peut seulement se demander pourquoi la skieuse n'a pas fait preuve de plus de vigilance une fois le premier avertissement tombé.
Les conséquences de sa suspension ont cependant été fâcheuses. Outre son exclusion temporaire de l'équipe américaine, Breezy Johnson a perdu un sponsor important, cela alors qu'elle devait financer elle-même sa préparation pour la saison suivante. Elle a donc puisé dans ses économies, mis en place une campagne de financement participatif et mendié auprès de personnes influentes pour réunir les 200'000 dollars nécessaires à son bon fonctionnement. De l'argent qui a notamment servi à rémunérer le Bernois Stefan Abplanalp, ancien entraîneur des Suissesses, et qui a travaillé avec elle en vue de son retour en Coupe du monde.
Le travail réalisé durant son année en dehors du Cirque blanc a semble-t-il payé. Johnson a signé à Beaver Creek une honorable 13e place en descente, sa discipline de cœur, celle où elle est montée sept fois sur le podium. Les résultats ont été en revanche moins convaincants en super-G, l'Américaine ayant terminé seulement 45e de la seule épreuve courue ce week-end à St. Moritz. Mais qu'il soit triomphal ou non, son retour est surtout différent de ce que l'on connaît habituellement, car non justifié par la guérison d'un genou ou l'envie de vivre une deuxième carrière.
Celui de Breezy Johnson s'explique par une suspension prononcée par une instance antidopage. Or de telles sanctions ne sont pas légion en ski alpin. Les athlètes contrôlés positifs sont peu nombreux, et ceux qui manquent à leurs obligations le sont encore moins. Pour rappel, Christelle Guignard (1989), Alain Baxter (2002) et Hans Knauss (2005) font partie des rares skieurs qui ont été suspendus. Il ne s'agissait pas ici de manquements, mais de tests positifs, contestés par les principaux protagonistes.