L'ultra-trail a la Barkley, cette course de l'Amérique profonde un brin farfelue, que peu parviennent à finir. L'ultra-marathon a The Tunnel, une épreuve anglaise bien moins connue, néanmoins tout aussi loufoque et qui s'est tenue pour la cinquième fois ce week-end.
Elle consiste à parcourir 200 miles (un peu plus de 321 kilomètres) dans le tunnel de Combe Down, situé à Bath. Long de 1,8 kilomètre, il oblige les participants à enchaîner les aller-retour dans l'obscurité.
Le tunnel de Combe Down est quelque peu éclairé en journée, mais il reste particulièrement sombre. Durant la nuit, et pour des raisons de sécurité, les concurrents sont autorisés à porter une lampe frontale. Ils restent toutefois dans le noir, et ce, durant un temps particulièrement long, étant donné que le record de l'épreuve ne descend pas en dessous des 43 heures et 6 minutes. Entre fatigue et privation de lumière, les hallucinations semblent plus fréquentes qu'ailleurs.
Lors de ce défi, le noir permanent pousse les coureurs dans leurs retranchements. Le mental est mis à rude épreuve, d'autant que l'on tourne en rond dans un environnement déconcertant, que les écouteurs sont interdits et qu'aucun spectateur ne s'aventure le long du parcours.
The Tunnel se rapproche de la Barkley, ce trail de l'impossible, à bien des égards. Il y a d'abord la distance. Nous sommes en effet sur des formats ultras.
Il y a aussi peu de participants au départ de ces deux courses. Une quarantaine chaque année. Et les finishers se comptent sur les doigts de la main à chaque édition. Il faut dire que The Tunnel comme la Barkley imposent la pression du chrono, avec des délais serrés. 55 heures pour l'épreuve anglaise contre 60 pour son homologue américaine. Le tunnel de Bath rappelle aussi le sous-sol de la prison de Brushy Mountain, par lequel évoluent les coureurs de la Barkley.
Les organisateurs de chaque épreuve – Mark Cockbain pour The Tunnel et «Lazarus Lake» pour la Barkley – sont également de drôles de personnages. Le premier a enchaîné les défis en tout genre, le second, fumeur invétéré et reconnaissable entre mille avec sa barbe, a traversé l'Amérique à pied.
Ils ont chacun la volonté de pousser les participants au-delà de leurs limites et d'organiser des courses sans chichi, qui mettent en difficulté les concurrents. Cockbain résume d'ailleurs parfaitement son épreuve: «C’est un défi très simple, sans aire de repos. Les ravitaillements n’ont que de l’eau ou du thé et quelques collations. Ce n’est pas un événement pour voir jusqu’où vous pouvez courir en 55 heures».
Alors, tenté par l'aventure du tunnel l'année prochaine?
(roc)