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Les skieurs aveugles utilisent un micro et une oreillette

Le guide Claude (en rouge) et Hervé (en jaune) utilisent un dispositif (en médaillon) qui leur permet de communiquer via bluetooth.
Le guide Claude (en rouge) et Hervé (en jaune) utilisent un dispositif (en médaillon) qui leur permet de communiquer via bluetooth.Image: keystone/amazon/watson

Ce petit appareil a «changé la vie» des skieurs malvoyants

De plus en plus de tandems (le guide et son accompagnant handicapé de la vue) utilisent un système électronique pour communiquer sur les pistes. Un binôme romand raconte à quel point c'est génial.
27.03.2025, 18:5527.03.2025, 18:55
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Une dépêche d'agence nous apprenait récemment que la Suisse manquait de guides pour skieurs aveugles ou malvoyants. On y découvrait aussi que, si le guidage se faisait toujours par la voix, les tandems étaient de plus en plus nombreux à utiliser un système de communication électronique. «Il s'agit du même dispositif que celui utilisé par les motards et leur passager», nous renseigne Hervé Richoz, responsable communication du GRSA (Groupement Romand de Skieurs Aveugles et malvoyants).

Concrètement, le guide et le skieur aveugle ou malvoyant sont chacun équipés d'un boîtier qu'ils glissent dans une poche de leur combinaison, et qui est relié à un micro et une seule oreillette (de façon à entendre les bruits alentours avec l'oreille libre) placés sous le casque. Grâce à cet équipement, le binôme est connecté en permanence et peut se parler très facilement. «Ça change la vie», assure Hervé Richoz, lui-même malvoyant.

Claude, droite, guide et responsable de la formation, aide Herve, gauche, un skieur malvoyant lors d'une journee de ski sur les pistes du Groupement romand des skieurs aveugles et malvoyants (GRS ...
Hervé et Claude ont chacun un micro et une oreillette pour communiquer en pleine action via bluetooth.Image: KEYSTONE

Moins de Ricola

Si le skieur est aussi enthousiaste, c'est parce qu'il a connu ce qu'il y avait avant - ou plutôt ce qu'il n'y avait pas.

«Jusqu'en 2010, le guidage ne se faisait qu'à voix haute. Puis les premiers micros et oreillettes sont apparus, mais seul le guide pouvait parler au skieur handicapé de la vue qui, lui, ne pouvait pas répondre. Ce n'est que vers 2020 que le système d'échange de communication a été adopté.»
Hervé Richoz, responsable communication du GRSA et skieur malvoyant

Une idée lumineuse qui rassure à la fois la personne handicapée et son guide, surtout les jours de forte affluence. «Je peux demander à mon accompagnant de me quittancer les ordres transmis (réd: il y en a une dizaine au répertoire), en disant par exemple "bien reçu" lorsque je lui signale un danger, relève Claude Gut, guide depuis 17 ans et co-responsable de la formation des guides ski alpin au sein du GRSA.

Par le passé, la personne handicapée avait souvent un petit stress en ne sachant pas si l'ordre suivant avait été déjà transmis et elle ne l'avait pas entendu. L'oreillette a tout changé, puisque l'accompagnant est sûr d'entendre chaque consigne.»

La technologie offre également une sécurité supplémentaire sur les téléskis à assiettes. «Quand on prend une assiette, on n'est plus aussi proches que sur la piste, donc il fallait vraiment crier très fort par le passé, ce qui n'était pas très agréable.» Claude Gut ajoute ensuite avec humour:

«Je n'ai plus besoin de crier toute la journée par moins 10 degrés, donc je consomme moins de Fisherman's et de Ricola pour soigner ma gorge»

Une super connexion

Mieux connecté, le tandem peut aussi skier plus librement, et donc rapidement. Il peut également s'arrêter plus facilement que par le passé.

«Peut-être qu'auparavant, on allait un peu trop loin dans l'effort. On skiait jusqu'au moment où le guide décidait de s'arrêter, car il avait mal aux cuisses. Maintenant que le skieur handicapé de la vue peut facilement communiquer avec son accompagnant, il lui est plus simple de demander l'arrêt.»
Claude Gut

Dans ce «jeu» à deux, le rôle même du skieur invalide est modifié. Il n'est plus simplement le récepteur des ordres, celui qui obéit. Il peut aussi s'exprimer, partager un ressenti. En deux mots: être acteur. «C'est exactement ça!», s'émerveille Hervé Richoz quand on lui partage cette réflexion.

Il n'est pas rare que le guide entende désormais son partenaire de descente siffler de bonheur ou chantonner, «mais ça va dans les deux sens», sourit le guide Claude Gut.

«Si on est un peu stressé, car il y a beaucoup de monde sur la piste, les handicapés de la vue nous disent très bien qu'avec la radio, ils nous entendent réfléchir!»
Claude Gut

La respiration du meneur est peut-être un peu plus forte, sa voix est soudain moins sûre. Autant de petits détails auxquels son coéquipier est attentif, surtout que les micros et oreillettes sont d'une qualité insoupçonnées. «Ils fonctionnent très bien en altitude et par tous les temps, renseigne Claude Gut. La portée est de 800m, ce qui est largement suffisant pour nous, sachant que nous skions à une distance de 6 à 10m.» Les batteries, elles, tiennent deux jours.

Le kit de deux appareils, comme celui sur l'image, est vendu 90 francs par le GRSA.
Le kit de deux appareils, comme celui sur l'image, est vendu 90 francs par le GRSA.Image: DR

Tous ces avantages ont séduit de nombreux tandems. «Une fois qu'on a essayé les oreillettes, en général, on ne veut plus skier sans», indique le guide. Malgré tout, «certains handicapés de la vue refusent encore le système, rappelle Hervé Richoz. Nous avons encore trois ou quatre aveugles, sur les 40 tandems du GRSA, qui veulent être guidés à voix haute.»

Un choix qui peut se comprendre, car ce n'est pas simple, pour les skieurs aveugles qui ont toujours identifié la position de leur partenaire dans l'espace grâce à la voix, d'entendre dans leur oreillette droite le guide les informer qu'il se trouve à leur gauche. «C'est perturbant au début, mais ils s'habituent très vite», rassure toutefois Claude Gut, précisant que la formation des guides s'effectue toujours sans radio, parce que certains handicapés de la vue refusent les oreillettes, et parce qu'il faut être capable de revenir aux bases si la technologie tombe en panne.

Claude Gut n'a peut-être pas fini de sucer des bonbons pour la gorge.

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