Eliud Kipchoge mène une vie d'ascète dont il ne s'est jamais écarté, malgré les titres, la gloire et l'argent. A bientôt 38 ans, le double champion olympique (2016, 2021) est encore au faîte de sa gloire. Pour preuve, il n'a été battu qu'à une seule reprise lors de ses quinze derniers marathons, à Londres en 2020 (8e).
Né à Kapsisiywa, dans le comté de Nandi à l'ouest du Kenya, Eliud Kipchoge s'est révélé en devenant champion du monde du 5000 m en 2003 à Paris devant deux légendes, le Marocain Hicham El Guerrouj et l'Ethiopien Kenenisa Bekele. Ce dernier a souvent pris le dessus tout au long de leur carrière sur piste.
Jusqu'à ce qu'en 2012, après avoir échoué à se qualifier pour les JO de Londres, Kipchoge décide de basculer sur le marathon. Avec sa silhouette ramassée et sa foulée que ne semblent jamais altérer les kilomètres, il est la quintessence même du marathonien.
Mais, au-delà des aptitudes physiques, c'est à son travail, son humilité, sa discipline et sa détermination qu'il doit ses succès. Des valeurs cultivées depuis sa rencontre en 2001 avec son entraîneur Patrick Sang et son entrée un an plus tard au camp Global sports.
Dans ce temple du dénuement, situé à Kaptagat, à quelques heures de piste de son village d'origine, sur les contreforts de la vallée du Rift, il mène depuis une existence monacale, rythmée par le soleil. Dès l'aube, avec la trentaine de coureurs qui vivent au camp, il part pour le premier de ses deux entraînements quotidiens.
Le reste du temps est consacré à se reposer et à se nourrir, avec les produits de base de l'alimentation kényane. Surnommé le «philosophe», parce que la lecture est son passe-temps préféré, Eliud Kipchoge est un coureur parmi les autres, ne bénéficiant d'aucun privilège, même si pour ses compagnons il est évidemment le modèle à suivre.
Le week-end, il rejoint sa femme et ses trois enfants dans sa maison familiale de la ville d'Eldoret. Depuis toujours, il est resté fidèle à ce territoire, à ce mode de vie simple, malgré ses substantiels gains en carrière, estimés à plusieurs millions de dollars.
«Je suis une personne simple. J'essaie de rester calme et concentré sur ce que je fais. Il n'y a pas de distraction», répète-t-il régulièrement. Vice-champion olympique du 3000 m steeple en 1992, Sang confirme ce qui fait la force de son élève: «Il continue de m'étonner avec son sens du sacrifice et son don de soi. Il a mis 100% de ses capacités et de son engagement à ce qu'il fait», avait déclaré l'entraîneur, qu'un lien de confiance inébranlable unit à Kipchoge.
Le regard souvent malicieux du champion se durcit quand on lui parle de dopage. Il n'a jamais été impliqué dans une affaire, mais la mauvaise réputation des athlètes kényans déteint fatalement sur lui. Cela n'affecte cependant en rien le «philosophe», qui avait réalisé un nouvel exploit l'an dernier en remportant l'or olympique à Tokyo. (ats/team watson)