Il y aura du spectacle, ce dimanche à Cabras (côte ouest de la Sardaigne), où deux courses de la Coupe du monde de cyclo-cross y seront organisées pour la première fois. Les femmes (13h40) puis les messieurs (15h10) rouleront sur le sable, l'herbe et une portion asphaltée, avec la Méditerranée en toile de fond et une rangée de palmiers à l'arrivée. Bellissimo!
Cette étape de rêve peine pourtant à séduire les cadors de la discipline, si l'on en juge les listes de départ provisoires. Même le Suisse Kevin Kuhn, pourtant auteur d'un très bon début de saison, a décidé de faire l'impasse.
Quand nous l'appelons pour lui demander les raisons de son choix, c'est aux Canaries qu'on le trouve. «Je suis en camp d'entraînement avec ma copine (réd: la vététiste suisse Nicole Koller)», explique le meilleur Helvète de la discipline, 10e de la première étape de Coupe du monde à Anvers, et 8e à Dublin le week-end suivant. Malgré sa bonne forme, il nous confirme son forfait pour la course sarde de ce dimanche. «Il s'agit de ma décision, et pas de celle de l'équipe», précise celui qui court pour la formation belge Charles Liégeois Roastery CX, mais qui organise toujours lui-même ses déplacements.
«C'est parce que le voyage est coûteux et compliqué jusqu’à Cabras, où se disputera la course, que plusieurs athlètes de premier plan ont renoncé à participer», renseigne Swiss Cycling. Ces forfaits ne sont qu'à moitié surprenants, tant ils étaient craints par l'organisation. «Nous savons que sur le plan logistique, ce n'est pas un voyage facile pour les équipes et les supporters», disait récemment l'ex-cycliste pro Filippo Pozzato, qui collabore à l'organisation du week-end sarde.
Il est vrai que contrairement à l'été, où de nombreux vols directs emmènent les touristes sur l'île italienne, l'hiver oblige souvent les voyageurs à faire une escale sur le continent. Et puisque Cabras est au centre-ouest du territoire, les spécialistes de cyclo-cross devront encore faire de la route une fois arrivés à l'un des deux aéroports principaux (Olbia ou Cagliari) de Sardaigne ce week-end.
Kevin Kuhn sait la complexité logistique d'une telle expédition, et admet aussi que l'étape italienne ne tombe pas très bien. «Nous sommes dans une période chargée du calendrier, sans véritables moments pour s'entraîner», explique celui qui vient d'enchaîner deux week-ends de compétition et multipliera les courses durant la période des Fêtes.
Le Zurichois de 26 ans reconnaît également que la destination ne figure pas parmi ses priorités de la saison. L'Italie n'est pas une terre historique de cyclo-cross, au contraire de la Belgique ou des Pays-Bas.
Quand il a fait son programme de l'hiver, «KK» savait qu'il devait rayer une des douze étapes de la Coupe du monde pour pouvoir planifier un camp d'entraînement, le calendrier étant particulièrement serré cette saison. Il s'est dit qu'il manquerait la course qui nécessiterait le plus d'organisation pour voyager, et c'est tombé sur Cabras. «C'est la seule des 12 étapes Coupe du monde que je manquerai de tout l'hiver», assure-t-il,
Ce raisonnement ne va pas faire très plaisir à l'Union cycliste internationale (UCI). L'instance a justement intégré une course en Sardaigne (mais aussi à Dublin ou à Besançon) pour augmenter l’attractivité de la Coupe du monde, l'idée étant de sortir des bastions traditionnels du cyclo-cross (Belgique et Pays-Bas). Elle a même fait de ces étapes des «épreuves protégées», un nouveau statut qui doit empêcher toute organisation d’une course de classement (Superprestige, Trophée X²O Badkamers, Toi Toi Cup…) durant le même week-end, mais qui n'empêche pas les coureurs d'opter pour un camp d'entraînement aux Canaries.