«C'est triste, parce que dès que les médias parlent du basket suisse, c'est pour en dire des choses négatives», nous confiait au tournant des années 2020 un cadre de Swiss Basketball, dépité.
C'est vrai, dans notre pays, le basket est beaucoup moins médiatisé que le football ou le hockey sur glace, par exemple. Par contre, les gros problèmes financiers de certains clubs, ces dernières années, ont été largement relayés. Comme ceux par exemple, début avril, d'Union Neuchâtel, dont la survie dépend désormais de dons privés. Il y a aussi eu, cet automne, la relégation administrative en 3e division de Vevey, privé de licence, ou encore la culbute «volontaire» en 1re ligue de Boncourt – autre club historique – en 2023.
Mais le basket suisse a aussi eu de quoi se réjouir ces derniers temps. En février, l'équipe nationale féminine s'est qualifiée pour l'Euro 2025 (il aura lieu en juin), une première depuis 1956. Et notre pays accueillera sa toute première Coupe du monde, en l'occurence celle des U19, à Lausanne (28 juin au 6 juillet).
Ces deux événements positifs, Andrea Siviero espère bien en faire un socle pour «revitaliser le basket suisse», selon ses mots. Histoire d'éviter, notamment, que des clubs disparaissent à cause de soucis financiers. Le Tessinois d'origine, ancien président d'Union Neuchâtel, a repris la tête de Swiss Basketball début 2024. Sous sa direction, la fédération a lancé un grand programme de réformes pour développer ce sport, encore mineur, à l'intérieur de nos frontières.
Et pour y arriver, il faut davantage de pratiquants, particulièrement des nouveaux licenciés. Surtout de l'autre côté de la Sarine, où le ballon orange est moins populaire et culturellement ancré qu'en Romandie et au Tessin. Des preuves? Un seul club alémanique (les Starwings de Bâle) évolue en première division masculine, au côté de six «Welsches» et deux Tessinois. Chez les femmes, ce n'est guère plus (deux équipes germanophones – Aarau et Baden – sur neuf).
«Sans la Suisse alémanique, c'est impossible de faire prospérer un sport dans notre pays», constate d'entrée Andrea Siviero. Et pour cause:
Alors oui, séduire les «Bourbines» est devenu indispensable pour la fédération. «C'est une priorité», appuie son chef. Et elle a plusieurs tactiques. La première: mettre le ballon orange très tôt dans la tête et les mains des enfants. Grâce à l'impulsion du programme «More basketball» de Swiss Basketball, qui cible la Suisse alémanique, 30 écoles de mini-basket (6 à 12 ans; les terrains, ballons et paniers sont plus petits) ont été ouvertes outre-Sarine depuis début 2024.
L'instance a chargé deux de ses employés de trouver des salles et des coachs (des parents, par exemple) pour mettre en place ces écoles, dont la moitié sont greffées à des clubs déjà existants et l'autre moitié créées à partir de rien. «Swiss Basketball met à disposition des kits (ballons, liquettes, cordes, cônes, manuels, etc.), du soutien pour la communication comme des flyers et du soutien technique et logistique», précise Andrea Siviero.
La fédération tente aussi une percée directement dans les écoles publiques en Suisse alémanique. Dès la rentrée scolaire cet été, en collaboration avec La Mobilière (contrat de cinq ans), elle va organiser un tournoi dans les établissements scolaires pour les élèves entre 8 et 13 ans. Cette phase test se déroulera dans les zones de trois associations régionales.
Mais pour Swiss Basketball, la conquête de territoires outre-Sarine ne se fait pas seulement via les enfants. La fédération tente d'y accroître sa visibilité en organisant des événements importants. «Cette année, on a organisé les finales de Coupe suisse à Berne (elles avaient traditionnellement lieu à Fribourg)», rappelle le président.
Mais ce n'est pas tout. Les équipes nationales ont disputé certains matchs en Suisse alémanique et les finales du championnat 3 contre 3 auront lieu à la gare de Zurich, le 2 août.
Autre mesure forte: le déménagement, dès septembre, du centre national de formation – il accueille les meilleurs basketteurs du pays âgés de 15 à 18 ans – de Lausanne à Macolin (BE), sur les hauteurs de Bienne. «Ce centre a été créé il y a quatre ans, mais il coûte trop cher et est décentralisé», argumente Andrea Siviero, qui y voit aussi un geste symbolique.
Ces jeunes basketteurs forment une équipe en Ligue nationale B. En ayant son domicile dans une commune majoritairement germanophone, elle fera passer à sept (sur seize) le nombre de formations alémaniques en deuxième division.
Un décompte qui n'a rien d'anodin. Parce que, in fine, l'objectif de Swiss Basketball est d'augmenter le nombre de clubs de haut niveau de l'autre côté du Röstigraben. «Ils doivent servir de locomotives pour créer un engouement chez les jeunes et les médias», résume Andrea Siviero. De quoi alimenter le fameux cercle vertueux et booster la popularité du basket dans tout le pays.