Comment garantir un peu d'intérêt et de suspense dans un match de Coupe entre deux équipes qui ne sont pas du même niveau? Comment faire en sorte que les petits ne se fassent pas manger par les grands? C'est un problème auxquels tous les organisateurs de Coupe sont confrontés, quel que soit leur sport, et que ceux de la Coupe de France de basket ont tenté de résoudre par une subtilité cette saison.
Pour cela, ils ont changé un point de règlement, instaurant un avantage de 7 points d’avance par division d’écart en faveur de la plus petite équipe. Cette «règle du handicap» existait déjà jusqu’en 2019, rappelle Libération. Elle a donc été réintroduite cette saison à l’occasion des 64es de finale de la Coupe de France, qui se sont disputés entre les 23 et 25 septembre.
Une subtilité qui a échappé à de nombreux sites de paris sportifs. Lorsqu'ils ont proposé à leurs clients de miser sur les matchs, ils n'ont tout simplement pas pris en compte cet avantage offert aux petits dès le coup d'envoi. La cote des amateurs était ainsi trop importante par rapport à la réalité du terrain. France 3 explique que les cotes «normales» pour un handicap de +7 oscillent généralement entre 1,40 et 1,80. Cette fois, elles étaient situées entre 2,50 et 4.
Une aubaine pour les parieurs, qui se sont très vite aperçus qu'il y avait un coup à faire. Certains ont misé de gros montants sur le nombre de points inscrits par une équipe au terme du premier quart-temps, en prenant en compte l'avantage de 7 points dont elle bénéficiait.
Et ils ont eu raison. Car à la fin du premier quart-temps, sur 18 équipes de 3e division engagées contre des équipes de 2e division, 11 étaient en tête au score. Avec des cotes entre 2,5 et 4, il suffisait de cumuler plusieurs matchs parmi ces 11 (donc de faire des paris «combinés») pour gagner beaucoup, beaucoup d'argent. L’Equipe raconte que plusieurs centaines de milliers d’euros ont été placées au total sur une vingtaine de matchs de Coupe de France, pour des gains totaux estimés à plusieurs millions d’euros.
Lorsqu'ils se sont aperçus de leur erreur, les bookmakers n'étaient pas du tout contents, et on peut les comprendre: France 3 rapporte que Betclic aurait perdu 2 millions d'euros dans l'affaire, et la FDJ 1 million.
La plupart des sites de paris ont dans un premier temps contesté les résultats et bloqué les paiements. C'est le cas notamment de Betclic. L'opérateur a estimé qu'il n'avait «pas pu être en mesure d'offrir les cotes appropriées pour les matchs des 64èmes de finale» parce que l'application de la nouvelle règle n'avait pas été clairement communiquée par la Fédération française de basket.
⚠️ [UPDATE] Coupe de France de Basket 🏀
— Betclic 🔞 (@Betclic) September 29, 2024
L'édition 2024/25 de la CDF de Basket marque l'apparition de nouvelles règles, notamment le retour du handicap de 7 points par division d'écart.
L'application de ces nouvelles règles n'ayant pas été clairement communiquée par la…
Un refus de payer qui a fait bondir les parieurs. «Ce n'est pas à l'opérateur de se renseigner sur les règles des compétitions qu'il propose?», a rétorqué l'un d'entre eux sur les réseaux sociaux. Les joueurs s'estimant lésés ont même menacé d’une action en justice afin de récupérer leurs gains. Pour éviter que la situation ne s'envenime, l’Autorité nationale des jeux (ANJ) est intervenue. Et elle a tranché en faveur des parieurs, rappelant dans un communiqué que l’exécution des paris devait être réalisée «au regard de la première annonce des résultats par la Fédération française de basket».
Une prise de position qui a obligé les opérateurs de paris sportifs à payer leurs clients, faisant de certains de nouveaux riches.